Page de couverture de «La danseuse aux dents noires», ballet d’espions dans le Cambodge colonial

«La danseuse aux dents noires», ballet d’espions dans le Cambodge colonial

«La danseuse aux dents noires», ballet d’espions dans le Cambodge colonial

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Avec Eric Stalner au dessin et à la couleur, les cousins Olivier et Jean-Laurent Truc racontent une épopée romanesque et géopolitique inspirée par les mémoires de leur arrière-grand-père, ophtalmologue de renom, dans le Cambodge colonial du début du XXè siècle.

Cet album est d’abord une histoire de famille, que deux cousins, journalistes et scénaristes de bande dessinée, Jean-Laurent et Olivier Truc, ont un peu romancé. Au centre de l’intrigue, leur arrière-grand-père Hermentaire Truc, ophtalmologue de renom et ponte de la faculté de médecine de Montpellier. Depuis cinq générations, de petits exemplaires dactylographiés de ses mémoires circulent dans le cercle familial. Y figurent un improbable voyage au Cambodge, avec une mission confiée par les plus hautes autorités françaises : opérer de la cataracte le roi Sisowath, qui menace d’abdiquer s’il venait à perdre la vue. Pour Paris, une telle décision déstabiliserait non seulement le pouvoir royal, mais mettrait également en péril l’administration coloniale et le protectorat français sur le Cambodge. Rien de moins.

Conscient de l’importance de la mission, le professeur Truc et son assistant embarquent donc pour Saïgon, avant de gagner Phnom Penh en remontant le Mékong. L’occasion pour le dessinateur Eric Stalner de peindre d’époustouflants paysages. L’album n’en manque pas : les héros feront aussi un éblouissant détour par le temple d’Angkor Vat, et seront évidemment reçus dans les ors du palais royal.

Cette scène est d’ailleurs centrale dans le récit. C’est là que Truc et les lecteurs font la connaissance de Simala, la danseuse aux dents noires, qui donne son titre à l’album. Simala est la danseuse étoile du prestigieux Ballet royal du Cambodge, qui a ébloui la France entière six ans plus tôt, lors d’une tournée montée à l’occasion de l’exposition coloniale de Marseille. Sa virtuosité fascine le médecin, qui va apprendre à la connaître au fil de nombreuses péripéties.

C’est que Phnom Penh est à ce moment-là un véritable nid d’espions, qui tablent sur la faiblesse du pouvoir royal pour pousser leurs pions. Les auteurs mettent notamment en scène un conseiller militaire allemand nommé Scholtz, un personnage inventé mais crédible au regard des ambitions coloniales de Berlin à cette époque, l’Allemagne étant qui plus est proche du Siam voisin. Les Britanniques ne sont pas loin. Le Deuxième bureau, le service de contre-espionnage de la IIIe République non plus, à travers une mystérieuse et élégante femme en blanc qui se glisse dans les coulisses. Sans oublier le prince rebelle Yukanthor, ni l’influence des bonzes, au centre des jeux de la cour. C’est ainsi, au milieu des effluves d’opium, que se développe un palpitant récit d’aventure.

La danseuse aux dents noires, Eric Stalner, Jean-Laurent et Olivier Truc (Dupuis/Aire Libre).

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