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Espagne: les éditeurs de journaux gagnent face à Meta

Espagne: les éditeurs de journaux gagnent face à Meta

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Ils ont remporté une importante victoire judiciaire contre Meta. Ce mercredi 19 novembre 2025, les journaux espagnols ont obtenu que le géant soit condamné à leur payer 540 millions d'euros.

C'est une victoire qui risque de faire jurisprudence en Europe, car Meta était poursuivi pour ne pas avoir respecté la loi sur la protection de la vie privée. Entre 2018 et 2023, la maison mère de Facebook et d'Instagram a recueilli une masse de données sur ses utilisateurs, sans leur consentement, pour établir des profils publicitaires ciblés qu'il a ensuite vendu à des annonceurs, ce qui lui a permis d'engranger des profits colossaux. Or, tout cela s'est fait au détriment des médias en ligne qui, eux, respectaient la législation et demandaient un consentement préalable. Un Tribunal de commerce de Madrid, saisi par l'Association des médias, a donc condamné Meta à verser un total de 540 millions d'euros à 87 éditeurs de presse numérique et agences de presse. Il est reproché au géant d'avoir obtenu un avantage concurrentiel en violant le RGPD, le règlement européen sur la protection des données.

Meta est dans le collimateur des éditeurs de journaux pour un motif un peu différent, lié aux droits voisins du droit d'auteur, puisque Meta proposait en octobre 2024 de verser une somme ridicule, quatre millions d'euros, pour avoir le droit d'utiliser les contenus des éditeurs de presse d'information sur Facebook ou Instagram, soit 80% de moins que ce qu'il versait auparavant au motif qu'il avait arrêté son service Facebook News. Les éditeurs de presse français se sont tournés vers l'Autorité de la concurrence pour contraindre Meta à négocier de bonne foi, et dans le cas contraire, à le mettre à l'amende. Et ça, forcément, le géant y est sensible, car il sait que les éditeurs de presse ont fait condamner Google par cette même Autorité à un total de 750 millions d'euros en quatre ans sur ce sujet des droits voisins.

Et derrière cette bataille, il y a aussi un enjeu démocratique. Emmanuel Macron l'a entendu cette semaine des patrons de presse régionale : ce qui nous menace, c'est le numérique et l'intelligence artificielle. Et c'est vrai que Google et Meta ne captent plus que les 2/3 des revenus publicitaires en ligne et que l'IA se nourrit des contenus des journaux sans verser de justes rémunérations. Pourquoi est-ce aussi une bataille démocratique ? Parce qu'il y a un lien direct entre la participation aux élections, l'engagement citoyen et la consultation de médias. Une étude de l'Association Les Relocalisateurs montre qu'un tiers des Français a vu disparaître un média local et que la vitalité démocratique s'en ressent. Surtout si, comme Meta, on sous-expose les contenus d'information, pour payer moins de droits voisins.

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