Page de couverture de Transmusicales de Rennes: Zonbi, paroles créoles sur fond de jazz et de post punk

Transmusicales de Rennes: Zonbi, paroles créoles sur fond de jazz et de post punk

Transmusicales de Rennes: Zonbi, paroles créoles sur fond de jazz et de post punk

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Un chanteur principal d'origine haïtienne, des paroles en créole, un saxophoniste japonais, et beaucoup d'énergie : voilà le cocktail surprenant qui compose le groupe Zonbi. Le quintet se produit ce samedi 6 décembre 2025 sur la scène des 47ᵉ Trans'Musicales de Rennes, festival de musiques émergentes dans l'ouest de la France. Avec comme objectifs : rendre hommage à la culture haïtienne, offrir un défouloir, et surtout, rejeter toutes les règles... Zonbi c'est cinq personnes, cinq instruments. Quatre musiciens donc : le saxophoniste japonais Shion Iwata, le bassiste Achille Bof, le guitariste Simon Harel et le batteur Tom Dalib. Tous réunis autour du frontman et chanteur, Dimitri Milbrun. Quant à leurs influences, elles sont aussi nombreuses et diverses que les membres du groupe : au fil des morceaux de Zonbi, on passe par le jazz et le punk, on va de la bossa nova à la no-wave. En entretien, c'est pareil : on passe d'un interlocuteur à l'autre sans distinction ni hiérarchie. Tom Dalib commence : « Dans la partie composition, on passe beaucoup de temps à chercher vraiment un univers sonore, une patte musicale qui nous soit propre...». Puis son camarade Simon Harel prend la suite : « on ne joue ensemble que depuis un an, et on vient tous de projets musicaux totalement distincts.» Avant que le bassiste Achille Bof ne conclue : « c'est toujours un peu comme ça que ça se passe. Si quelqu'un amène une idée, il y a un dialogue qui se crée. » Un exemple ? « Sur la chanson Lanmou Ak Lanmo, on commence par un côté un peu bossa nova... quand on a commencé à travailler dessus, il n'y avait pas du tout toutes les distorsions qu'on entend à la fin. Achille [le bassiste] a entendu ça, et il a tout de suite dit 'ça ne va pas, il faut cradifier tout ça.' » Conclusion : la bossa nova des débuts a été conservée... mais elle laisse progressivement la place à une instrumentation profondément no wave. Confrontés à la possibilité de choisir un registre et de s'y tenir, ils ont donc choisi, précisément, de ne pas le faire. Car s'il y avait un mot pour résumer Zonbi, ce serait celui-ci : « insoumission ». Hors de question de se laisser enfermer dans une case. Le fondateur du groupe, Dimitri Milbrun, y voit une réminiscence de son héritage haïtien. « C'est dû profondément à une forme de fièvre que les Haïtiens peuvent avoir vis-à-vis de toute forme d'autorité malveillante. Il y a un feu intérieur qui ne s'éteint pas.» Des chansons en créole Cette double culture franco-haïtienne est omniprésente chez Zonbi. À commencer par le nom du groupe qui s'écrit « z.o.n.b.i » et pas à l'américaine, et surtout par la langue employée pour les textes, le créole. "A la maison, on a toujours parlé créole. C'est dans cette langue que mes parents me parlaient, quelque part, c'est même ma langue maternelle. Donc il y avait une facilité, pour moi, à parler en créole, certaines choses sonnent mieux ; mais c'est aussi que je voulais sortir du choix binaire, chanter soit en anglais, soit en français... j'avais envie de quelque chose qui me ressemble beaucoup plus,»raconte Dimitri Milbrun. Quant au fait qu'une partie de l'audience ne comprendra pas les paroles, le frontman balaie : « nos amis antillais, qui parlent le créole ou peut-être simplement le comprennent, eux, comprendront nos textes." Et Shion Iwata de compléter : « je suis japonais. Que les chansons soient en français ou en créole, je ne les comprendrai pas. Et alors ? Notre langage commun, c'est la musique, c'est ça qui compte.» Achille Bof : « notre musique transmet une énergie ; il n'y a pas besoin de comprendre les paroles pour saisir qu'on est en colère ou pour entrer dans une forme de transe.» Le folklore haïtien chanté Les histoires racontées font aussi la part belle au folklore haïtien, comme dans leur titre intitulé « Papa Legba ». « Les loas ce sont les esprits vaudou. Et Papa Legba, lui, il est entre guillemets le premier loa qu'on rencontre parce que sans lui, on ne peut pas parler aux autres. C'est lui qui a les clés. On a quand même ce respect par rapport à l'impact culturel et historique qu'il a eu en Haïti. On aime bien se dire que quand on est sur scène, imaginez qu'on est un groupe qui joue pour une cérémonie vaudou », explique Dimitri Milbrun. Le résultat, ce sont des chansons qui transpirent l'énergie, la hargne aussi parfois. Zonbi c'est donc un groupe jeune, révolté, en colère. On n'a pas besoin de parler le créole pour le comprendre. Il n'y a plus qu'une chose à faire : se laisser emporter par la fièvre collective. À lire aussiAsfar Shamsi, la nouvelle voix de la scène post-rap
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