La classe est une mer que l'on voudrait calme, mais certains de nos jeunes marins luttent contre des vagues invisibles. Les élèves à besoins éducatifs particuliers (EBEP) sont trop souvent victimes d'un regard cynique, relégués au bord du chemin par la norme, taxés de "déficients" ou de "moins que rien." Cela me révolte. Car ces élèves, avec leurs chemins de traverse, ne sont pas ceux qui n'y arrivent pas, mais ceux qui nous obligent à repenser comment nous enseignons.

Chaque révolution technologique est une lame à double tranchant. La révolution industrielle a créé la richesse, mais aussi la misère et l'aliénation. La révolution numérique nous offre deux chemins, comme deux océans différents sur lesquels notre navire pourrait voguer.

C'est collectivement que nous devons nous positionner : quel futur choisirons nous ?

L'analogie entre les outils numériques et les concepts d'orthèse et de prothèse est d'une puissance didactique rare. Elle permet de sortir du discours binaire "bon ou mauvais" pour montrer le rôle thérapeutique et égalisateur de la technologie.

Dans cet épisode on met l'accent sur le côté vertueux : en offrant une équité de traitement, le numérique devient un vecteur de justice sociale. Le Numérique sera présenté avant tout comme un outil d'augmentation humaine.

L'acte d'évaluer est un acte de soin. Il exige la rigueur de la science et l'empathie du guide. Le numérique nous donne la chance de transformer le Zéro sanction en diagnostic constructif. C'est une lumière de plus sur le chemin de l'équité.

Combien de fois, en tant qu'enseignant, avons-nous soupiré devant l'usage du smartphone en classe, le considérant comme un ennemi, une distraction, le fruit d'une pratique clandestine ? Pourtant, derrière ces gestes rapides et ces usages spontanés se cachent de véritables compétences informelles.

Le monde a changé. Grandir aujourd'hui, c'est grandir au milieu d'une forêt d'écrans.Ils scintillent sur nos murs, dans nos poches, sur nos tables. Et, si ces écrans sont devenus nos fenêtres sur le monde, ils sont aussi, sans carte ni boussole, des sources de confusion et de perte de repères.Face à cette forêt inextricable, notre rôle d'éducateur, qu'il soit parent ou enseignant, est celui du tuteur.

Le savoir est fait d'humilité.Et les travaux des chercheurs Tricot et Chesné (2020) nous offrent une dose salutaire de cette humilité. Ils ont mesuré l'impact du numérique sur les fonctions pédagogiques classiques. Et le verdict est sans appel : la technologie n'est pas une potion magique.Mais ces zones de faiblesse mesurées par la science ne sont pas des interdits, ce sont des laboratoires !

L'enseignant, aujourd'hui, n'est-il pas lui aussi un musicien ? Son instrument n'est plus le tableau noir, mais un concert de technologies. La main droite est celle qui maîtrise le tableau numérique interactif, qui trace des courbes, manipule des images, ouvre de nouvelles fenêtres sur le savoir. La main gauche, elle, se consacre à l'orchestration des activités mobiles, à la coordination des tablettes qui donnent à chaque élève la liberté de jouer sa propre partition. Et le lutrin ? Il est occupé par l'ENT, cet environnement de travail qui contient la partition de la leçon, les ressources, le fil conducteur de la pédagogie.