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Labellisation des médias: bataille politique sur l'audiovisuel public

Labellisation des médias: bataille politique sur l'audiovisuel public

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Retour sur la bataille politique que se livrent les médias du groupe Bolloré autour de l'audiovisuel public en France.

Radio France et France Télévisions ont longtemps ignoré cette bataille jusqu'à ce que ces deux groupes décident de répliquer en assignant en justice pour dénigrement CNews, Europe 1 et le Journal du dimanche. Et c'est vrai que ce qui frappe, c'est le caractère massif, répétitif de l'éreintement de l'audiovisuel public, avec une orchestration synchronisée sur les médias de Bolloré. Un phénomène inédit, au point qu'on a l'impression d'une vraie campagne de presse visant à affaiblir des concurrents. Mais il s'agit surtout d'un combat idéologique dont témoigne par ailleurs une commission d'enquête du parti d'Éric Ciotti, allié du RN. La dénonciation d'un gaspillage d'argent public sert de prétexte, car ce qui est voulu, c'est la privatisation des médias publics, comme le réclame le RN. Et, ce qui est ciblé, ce sont les valeurs du service public: l'indépendance de ton de ses journalistes, l'attachement au pluralisme et à l'État de droit, et bien sûr tout ce qui est rattaché au wokisme, donc à la défense des libertés multiples.

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Nouvelle offensive contre le service public

L'émission de France 2 Complément d'enquête est ciblée. Un numéro consacré à CNews, la semaine dernière, a servi de déclencheur à une nouvelle offensive contre le service public, soupçonné d'être un repaire de gauchistes. Il a suffi que l'Arcom ne valide pas des chiffres sur le temps de parole des politiques sur la chaîne d'info, telle que l'avançait Complément d'enquête à partir de données de RSF, pour déclencher une nouvelle salve. L'émission a dû retirer au dernier moment cette séquence chiffrée, qui montrait que les politiques de gauche étaient relégués la nuit sur CNews, et aussitôt celle-ci y a vu la preuve d'une volonté de désinformer.

Emmanuel Macron accusé de désinformer

C'est une bataille politique qui vise Emmanuel Macron. Parce que, de son côté, le président a repris l'idée prônée par Reporters sans frontières, d'un label visant à favoriser les médias d'information par rapport aux infox sur les réseaux sociaux. Et aussitôt, les médias de Bolloré y ont vu une volonté de contrôle de l'information, ce qui a amené l'Élysée à les accuser de désinformation puisqu'il n'a jamais été question d'un label d'État, mais d'un outil professionnel comme la Journalism Trust Initiative, auquel ont adhéré France Télévisions, France Médias Monde et plus de 2000 médias dans le monde. Du coup, CNews a à son tour accusé Macron de désinformer, dans une rhétorique qui rappelle Donald Trump et s'inspire de Viktor Orban, le premier ministre hongrois, qui a mis au pas l'audiovisuel public après avoir fait racheter les médias privés par des amis.

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