Page de couverture de Choses à Savoir HISTOIRE

Choses à Savoir HISTOIRE

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Auteur(s): Choses à Savoir
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Choses à Savoir
Monde Sciences sociales
Épisodes
  • Que signifie la "collaboration horizontale" ?
    Sep 18 2025

    À la Libération, à l’été 1944, la France sort exsangue de quatre années d’Occupation allemande. La joie de la délivrance s’accompagne d’un immense désir de justice. On cherche à punir ceux qui ont collaboré avec l’ennemi, que ce soit par conviction politique, par intérêt économique ou par opportunisme. Cette période est connue sous le nom d’épuration.


    Mais derrière ce terme général, une forme particulière de répression vise les femmes. On les accuse d’avoir entretenu des relations intimes avec des soldats ou des officiers allemands. C’est ce qu’on appelle alors, avec un mépris certain, la « collaboration horizontale ».


    Une expression stigmatisante

    L’expression joue sur une métaphore triviale : « horizontale », car elle renvoie à la position du corps lors des rapports sexuels. Elle vise donc spécifiquement les femmes, réduisant leur supposée trahison à la sphère intime et sexuelle, en opposition aux formes « verticales » de collaboration, politique ou militaire.

    Au total, on estime qu’environ 20 000 femmes furent publiquement tondues en France entre 1944 et 1946. Dans des places de villages ou de grandes villes, elles étaient exposées, humiliées, parfois promenées dans les rues, avec une croix gammée peinte sur leur front. Ces scènes, souvent photographiées, ont marqué durablement les mémoires.


    Une justice genrée

    Ce traitement révèle un double standard. Alors que les hommes soupçonnés de collaboration étaient traduits devant des tribunaux, parfois exécutés, parfois amnistiés, les femmes subissaient un châtiment symbolique et sexué. Leur corps devenait le lieu de la sanction. On ne leur reprochait pas seulement d’avoir « couché avec l’ennemi », mais d’avoir souillé la nation dans son intimité même, en donnant naissance à des enfants métis germano-français.


    Entre fantasme et réalité

    Toutes ces femmes n’avaient pas eu de relations amoureuses ou sexuelles avec des Allemands. Certaines avaient simplement fréquenté un soldat pour obtenir du pain, du lait ou du savon dans une période de grande pénurie. D’autres étaient accusées à tort, victimes de règlements de comptes personnels. L’expression de « collaboration horizontale » a ainsi servi autant à dénoncer des comportements réels qu’à canaliser rancunes et frustrations.


    Une mémoire ambivalente

    Aujourd’hui, les historiens relisent cet épisode comme un phénomène révélateur du poids des rapports de genre et de la sexualisation de la punition. Derrière le terme ironique de « collaboration horizontale » se cache en réalité une violence publique faite aux femmes, au croisement du patriotisme et du patriarcat.

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    2 min
  • Qui est le « roi faux-monnayeur » ?
    Sep 17 2025

    Parmi les surnoms dont l’Histoire a affublé les souverains, celui donné à Philippe IV de France, dit le Bel (1268-1314), est sans doute l’un des plus surprenants : « roi faux-monnayeur ». Cette accusation, qui traverse les chroniques médiévales, mérite pourtant d’être replacée dans son contexte.


    Un roi en quête d’argent frais


    Philippe le Bel monte sur le trône en 1285. Très vite, il doit faire face à d’importants besoins financiers : guerres contre l’Angleterre et la Flandre, train de vie de la cour, développement de l’administration royale. Or, les impôts directs restent limités et impopulaires. Le roi se tourne donc vers un levier puissant : la monnaie.


    La manipulation des espèces


    À plusieurs reprises, Philippe fait procéder à des mutations monétaires. Concrètement, il fait frapper de nouvelles pièces contenant moins d’argent fin ou d’or pur que les précédentes, tout en les imposant à une valeur nominale identique, voire supérieure. Le bénéfice revient au trésor royal : l’État encaisse la différence entre le métal précieux réellement utilisé et la valeur faciale.


    Pour les contemporains, ces pratiques s’apparentent à du faux-monnayage, car elles brouillent la confiance dans la monnaie. Les chroniqueurs, mais aussi des adversaires politiques, n’hésitent pas à qualifier le roi de « faussaire ».


    Une arme économique et politique


    Mais Philippe n’agit pas en simple tricheur. Ces manipulations sont pensées comme des outils de politique économique. Dans un royaume en manque de métal précieux, réduire la teneur en argent permettait de multiplier la masse monétaire disponible. De plus, chaque mutation monétaire s’accompagnait de campagnes de communication et d’un contrôle strict par l’administration royale, preuve que le roi assumait publiquement sa stratégie.


    Les conséquences et la postérité


    Ces réformes eurent toutefois des effets négatifs. L’instabilité monétaire entraîna de la méfiance, des hausses de prix et des difficultés pour les échanges internationaux. Les marchands flamands et anglais furent particulièrement critiques. Dans l’imaginaire collectif, Philippe devint alors le « roi faux-monnayeur », un souverain accusé d’avoir trahi la confiance de ses sujets en altérant la monnaie.


    Pourtant, à bien des égards, il s’agit moins d’une fraude que d’une expérimentation monétaire avant l’heure. De nombreux souverains européens de l’époque ont eu recours à des pratiques similaires. Ce qui distingue Philippe, c’est l’ampleur et la fréquence de ses manipulations, et surtout le souvenir durable laissé dans la mémoire historique.

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    2 min
  • L'URSS a-t-elle encouragé le polyamour ?
    Sep 16 2025

    Lorsque l’on pense à la Révolution d’Octobre 1917, on imagine d’abord la prise du pouvoir par les bolcheviks, la chute du tsar et les bouleversements politiques. Mais un autre champ de bataille a émergé à cette époque : celui de la vie intime. Et certains en sont venus à se demander si, dans cette Russie révolutionnaire, le polyamour avait été encouragé.


    Au lendemain de la révolution, les bolcheviks veulent détruire la vieille société « bourgeoise », et avec elle ses institutions jugées oppressives. La famille traditionnelle, fondée sur le mariage religieux et la fidélité, est perçue comme un outil de domination. En 1918, un nouveau code du mariage est adopté : divorce facilité, unions civiles reconnues, égalité accrue entre hommes et femmes. C’est une véritable révolution des mœurs.


    Dans ce contexte, des figures comme Alexandra Kollontaï, commissaire du peuple à l’Assistance publique et ardente féministe, défendent l’idée d’un amour libéré. Selon elle, les relations amoureuses et sexuelles ne devraient pas être enfermées dans les contraintes du mariage, mais vécues librement, « comme on boit un verre d’eau » disait-elle. Son discours, très radical pour l’époque, valorise des unions multiples, successives, choisies selon le désir, ce qui ressemble fortement à une forme de polyamour.


    Pendant quelques années, cette libéralisation suscite un climat d’expérimentation. Les jeunes urbains s’essayent à l’« amour libre », les divorces explosent, les couples se forment et se défont rapidement. Dans la presse et les cercles militants, on débat de la fin de la monogamie. On pourrait croire que l’État soviétique encourage ce mouvement. Mais en réalité, il s’agit surtout d’un courant intellectuel et social, pas d’une politique officielle.


    Très vite, les autorités comprennent que cette effervescence a un coût. La multiplication des divorces et des séparations entraîne une hausse dramatique du nombre d’enfants abandonnés. Les familles deviennent instables, la société désorientée. Dès le milieu des années 1920, le pouvoir cherche à rétablir l’ordre. Puis, dans les années 1930, avec Staline, le virage est brutal : la famille traditionnelle est réhabilitée, le mariage glorifié, la fidélité encouragée. L’État a désormais besoin de stabilité sociale et de natalité forte.


    En résumé, dans les premières années après 1917, le polyamour a bien été discuté, théorisé et parfois pratiqué, surtout sous l’influence de Kollontaï. Mais il n’a jamais été officiellement promu par l’URSS. La révolution sexuelle des débuts s’est rapidement heurtée au retour du conservatisme.

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    3 min
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