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États-Unis: pourquoi la Fed s’apprête à baisser encore ses taux directeurs

États-Unis: pourquoi la Fed s’apprête à baisser encore ses taux directeurs

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Réunie à Washington jusqu’à ce mercredi soir, la Réserve fédérale américaine doit rendre une décision très attendue sur sa politique monétaire. Une baisse des taux directeurs apparaît aujourd’hui comme le scénario le plus probable, dans un contexte dans lequel l’inflation recule tandis que le marché du travail montre des signes de fragilité.

C’est à Washington que se joue, jusqu’à ce mercredi soir, l’une des décisions économiques les plus importantes du moment. La Réserve fédérale américaine, la Fed, y tient sa réunion de politique monétaire, au terme de deux jours de discussions entre ses membres. À l’issue de cette réunion, la banque centrale la plus puissante au monde pourrait annoncer une nouvelle baisse de ses taux directeurs, un scénario désormais largement anticipé par les acteurs économiques, politiques et financiers américains.

La décision est suivie de près, car les taux directeurs de la Fed jouent un rôle central dans l’économie américaine. Ils représentent tout simplement le prix de l’argent. Lorsque ces taux sont élevés, emprunter coûte plus cher: les ménages consomment moins, les entreprises investissent moins et l’activité ralentit. À l’inverse, une baisse des taux rend le crédit plus accessible et soutient la croissance.

Inflation maîtrisée, emploi fragilisé : le cœur de l’arbitrage

La Fed agit dans le cadre d’un double mandat: contenir l’inflation et garantir le plein emploi. C’est l’équilibre entre ces deux objectifs qui guide ses décisions. Aujourd’hui, l’inflation américaine se situe autour de 3%, un niveau encore supérieur à l’objectif officiel de 2 %. Mais la banque centrale ne se focalise pas uniquement sur le niveau des prix à un instant donné. Elle observe avant tout la tendance et les anticipations. Or, sur ce terrain, les signaux sont jugés rassurants. L’inflation ne semble plus constituer la principale menace pour l’économie américaine, ce qui ouvre la porte à un assouplissement monétaire.

En revanche, le marché du travail envoie des signaux beaucoup plus préoccupants. Les créations d’emplois continuent de ralentir, les chiffres ont une nouvelle fois été révisés à la baisse et certaines publications ont été retardées en raison du shutdown. Surtout, les petites et moyennes entreprises, pilier de l’emploi aux États-Unis, sont sous pression. Or, l’économie américaine repose très largement sur la consommation. Lorsque l’emploi se détériore, les ménages consomment moins, la croissance ralentit et le risque de récession augmente. C’est précisément pour éviter ce scénario que la Fed envisage d’agir.

Une baisse progressive, sous le regard méfiant des marchés

Le scénario le plus probable évoque une baisse des taux directeurs de 0,25 point, ce qui les porterait dans une fourchette comprise de 3,50% à 3,75 %. Une décision qui s’inscrirait dans une stratégie prudente et graduelle. La Fed a déjà entamé ce mouvement lors de sa dernière réunion et avance désormais pas à pas, sans précipitation. Mais cette baisse des taux directeurs intervient dans un contexte paradoxal. Les taux d’intérêt à dix ans, eux, ont fortement augmenté. Cette évolution s’explique par les inquiétudes croissantes des investisseurs concernant la trajectoire de la dette américaine, mais aussi par les interrogations autour de l’indépendance future de la Fed.

Avec le départ annoncé de son président Jerome Powell en mai prochain et le retour de Donald Trump sur la scène politique, certains redoutent une Réserve fédérale plus politisée, et donc moins indépendante. Or, le doute n’est jamais bon pour les marchés: lorsqu’il s’installe, les investisseurs exigent des rendements plus élevés pour prêter à long terme.

À court terme, une baisse des taux directeurs devrait néanmoins soutenir l’économie américaine. À moyen terme, tout dépendra de la capacité de la Fed à préserver sa crédibilité. Si celle-ci venait à être remise en cause, le risque serait un retour de l’inflation, une fragilisation du dollar et des taux d’intérêt durablement élevés.

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