Épisodes

  • Amilcar Cabral et Maria Helena, de l’intime au politique
    Dec 13 2025

    50 ans après l’indépendance du Cap-Vert, La marche du monde est en reportage dans la ville de Praïa, à la recherche des lettres adressées par Amilcar Cabral, l’icône de la lutte de libération nationale, à Maria Helena Atalaide Vilhena Rodrigues, sa première compagne portugaise. Des lettres conservées avec amour par Iva, leur première fille, jusqu’à ce qu’elle décide de les publier puis de les confier à la Fondation Cabral. (Rediffusion)

    Une archive précieuse pour comprendre comment Amilcar, jeune Africain brillant venu poursuivre des études à Lisbonne dès 1945 est devenu Cabral, le co-fondateur du PAIGC, le parti Africain de l’Indépendance de la Guinée-Bissau et du Cap-Vert.

    C’est dans le quartier de Terra Branca sur les hauteurs de Praïa que je retrouve Maria Benedita Basto, spécialiste des textes de Cabral. Ensemble nous avons souvent rêvé de venir rendre visite à Iva Cabral afin de comprendre pour quelles raisons elle a souhaité porter à la connaissance du grand public la correspondance de ses parents.

    « Ces lettres me tiennent à cœur, pas seulement parce que ce sont des lettres de mes parents où ils démontrent les sentiments mutuels, mais principalement parce que ça démontre qui ils étaient », nous confie Iva Cabral en français, « qui étaient ces jeunes gens dans une époque très difficile (N.D.L.R. L’empire coloniale portugais sous la dictature de Salazar). J'ai compris que c'était deux jeunes qui s'aimaient. J'ai vu que c'était des jeunes qui voulaient augmenter leur poids dans la société, voulaient changer quelque chose, oui, c'est ça que Cabral veut dire dès les premières lettres. À partir d'un certain moment, il commence à s'engager et il fait que ma mère s'engage aussi. Je parle de libérer leur patrie, la patrie de mon père qui était le Cap-Vert et la Guinée-Bissau, de finir avec le colonialisme, mais pas seulement dans sa terre, mais aussi dans l'Afrique. »

    Un documentaire signé Valérie Nivelon.

    Conseillère scientifique : Maria Benedita Basto

    Réalisation : Sophie Janin.

    Tous mes remerciements à Iva Cabral, au président Pedro Pires et à la Fondation Cabral, à Filinto Elisio et Marcia Souto des éditions Rosa de Porcelena et à Maria de Fatima Fernandes de l’Université du Cap-Vert.

    Pour découvrir les lettres adressées par Amilcar Cabral à Maria Hélèna, et traduites pour la première fois en français, RFI vous propose un long format inédit.

    ⇒ Le webdocumentaire.

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    48 min
  • Afrique, une histoire mondiale du foot
    Dec 6 2025

    Partout sur la planète, le ballon rond suscite des vocations de joueurs, attise les convoitises et déchaîne les passions, au point d’être considéré aujourd’hui comme le sport le plus pratiqué sur la planète. Sur le continent africain, le football a également été un moyen de lutte anticoloniale au moment des indépendances tout en perpétrant son esprit festif face aux difficultés du quotidien et des conflits guerriers, comme en témoigne à notre micro l’ancien international congolais, Saïo Mokili.

    Apparu dans sa forme moderne dans l’Angleterre du XVIIIème siècle, le football a eu immédiatement un succès populaire qui dépasse l’entendement !!! Au point d’être rapidement considéré par l’Église et le patronat comme un instrument idéal pour combattre les vices de la jeunesse, en améliorant la condition physique des ouvriers et en calmant leurs élans contestataires. Passion contagieuse impossible à contrôler, le football est alors récupéré par le clergé et les grands patrons de la révolution industrielle pour créer les premiers grands clubs.

    Ce modèle s’exporte à travers le monde et plus particulièrement sur le continent africain au temps de la colonisation. Mais si le sport est un outil d’influence pour tous les États, nombre de footballeurs ont su mobiliser leur talent et leur position sociale pour soutenir la cause des luttes nationalistes et des indépendances… mais n’ont-ils pas été instrumentalisés à leur tour ?

    La Marche du monde vous invite à découvrir une histoire africaine du football à travers l’épopée des indépendances du Congo et de l’Algérie, au son de nos archives et de nos témoignages inédits.

    Un documentaire signé Valérie Nivelon et David Allias, réalisé par Sophie Janin.

    Sont intervenus dans l’émission :

    - Paul Dietschy, docteur en histoire, historien du sport, auteur et directeur de la revue « Football(s) ».

    Bibliographie sélective :

    • Paul Dietschy, Du sportsman à l’histrion : les cultures sportives de trois leaders africains (Nnamdi Azikiwe, Nelson Mandela et Joseph Désiré Mobutu), (2014), Centre d’histoire de Sciences Po.
    • Paul Dietschy, Histoire du football (2010), aux éditions Perrin
    • Paul Dietschy, Paul Kemo-Keimbou, David Claude, Le football et l’Afrique (2008), aux éditions EPA
    • Patrick Clastres et Paul Dietschy, Sport, culture et société en France du 19è siècle à nos jours (2006), aux éditions Hachette Education
    • Paul Dietschy, Yvan Gastaut, Stéphane Mourlane, Histoire politique des coupes du monde de football (2006), aux éditions Vuibert.

    - Michel Naït-Challal, écrivain et ancien journaliste, auteur de Dribbleurs de l’indépendance : l’incroyable histoire de l’équipe du FLN (2008), aux éditions Albin Michel.

    - Annie Gasnier, journaliste et animatrice de «Radio Foot Internationale» sur RFI, auteure de Brésil : le réveil du géant latino-américain (2008), aux éditions du Cygne.

    - Saïo Mokili, ancien joueur de foot, international congolais, vainqueur de la Coupe d’Afrique des Nations 1968 avec «Les léopards» et joueur du FC Dragons (1963-1972).

    À lire également :

    - Javu Rey, Bertrand Galic et Kris, avec Marina Martin Serrano : «Un maillot pour l’Algérie» (2009), bande dessinée aux éditions Aire Libre

    - Deveney, Correia, Bonaccorso : «Une histoire populaire du football», La Découverte Delcourt.

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    48 min
  • À l'école de la non-violence avec Ogarit Younan, prix Gandhi de la paix
    Nov 29 2025

    Walid et Ogarit, c’est l’histoire d’un couple hors du commun, 40 ans d’amour et de militantisme pour la vie et pour la paix. Ensemble, ils ont fondé l’Académie universitaire pour la non-violence et les droits humains dans leur pays, le Liban. Ensemble, ils ont initié le combat pour l’abolition de la peine de mort, les droits civils et la justice sociale face à la guerre civile et aux violences interconfessionnelles, ensemble ils ont défendu inlassablement la laïcité et l’universalité.

    Un engagement récompensé de multiples fois par le Prix des droits de l’homme de la République française 2005, le Prix de la Fondation Chirac 2019 et le prix Gandhi pour la paix décerné en 2022 par la fondation indienne Jamnalal Bajaj, du nom du disciple du Mahatma Gandhi. Si Walid Slaybi s’en est allé en 2023, vaincu par la maladie, son œuvre et son héritage perdurent. «Oui à la résistance, non à la violence» est le message que continue de porter avec courage Ogarit Younan. Une philosophie conjuguée à un mode d'action dont les résultats sont là : reconnaissance de l'Université de la non-violence par l'État libanais, moratoire sur la peine de mort, proposition d'une Constitution laïque, des propositions soutenues par des ralliements toujours plus nombreux de personnalités de tous bords, motivées par la perspective non-violente d'un règlement juste et pacifique du conflit israélo-palestinien. (Rediffusion)

    - Le site de l'Université de la non-violence Aunohr à Beyrouth

    - Les livres de la bibliothèque de l'Université

    - Contacter l'Université Aunohr :

    P.O.Box 17 5772 Gemmayze, Beirut, Lebanon

    Tel/Fax: +961 01 445333

    Mobile: +961 70 111382

    - La fondation indienne Jamnalal Bajaj.

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    48 min
  • Le Tribunal de Nuremberg est-il encore une référence pour l’Ukraine, Gaza ou la RDC ?
    Nov 22 2025
    En 1945, à Nuremberg, de hauts responsables nazis étaient jugés pour crime de guerre et crime contre l’humanité… 80 ans après ce procès historique, comment s’inspirer de ce tribunal fondateur de la justice internationale pour en finir avec l’impunité dans les conflits armés en Ukraine, à Gaza ou encore en RDC ? Le 20 novembre 1945 s'ouvrait à Nuremberg, en Allemagne, le plus grand procès de l'histoire. D’un commun accord, la France, les États-Unis, l'Union soviétique et le Royaume-Uni affirmaient leur volonté de juger vingt-deux dignitaires nazis, chefs militaires ou hauts fonctionnaires, tous accusés de crimes de guerre ou de crimes contre l'humanité. Mais pourquoi invoquer Nuremberg lorsque l’on réclame la fin de l’impunité ? Le président ukrainien Volodymyr Zelensky l’a fait pour son pays l’Ukraine en interpellant le peuple russe dès le 4 avril 2022, suite à l’invasion russe du 24 Février : « Le moment viendra où chaque Russe apprendra toute la vérité sur ceux de ses concitoyens qui ont tué. Qui a donné des ordres. Qui a fermé les yeux sur ces meurtres. Nous allons établir tout cela. Et le faire connaitre dans le monde entier. Nous sommes maintenant en 2022. Et nous avons beaucoup plus d'outils que ceux qui ont poursuivi les nazis après la Seconde Guerre mondiale. » Et le docteur Mukwege, prix Nobel de la paix a explicitement fait référence à Nuremberg, en octobre 2024, lors d’un passage à l’Université de Strasbourg en France : « Les Congolaises et les Congolais ont aussi droit à leur Nuremberg. Telle est la raison pour laquelle nous plaidons aux côtés des victimes et des survivant.es pour l’établissement d’un Tribunal international pénal pour le Congo et/ou des chambres spécialisées mixtes. » Un Nuremberg pour l’Ukraine, Gaza ou la RDC est-il possible ? Une enquête signée Clémentine Méténier avec William Schabbas, professeur de droit pénal international et des droits de l’homme à Londres, Université de Middlesex, Leyden et Sciences Po ; Christian Delage, historien et cinéaste, réalisateur du film historique «Nuremberg, les nazis face à leur crime» ; Thierry Cruvellier, rédacteur en chef du site Justice Info ; Rafaëlle, professeure de droit international à l’Université Paris Saclay et travaille sur la justice pénale internationale, précisément sur la notion de génocide. Reagan Miviri, avocat au Barreau de Goma dans le Nord-Kivu, il travaille au sein de Ebuteli l’Institut congolais de recherche sur la politique, la gouvernance et la violence. À lire sur le site Justice Info Le grand entretien de Clémentine Méténier avec l’historien et cinéaste Christian Delage. À suivre au Mémorial de la Shoah à Paris la journée d’étude Nuremberg et son héritage, 1945-2025. Le 20 novembre 2025 marque le 80è anniversaire de l’ouverture, à Nuremberg, du procès des grands criminels nazis, où, pour la première fois, des responsables politiques et militaires de haut niveau – accusés des crimes de conspiracy (complot), crimes contre la paix, crimes de guerre et crimes contre l’humanité – étaient traduits devant une cour internationale, composée des principales forces alliées victorieuses de l’Allemagne nazie. Pour le procureur général Robert H. Jackson, il s’agissait de construire un «procès documentaire», où, en raison des crimes considérables commis par les nazis, notamment leur politique d’extermination des Juifs d’Europe, il était nécessaire de faire reposer l’accusation sur des preuves irréfutables, pour éviter qu’à l’avenir leur réalité fasse l’objet d’une négation. Contre toute attente, les images allaient jouer un rôle majeur pour confronter les nazis à leurs propres crimes. La journée de colloque s’interrogera sur l’héritage des «principes de Nuremberg» depuis les années 1990, grâce au développement d’une justice internationale fondée sur des tribunaux ad hoc (du Rwanda à la Centrafrique) et des cours permanentes (Cour pénale internationale, Cour internationale de justice), appelées à statuer en particulier sur le risque potentiel ou la commission de génocides. Or, la collecte de preuves qui s’inspire de la jurisprudence de Nuremberg est forte des nouveaux outils mis en place par les autorités judiciaires, en collaboration avec des ONG et des applications en open source qui en garantissent la fiabilité. Pour la première fois dans l’histoire, en Europe comme au Proche-Orient, la fabrique du dossier probatoire se déroule en co‑construction avec la société civile, en flux tendu et en temps réel. 11h - LE CHOIX DU PROCÈS DOCUMENTAIRE La construction de la preuve, de Nuremberg à Kiyv, 1945-2025 de Christian Delage, historien, Institut d’histoire du temps présent De Nuremberg au TPIY : la jurisprudence de l’image comme preuve pénale de Ninon Maillard, maîtresse de conférences à Paris...
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    48 min
  • Ari et Alice pour la vie
    Nov 15 2025

    «Ari et Alice pour la vie» explore les récits croisés d’Aristide et Alice, un frère et une sœur amoureux de Paris, un rugbyman et une acrobate talentueux, dont les destinées ont basculé le 13 novembre 2015 devant le restaurant Le Petit Cambodge. (Rediffusion)

    Comment ont-ils réagi physiquement et mentalement à la violence extrême de cet acte terroriste ? Comment se sont-ils sauvés mutuellement et reconstruits ? Cinq ans après les attentats du 13-Novembre, RFI et l'IHTP* poursuivent leur collaboration et vous proposent d'écouter la parole précieuse d'un frère et une sœur dont les vies ne seront plus jamais ordinaires.

    Un documentaire signé Valérie Nivelon et Maxime Grember, réalisé par Richard Riffonneau et Victor Uhl.

    Émission initialement diffusée le 15 novembre 2020.

    *À la suite des attentats du 13 novembre 2015, Valérie Nivelon, journaliste et productrice de l’émission La marche du monde, participe à la collecte des témoignages du programme «Des vies plus jamais ordinaires» de l’Institut d’histoire du temps présent (IHTP), dirigé par Christian Delage. Ensemble, ils souhaitent donner à entendre le travail de recherche initié par l’IHTP conjugué à l’expertise radiophonique de RFI.

    À réécouter : À chaque témoin son 13-Novembre

    À lire sur RFI : Attentats du 13-Novembre, des vies plus jamais ordinaires

    Site de l'IHTP.

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    49 min
  • Afrique, Brésil, Europe, la jeunesse est dans la place à Salvador de Bahia
    Nov 8 2025

    En ce mois de la conscience noire au Brésil, plus de 300 participants au Forum Notre Futur* sont réunis pour échanger autour des questions de climat (en préparation de la Cop de Belém), de démocratie et de diversité afin de renouveler les relations entre les Afriques, le Brésil et l’Europe. Essentiel pour le Festival, l’espace dédié aux jeunes activistes afin qu’ils partagent leurs questions et leurs revendications au moment où la Gen Z donne de la voix aux quatre coins de la planète.

    Pour cet épisode de La marche du monde enregistré en public à Salvador, nous écoutons les messages portés par Noférima Fofana, championne du monde de slam, Senny Camara, première femme à jouer de la kora, ou encore Zola Kondamambou, commissaire d’exposition et médiatrice culturelle afin d’interroger les expériences innovantes de nos trois invités :

    - Karim Bouamrane, maire de Saint-Ouen, venu en délégation avec 18 jeunes investis sur la justice sociale et le climat dont les plaidoyers sont prononcés par Faissal Maïga, scénariste, acteur et mannequin et Hanine-allah Meftahi, étudiante en sciences sociales et sanitaires

    - Ileana Santos, co-fondatrice du Think Tank «Je m’engage pour l’Afrique»

    - Dríade Priscilla Aguiar, rédactrice en chef du média social Midia Ninja.

    Ici à Salvador, dans l’ancienne capitale coloniale esclavagiste du Brésil, les afro-descendants affirment leur présence au Forum afin de revisiter le passé de la traite atlantique et imaginer de nouvelles relations au sein de la jeunesse du monde noir. Lors de la soirée du 5 novembre, ouverture du Festival Notre futur, le président Macron a invité les citoyens africains, brésiliens et européens à cultiver de nouvelles relations afin que «le triangle douloureux devienne un triangle amoureux», en référence au commerce triangulaire de l’esclavage.

    Le Brésil a été le dernier État des Amériques à abolir l’esclavage en 1888 après avoir été la destination de 4 millions d’Africains déportés, ce qui représente la moitié des victimes du commerce triangulaire.

    *Inspiré par le rapport remis par Achille Mbembe au président Macron en 2021 sur la relation entre la France et l’Afrique, dont l’une des préconisations invite à nouer des relations avec les sociétés civiles africaines et diasporiques, les Forums Notre Futur lancés dès 2022 à Johannesburg en d’Afrique du Sud par Sophie Renaud et son équipe de l’Institut français propose des espaces d’échanges et des ateliers afin de nourrir le dialogue entre les Afriques et l’Europe.

    Le Festival Notre Futur à Salvador, c‘est également des concerts et une programmation de cinéma africain :

    Trace Fest Salvador

    Festival de Cinéma.

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    48 min
  • «Deberlinization», comment sortir de l’impasse coloniale ? (Épisode 2)
    Nov 1 2025
    Épisode 2 : Refaire l’histoire. Une conférence historique pour sortir de l’impasse coloniale soutenue par le griot de la jeunesse africaine Tiken Jah Fakoly, où intellectuels et artistes se sont retrouvés pour revisiter la Conférence berlinoise de 1885… quand ils ont partagé le monde. Mais comment refaire l’histoire ? Berlin 1885. Le chancelier allemand Otto von Bismarck convoque une conférence à Berlin afin d'organiser le partage du continent africain entre les puissances industrielles et militaires émergentes. Cette réunion, à laquelle participèrent quatorze pays européens, les États-Unis et l'Empire ottoman, visait principalement à préserver leurs intérêts extractivistes et commerciaux. Ce processus a conduit à une profonde fragmentation des structures politiques endogènes du continent africain, marquant durablement son histoire politique, économique et sociale. Pour les Africains, ce processus inaugura une ère de résistance et de lutte pour l'autodétermination. Berlin 2001. Mansour Ciss Kanakassy, ​​plasticien berlinois d'origine africaine, imagine le Laboratoire de Deberlinization. L’artiste développe des outils symboliques afin de tracer un chemin vers l'émancipation. Ce kit d'urgence comprend un Global Pass pour faciliter la liberté de circulation le monde, ainsi que l'AFRO, une monnaie imaginaire panafricaniste, libérée des contraintes du CFA (indexation sur les garanties de change et de la tutelle des banques centrales exogènes). À la croisée de la création artistique et de la critique sociale, le laboratoire de Deberlinization invite à la réflexion sur la possibilité (individuelle ou collective) d'une refonte du lien civil au sein et en dehors de l'État postcolonial. Berlin 2025. À l’initiative du Professeur Bonaventure Soh Bejeng Ndikung, directeur de HKW, la Conférence Deberlinization s’inscrit dans la continuité de l’utopie performative imaginée par Mansour Ciss Kanakassy pour considérer les conditions possibles d’un récit alternatif sur l’ordre du monde et son avenir, une poétique transformatrice de la relation entre l’action créatrice et les formes de résistance, l’histoire, la mémoire, la prospective – bref, un champ d’expérience et un horizon d’attente. Dans ce second épisode, vous écoutez les voix de Bonaventure Soh Bejeng Ndikung (directeur et directeur artistique de Haus der Kulturen der Welt), Tiken Jah Fakoly, (chanteur et activiste) soutien de la manifestation, Célestin Monga, (professeur d’économie à Harvard), Simon Njami, (écrivain et commissaire d’exposition) et Yousra Abourabi, (professeure de sciences politiques à l’Université de Rabat). Pour écouter l’épisode 1 c’est ici. Un grand merci à toute l’équipe de HKW à Berlin et particulièrement à son directeur Bonaventure Soh Bejeng Ndikung pour nous avoir accordé ce grand entretien : Valérie Nivelon : En introduction de cet évènement DEBERLINIZATION, vous avez demandé une minute de silence à la mémoire de Lawrence, un jeune Noir tué par des policiers au printemps 2025. Quel lien établissez-vous entre la mort de ce jeune homme et la conférence de Berlin de 1885 ? Bonaventure Soh Bejeng Ndikung : La mort de Lawrence est en fait un assassinat. Il a été tué par un policier et ce n'était pas par hasard, en fait, on lui a tiré dessus par derrière. Et la police a essayé de mentir en accusant Lawrence d’avoir attaqué un policier, ce qui s’est avéré faux. Il s’agit en fait de la longue histoire du racisme et de la déshumanisation, dont la Conférence de Berlin est un moment essentiel. Cette rencontre qui a eu lieu ici à Berlin en 1884-85 pour partager le continent africain sans les Africains, sans tenir aucunement compte de leur intérêt, sans aucun respect pour les cultures africaines et encore moins les êtres humains réduits au même niveau de statut que les machines pour travailler dans les plantations afin de créer des ressources pour l'Europe. C'est un acte de déshumanisation qui a été institutionnalisé dans cette conférence et qui a perduré dans les institutions, pas seulement en Europe, mais aussi en Afrique et un peu partout dans le monde. Donc la mort de Lawrence a un lien direct avec cette conférence. Valérie Nivelon : Votre intérêt pour l’impact de la conférence de Berlin sur la déshumanisation des Africains ici en Allemagne, en Europe, mais aussi sur la brutalisation des sociétés africaines remonte-t-il à la création de Savvy Contemporary dont vous fêtez les 15 ans de création ? Bonaventure Soh Bejeng Ndikung : Oui, c'est une très bonne question d’autant que Savvy a été fondé en 2009 pour une raison très simple, celle de notre invisibilité dans les institutions culturelles allemandes alors que la relation entre le continent africain et l'Europe est très forte. C'était très, très rare de voir les artistes, les penseurs des autres ...
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    48 min
  • «Deberlinization», comment sortir de l’impasse coloniale ? (Épisode 1)
    Oct 25 2025

    Épisode 1 : Défaire le passé. Une conférence historique pour sortir de l’impasse coloniale où intellectuels et artistes se sont retrouvés à La maison des cultures du monde pour faire face à la Conférence de Berlin de 1885, quand l’Afrique a été partagée sans le consentement des Africains. 140 ans après, comment faire face au passé ?

    Berlin 1885. Le chancelier allemand Otto von Bismarck convoque une conférence à Berlin afin d'organiser le partage du continent africain entre les puissances industrielles et militaires émergentes. Cette réunion, à laquelle participèrent quatorze pays européens, les États-Unis et l'Empire ottoman, visait principalement à préserver leurs intérêts extractivistes et commerciaux. Ce processus a conduit à une profonde fragmentation des structures politiques endogènes du continent africain, marquant durablement son histoire politique, économique et sociale. Pour les Africains, ce processus inaugura une ère de résistance et de lutte pour l'autodétermination.

    Berlin 2001. Mansour Ciss Kanakassy, ​​plasticien berlinois d'origine africaine, imagine le Laboratoire de Deberlinization. L’artiste développe des outils symboliques afin de tracer un chemin vers l'émancipation. Ce kit d'urgence comprend un Global Pass pour faciliter la liberté de circulation le monde, ainsi que l'AFRO, une monnaie imaginaire panafricaniste, libérée des contraintes du CFA (indexation sur les garanties de change et de la tutelle des banques centrales exogènes). À la croisée de la création artistique et de la critique sociale, le laboratoire de Deberlinization invite à la réflexion sur la possibilité (individuelle ou collective) d'une refonte du lien civil au sein et en dehors de l'État postcolonial.

    Berlin 2025. À l’initiative du Professeur Bonaventure Soh Bejeng Ndikung, directeur de HKW, la Conférence Deberlinization s’inscrit dans la continuité de l’utopie performative imaginée par Mansour Ciss Kanakassy pour considérer les conditions possibles d’un récit alternatif sur l’ordre du monde et son avenir, une poétique transformatrice de la relation entre l’action créatrice et les formes de résistance, l’histoire, la mémoire, la prospective – bref, un champ d’expérience et un horizon d’attente.

    Ibou Coulibaly Diop et Franck Hermann Ekra sont les co-commissaires de Déberlinization (25 au 27 Avril 2025).

    Dans ce premier épisode, vous écoutez les voix de Bonaventure Soh Bejeng Ndikung (directeur et directeur artistique de Haus der Kulturen der Welt), Magueye Kassé (Académie nationale des sciences et techniques du Sénégal), Mansour Ciss Kanakassy (plasticien, Prix Léopold Sédar Senghor et le Prix Zuloga), Mamadou Diouf (historien, professeur à Columbia University), Franck Hermann Ekra (Critique d'art, co-curateur et éditeur du livre Deberlinization), Hildegaard Titus (comédienne, activiste), Soeuf el Badawi (poète, dramaturge, activiste) et Tiken Jah Fakoly, (chanteur et activiste) soutien de la manifestation.

    Un grand merci à toute l’équipe de HKW à Berlin et particulièrement à son directeur Bonaventure Soh Bejeng Ndikun.

    Découvrir La maison des cultures du monde et le programme Deberlinization.

    À paraître :

    - Deberlinization – Refabulating the World, A Theory of Praxis

    - Deberlinization - Les presses du réel (livre).

    À lire :

    Le pari acoustique de Tiken Jah Fakoly.

    À écouter :

    Le concert acoustique de Tiken Jah Fakoly enregistré par RFI Labo salle Pleyel à Paris.

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    49 min