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Des vents contraires soufflent sur les cours de l'huile de palme

Des vents contraires soufflent sur les cours de l'huile de palme

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Le marché de l’huile de palme navigue en pleine incertitude. Des stocks élevés en Malaisie auraient tendance à tirer les prix vers le bas, mais la restructuration de la filière indonésienne annonce des perturbations d'approvisionnement.

L'Indonésie a lancé une profonde réforme structurelle cette année qui consiste en la saisie de plantations considérées comme illégales. Une grande partie des surfaces concernées ont été transférées à une société d'État : Agrinas Palma Nusantara. Cette vaste opération de nationalisation concernerait déjà 30% de la superficie totale des plantations du pays, soit plus de 3,7 millions d'hectares, avec un objectif de 4 millions d'hectares d'ici la fin de l'année, selon l'agence Reuters.

Ces changements de propriétaire peuvent entrainer des perturbations sur les surfaces touchées, mais également une baisse de la fertilisation des sols et des rendements ailleurs. « Des grosses sociétés, mais aussi des petits planteurs, se demandent pourquoi dépenser de l'argent pour des zones qui risquent de se faire confisquer », explique Nicolas Turnbull, agronome et entrepreneur du secteur.

Le risque est celui d'un ralentissement progressif de la production, dont la croissance est déjà affectée par le vieillissement des arbres. À cela, il faut ajouter les inondations récentes qui pourraient avoir un impact sur la production du mois de décembre.

Huile de palme pour le biodiesel

Par ailleurs, le programme biodiésel du pays est un autre facteur susceptible de restreindre les volumes indonésiens mis sur le marché. Ce projet B50 est un projet qui vise à faire grimper à partir de 2027 à 50% la part de biocarburant dans le diesel national.

Si les producteurs sont contraints de vendre plus localement, les volumes disponibles à l'export se réduiront, ce qui sera inévitablement un facteur de tension sur les prix. L'Indonésie fournit en effet 60 % de l'offre mondiale.

Des prix pourtant loin de s'envoler

Pour l'instant, les prix ne s'envolent pas, bien au contraire. C'est en raison notamment de la situation en Malaisie, le deuxième producteur mondial. La production du pays cette année s'annonce record, on parle de 20 millions de tonnes, et les stocks sont au plus haut depuis six ans, à 2,8 millions de tonnes. Selon Nicolas Turnbull, «cette tendance s'explique par une météo favorable ces deux dernières années et une meilleure disponibilité de la main d'œuvre ».

La baisse des exportations, de 15 % en novembre et de plus de 10 % sur le début du mois de décembre, est un autre paramètre qui joue sur la stagnation des prix. Ce signal baissier se reflète dans les cours, et ce sera le cas jusqu'à ce que les nouvelles d'Indonésie ou la reprise de la demande indienne, tendent à nouveau le marché. Les importations indiennes sont très sensibles aux prix, et sont attendues en hausse : depuis le mois dernier, l'huile de palme étant redevenue moins chère que celle de soja, et donc plus intéressante.

Selon plusieurs analystes, les prix pourraient se stabiliser au deuxième trimestre 2026, puis remonter pour atteindre 5 000, voire 5 500 ringgits - soit 1 330 dollars environ- en fin d'année, ce qui serait un sommet en trois ans.

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