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Page de couverture de Ce 7 décembre, que le Benin n’oubliera pas de sitôt

Ce 7 décembre, que le Benin n’oubliera pas de sitôt

Ce 7 décembre, que le Benin n’oubliera pas de sitôt

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À propos de cet audio

Le regard de Newton Ahmed Barry porte sur les péripéties du coup d'État manqué au Bénin. Surprise et consternation. Surprise d’abord, les yeux étaient rivés sur Abidjan. Les cassandres y avaient prédit tellement de choses qu’une psychose s’installait à chaque veille d’échéance importante : et, voilà que le 7 décembre, la veille de l’investiture d'Alassane Ouattara, au petit matin, c’est à Cotonou que les armes tonnent. Stupeur totale ! Le putsch, surprise, semblait même consommé, quand les carillons des matines réveillent Cotonou. Le lieutenant-colonel Tigri et une dizaine de colistiers avaient pu préempter la télévision nationale et faisaient passer leur déclaration de prise de pouvoir. En général, à ce stade du pronunciamiento, sauf quelques rares exceptions, il est irréversible. Pas cette fois : le président béninois Patrice Talon a eu plus de bol. Sa garde, en premier, met en échec le commando lancé à l’assaut de sa résidence. Ensuite, et pour la première fois, la Cédéao n’a pas palabré. Elle a agi. La France n’a pas eu de scrupule. Elle n’a pas tourné talons à Patrice comme elle l’avait fait au pauvre Mohamed Bazoum qui s’était condamné en accueillant les troupes françaises, chassées du Mali. À lire aussiTentative de coup d’État au Bénin: comment l’intervention de la Cédéao a été décidée Recrudescence des attaques terroristes, mais tentative contrée Cette année 2025 a été éprouvante pour le Bénin à cause d’une série de violentes attaques terroristes dans son septentrion, à sa frontière avec le Burkina Faso et le Niger, appelé aussi le « Point Triple ». Deux attaques en moins d’un trimestre, dont celle du 17 avril 2025, avec 54 soldats tués, est la plus meurtrière à ce jour. Depuis 2021, le Bénin fait face aux groupes terroristes, du Jnim, spécifiquement, dont les attaques croissent à mesure que ses grands voisins, le Burkina et le Niger, perdent le contrôle de leurs territoires qui lui font frontière. C’est devenu quasiment itératif dans la région. Quand les armées sont défaites par les terroristes, elles s’en retournent braquer les institutions politiques, dans les capitales, pour faire payer aux élites politiques de n’être pas aussi bien armées que les terroristes. Armements inadaptés quand il s’agit des terroristes, mais jamais quand il s’agit de perpétrer des coups d'État. Puis, des douillets palais présidentiels, elles retrouvent l’inspiration pour faire la guerre avec d’autant plus d’allant que, hissées sur ce promontoire, elles n’ont pas une obligation de résultats et n'entendent pas qu’on leur dise. À lire aussiAttaque au Bénin: «Le Jnim n’a pas encore de base fixe au Bénin mais a des relais dans les communautés locales» Les unités d’élite contre le terrorisme sont paradoxalement les fauteurs de coup d'État Si le colonel Tigri avait réussi, il aurait été le quatrième officier des forces spéciales à renverser un gouvernement qui avait en lui une totale confiance. Les Forces spéciales africaines, mieux aguerries et mieux équipées que le reste de l’armée, ne paient pas bien en retour les présidents qui les chouchoutent. De Bamako, Ouagadougou à Conakry, elles font tomber les régimes démocratiques comme des quilles. Assimi Goita, des Forces spéciales, appelé à déjouer le complot ourdi dans le sillage de l’insurrection du M5-RFP, en aout 2020, va finalement renverser Ibrahim Boubakar Keïta, père de son ami Karim Keita. Le 24 janvier 2022 à Ouagadougou, le président Kaboré, aux abois, fait l’erreur d’appeler à sa rescousse, les Forces spéciales du commandant Aouba. Plutôt que de contrer les mutins, c’est lui qu’elles vont contraindre à la reddition. Enfin, Alpha Condé, de la Guinée, depuis son exil, continue de s’en vouloir d’avoir fait confiance au colosse Mamadi Doumbouya. Le patron des Forces spéciales était sa fierté d’autrefois. Le 7 décembre, le Béninois Tigri voulait faire comme ses prédécesseurs. La providence ne l’a pas servi. L’oracle réputé du Bénin, le Fâ, avait prévenu, début janvier 2025, qu’un violent coup d'État allait être tenté, sans succès. Tigri pensait, sans doute, faire mentir l’oracle. Il l’a appris à ses dépens.
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