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Page de couverture de Coup d'État en Guinée-Bissau: Commedia dell'arte!

Coup d'État en Guinée-Bissau: Commedia dell'arte!

Coup d'État en Guinée-Bissau: Commedia dell'arte!

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Le regard de Newton Ahmed Barry porte sur la situation en Guinée-Bissau, après un scrutin couplé présidentiel et législatives interrompu par un coup d’État militaire. Tout avait mal commencé et tout s’est mal terminé !

Tout commence en effet avec la polémique sur la date de la fin du mandat de Umaro Sissoco Embalo. Le 27 février ou le 4 septembre 2025 ? Pour l’opposition, avec le PAIGC, en tête, le parti d'Amilcar Cabral, le héros de l’Indépendance, c’est le 27 février 2025. La Cour suprême, tranche pour le 4 septembre 2025. C’est le 4 septembre 2020, 5 ans auparavant, qu’elle avait effectivement proclamé l’élection de Embalo, après près de neuf mois de longues tractations.

La Cédéao, pressent une possible crise politique dans ce pays fragile et constamment menacé par les narco. Mais sa médiation finit en queue de poisson. Embalo n’en a pas voulu. Puis, en solitaire et de façon autoritaire, il avait concocté un processus électoral sur mesure qui a donné le dénouement chaotique que l’on sait. Processus interrompu par les militaires avant la proclamation des résultats.

Le coup d’État a-t-il été téléphoné ?

Umaro Sissoco Embalo n’a pas que le profil du parfait coupable. Dans cette affaire, il est difficile de le dédouaner. Pas exactement pour les raisons qui sont avancées. Il a pu intriguer en appelant lui-même les médias pour les informer du coup d’État qui était en cours. Que le général Horta N’Tam, l’auteur du coup d’État, soit un ses très proches a pu intriguer ! Que le gouvernement composé par les putschistes soit constitué, pour l’essentiel d’anciens membres de son dernier gouvernement et de ses proches a également pu intriguer. Ces éléments, même accablants, ne sont pas inédits, cependant, il y a eu des précédents : Mohamed Bazoum, au Niger a continué à user de son téléphone, plusieurs mois, avant que Tiani, qui l’a renversé, ne le lui confisque. Et puis Doumbouya en Guinée et Oligui au Gabon n’ont-ils pas fait un coup d’État au président dont ils étaient très proches ?

Il n’y a donc, a priori, rien de nouveau sous le soleil africain. Laurent Gbagbo, ancien président ivoirien, avec ses formules caustiques, disait qu’il fallait se méfier des galonnés africains, parce que « le militaire en charge de votre sécurité était capable de vous servir un garde-à-vous impeccable. Retourner les talons et vous faire un coup d’État ». En Afrique, nous avons des armées ataviquement putschistes.

Embalo instigateur de ce coup d’État ou pas ?

Il y a deux versions qui circulent à Bissau. Une qui incrimine directement Embalo. On l’aurait entendu dire, la veille du coup d’État : « Je ne laisserai pas le pays à ces salauds ». Allusion, dit-on, à son principal rival, Fernando Dias et le PAIGC qui le soutient.

La deuxième version incrimine les militaires. Ils auraient agi, par eux-mêmes pour prévenir un affrontement communautaire, conséquence d’une campagne électorale houleuse. Un risque d’affrontement, dit-on, entre les balantes (la communauté de Fernando Dias) et les fula, (la communauté de Embalo). Si ce risque a existé, il n’avait pas cependant, perturbé le vote qui s’est déroulé dans le calme, de l’avis des observateurs.

À quel moment, ce risque est-il donc apparu ? Est-ce avec les premiers résultats ? Pourquoi l’armée a-t-elle décidé d’interrompre le processus, plutôt que de protéger le suffrage ? Entre l’armée et le PAIGC, il y a un vieux contentieux. En 2020 c’est son ralliement à Embalo qui lui avait permis de remporter la présidentielle face à Domingos Pereira. Comme en 2012, l’armée se serait-elle, une fois encore dressée pour contrer une victoire de la coalition Dias-PAIGC ? On ne le saura sans doute jamais. La Cédéao est trop faible pour faire pression sur les putschistes.

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