Thomas Lavachery et l’entre-deux guerres, péril en la demeure
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Entre attitudes anodines (mais le sont-elles réellement ?) au sein d’une famille et montée du nazisme, le nouveau roman jeunesse de Thomas Lavachery plonge dans l’Europe des années 30. Un démon parmi nous fait partie de la sélection des pépites du Salon du Livre et de la Presse Jeunesse de Montreuil.
Thomas Lavachery a de très nombreuses cordes à son arc : historien de l’art, cinéaste, écrivain, scénariste de bande dessinée, illustrateur… Mais la littérature jeunesse reste son terrain de prédilection. En témoigne ce nouveau roman au ton mystérieux et au fumet de plus en plus inquiétant, qui plonge ses jeunes lecteurs dans cette période d’entre-deux guerres, celle de la montée progressive et inexorable du fascisme, du nazisme et de l’antisémitisme en Europe.
Au commencement, une famille unie de Silvénie, pays fictif mais qui par bien des aspects rappelle la Belgique natale de l’auteur : une fille, Félice, narratrice du roman ; sa mère Elli ; son père Joseph et son oncle Reb. Ces derniers sont deux frères jumeaux et ont des caractères très différents : le premier est plutôt réservé et du genre à ne pas faire d’histoires, le second est plus extraverti, jovial, et a pour habitude de dire ce qu’ils pensent.
Un soir de pluie, les deux frères ramènent à la maison deux autres frères jumeaux, deux garçonnets prénommés Félix et Oswald. Dans leur cas aussi, gémellité ne rime pas avec similarité : autant Félix est gentil, autant Oswald se révèle menteur, sournois, manipulateur et méchant, au grand dam de son frère qui ne le comprend pas. C’est lui le « démon » auquel fait référence le titre du livre. Et petit démon deviendra grand.
D’un bout à l’autre du récit, la question du double est omniprésente : outre les deux couples de jumeau, on remarquera aussi la quasi-homonymie entre Félice et Félix, ou -un peu plus tard dans l’intrigue- l’opposition entre Léo, étudiant juif et socialiste, et Arvid Poss, ancien socialiste devenu militant pro-nazi.
C’est avec des pastels que Thomas Lavachery dessine peu à peu le brouillard antisémite qui descend sur la Silvénie, et dont Oswald deviendra l’un des protagonistes, à son retour d’un mystérieux séjour en Allemagne. Il faut attendre la page 72 du roman pour que la menace antisémite soit explicitement évoquée. Et on se rend compte qu’on aurait pu la sentir bien plus tôt, grâce à plusieurs détails a priori anodins et passés inaperçus.
Dans la brume brillent pourtant plusieurs lumières, notamment grâce à l’art. Car Félice est une artiste, peintre abstraite qui fréquente assidûment une galerie d’art. Une de ses œuvres figurent d’ailleurs à la fin du roman, juste après l’épilogue.
Un démon parmi nous, Thomas Lavachery (L’École des Loisirs)