Page de couverture de Aux Arts et Métiers, le top des flops !

Aux Arts et Métiers, le top des flops !

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Jusqu’au 17 mai 2026, le Musée des Arts et Métiers à Paris propose Flops ?!, une exposition amusante, ludique, interactive et instructif sur une figure centrale de l’histoire de l’innovation : l’échec.

Des cartels écrits avec une précision teintée d’ironie, une scénographie avec des caisses en carton tamponnées «Fail» ou «Raté»… Difficile de ne pas sourire -voire de ne pas éclater de rire- en flânant dans les quatre espaces de l’exposition déployée au musée des Arts et Métiers, qui a fait le pari de mettre en avant une valeur sûre : l’échec.

La statistique est implacable : neuf inventions sur dix échouent. Pas de quoi s’en alarmer : l’échec n’est ni inutile ni stérile, mais constitue au contraire une étape obligée lorsque l’on prend le risque de créer. Le sous-titre de l’événement, Oser, rater, innover, ne dit pas autre chose. Le designer Philippe Starck, parrain de l’exposition non plus : «en tant qu’inventeur, je sais que parfois nos projets naissent avant leur temps, avant d’être réalisables, matérialisables. Mais là réside une de nos forces : l’essentiel n’est pas la réussite immédiate, c’est le magma, le feu créateur, cette intuition visionnaire qui nourrit notre évolution et définit notre humanité. Nos «échecs» d’aujourd’hui sont les succès de demain. Ils tracent la voie vers l’innovation», témoigne le créateur de la bouilloire «Hot Bertaa», dont on se rendit compte un peu tard qu’elle ébouillantait l’utilisateur : la chaleur s’évapore par le manche.

Des objets de ce genre, le parcours en présente à foison, dès la première salle où s’affiche un énorme «Oups». Qu’ils soient dangereux (poudre de beauté au radium, poupée mangeuse de frites et de doigts), trop chers pour ce qu’ils offrent (lunettes de soleil avec MP3 intégrés), ou mal fichus (vélo en plastique trop fragile, jeu de société Trump trop compliqué et donc ennuyeux), le visiteur a l’embarras du choix. Sans compter les accompagnements marketing ou publicitaires maladroits, qui suscitent la moquerie ou le rejet.

Moins risibles : les inventions arrivées trop tôt, comme le synthétiseur TB-303 de Roland : lancé en 1982, le son fut jugé beaucoup trop acide par les guitaristes. Autre exemple : la Pascaline, ancêtre de la machine à calculer imaginée par Blaise Pascal, le visiophone lancé en 1927, relancé dans les années 70, mais qui a dû attendre les portables -pour s’imposer enfin, popularisé évidemment en 2020 par l’épidémie de Covid.

La troisième salle décortique plusieurs échecs retentissants de façon à expliquer les grandes difficultés qui jalonnent le parcours de l’innovation. Il est notamment question du projet Aramis (projet avorté de mini-métro automatique en région parisienne dans les années 1970-1987), du moteur à piston rotatif Wankel lancé en 1973 avec la Citroën GS Birotor, ou des différentes tentatives pour remplacer le clavier AZERTY, à l’ergonomie jugée insuffisante.

L’exposition offre aussi un instant de poésie surréaliste à travers les objets du célèbre Catalogue des objets introuvables du peintre, dessinateur, poète et pataphysicien Jacques Carelman. Elle propose également une installation dédiée à la designeuse grecque Katerina Kamprani, créatrice de la série The Uncomfortable : couteau d’un centimètre d’épaisseur, chaises inconfortables, bottes de pluie ouvertes… Des objets repensés pour être « impratiques » qui questionne l’usage des objets du quotidien, en portant un regard contemporain et décalé sur le design et l’innovation.

Flops ?! Oser, rater, innover, Musée des Arts et Métiers (jusqu’au 17 mai 2026)

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