Épisodes

  • Poésie, intensité et résilience dans la mode avec Alia Baré
    Dec 13 2025
    Alia Baré, créatrice de mode nigérienne, incarne une démarche authentique et engagée. Des bijoux aux vêtements, Alia Baré aime concevoir une silhouette jusqu’aux moindres détails. À travers ses collections inspirées de la mythologie, la nature et de ses expériences personnelles, elle tisse un pont entre tradition et modernité, tout en valorisant le savoir-faire artisanal africain. Alia Baré privilégie la production en petites séries et le sur-mesure pour limiter le gaspillage et garantir une fabrication soignée, tout en mettant en avant une mode respectueuse de l’environnement et des personnes. En 2025, elle fête les 10 ans de sa marque éponyme. « Je suis à fleur de peau, je ressens souvent les choses très fortement. Le fait de pouvoir créer, de pouvoir donner un sens à travers les couleurs, le défilé, la musique, les paroles même de la chanson ont une signification. Au début, de mes premiers défilés, je pleurais comme une madeleine parce qu'il y avait un effet de catharsis où tout sortait et je guérissais aussi. » Artiste et entrepreneure née au Niger, à Niamey, avec un père diplomate, Alia Baré a grandi entre la France et l’Algérie. Elle a poursuit des études dans une école de commerce à Paris : « J'ai toujours été très timide quand j'étais plus jeune et ce passage dans cette école de commerce m'a permis de m'ouvrir, de m'épanouir, d'être dans un environnement différent en France. J'ai pu affirmer ma personnalité dans la mesure où je suis la deuxième d'une fratrie de cinq enfants et chacun a une forte personnalité. J'avais tendance à me mettre plutôt en retrait par rapport à mes autres frères et sœurs, et là, cela m'a permis de développer mon individualité. Par la suite, je me suis mariée et j'ai suivi mon mari en expatriation, d'abord en Inde, puis à Singapour. » À lire aussiMida Style : l’amour de la mode et de la réconciliation de Boubacar AG Midaye Alia Baré débute sa carrière en tant que conseillère, cliente et gestionnaire de patrimoine dans le milieu bancaire. Puis, elle suit son mari en Inde et cette période d'expatriation la transforme. Elle explore la création en bijouterie et en textile. « J'ai toujours aimé créer, manipuler, faire des dessins, des coloriages, des bricolages et je touchais à tout. J'avais une petite machine à coudre et j’effectuais des travaux à la maison, décoration d'intérieur, sinon, c'était de la peinture... J'ai fait le design de bijoux, pendant deux ans. Cela m'a plu, j'ai passé plusieurs diplômes dont un en gemmologie et j'ai créé ma marque de bijoux sur mesure. Ce sont des bijoux en or, diamants, ou pierres semi-précieuses. J'ai commencé à les vendre quand je venais à Paris ou en Afrique et j’ai rencontré un franc succès. Cet amour des bijoux et des pierres se retrouve souvent dans mes tenues et dans mon choix de couleurs, parce que j'aime les couleurs. J'appelle ça les couleurs "pierres précieuses", comme le vert émeraude, rouge rubis, ou le bleu saphir. Ce sont des couleurs qui sont intemporelles, très élégantes. En cas de doute, avec ces couleurs, vous ne pouvez pas vous tromper. Cela fait partie de mes codes couleurs qui reviennent régulièrement. C'est pour cela que j'aime beaucoup le milieu de la mode, parce qu'on arrive à concilier tous les domaines artistiques et les mettre ensemble. Je cherche vraiment à transmettre une émotion, une sensation. » Après l’Inde, Alia Baré, s’installe à Singapour, ne pouvant plus assurer le suivi de la production de ses bijoux, elle se forme aux métiers de la mode. Avec son engagement éthique, elle valorise les artisans locaux et aspire à faire rayonner la richesse de l’Afrique à l’échelle mondiale. En 2015, elle y lance sa marque éponyme. « Bien qu'étant du Niger, Dakar, c'est un peu ma seconde maison et c'est là où je suis venue. J'y ai tout de suite ouvert mon atelier. En 2015, je saute dans le grand bain à peine diplômée. Je n'ai pas fait de stage long, j'ai fait mon stage d'école à Singapour, mais je n'ai pas fait de stage dans une maison de couture. Là, pour moi, il n'y avait pas de temps à perdre. Il fallait foncer et me jeter à l'eau. Le plus difficile était de constituer une équipe. Mais il se trouve qu'une de mes amies connaissait un chef d'atelier, qui très doué, et j'ai dû le démarcher, le convaincre. Je lui ai dit : "C'est une aventure que je commence. Crois-moi, si tu me suis, si tu me fais confiance, on fera de belles choses ensemble, on sera une équipe à part entière". Et jusqu'à aujourd'hui, il est avec moi et on travaille ensemble. Tout ce travail, je n'y serais pas arrivée sans lui non plus. Il y a donc aussi cette gratitude par rapport à ce que certains appellent les petites mains. Les petites mains, c'est souvent associé aux techniques de perlage, aux petits détails. Mais il y a aussi des personnes comme les chefs d'atelier, les ...
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  • De Sokodé à l'Alsace, le rêve d'une mode pour toutes de Nadiya Rauscher
    Dec 7 2025
    Designer franco-togolaise, Nadiya Rauscher a grandi entre le Togo et le Gabon. Formée à la mode à Libreville, elle s'installe en France et plus précisément en Alsace. Ce parcours biculturel lui permet de fusionner dans ses créations authenticité et modernité en faisant de son identité un véritable atout. Son enfance a été marquée par la diversité culturelle, la musique, la danse, et l'artisanat local. Ces premières années ont forgé sa sensibilité esthétique, qui se retrouve dans ses collections. Nous l'avons rencontrée lors du Yas FIMO228 à Lomé. « Créer, coudre, c'est ma vie. J'adore. C'est ce que je sais faire de mieux. Une joie de vivre, nous a confié Nadiya Rauscher, fondatrice de la marque éponyme. Je couds, je dessine tout le temps. Je travaille aux heures normales et après, je suis tout le temps à l'atelier, je travaille, je crée, je chine aussi pour trouver des tissus en coupons, ce qui me permet de faire des pièces uniques. » Nadiya Rauscher est née à Sokodé, au Togo, dans une famille de couturières et couturiers. Dès son enfance, elle a été bercée par le tissu, la couture et l'artisanat. Elle a donc grandi dans un environnement où la créativité était une évidence : « Quand on est enfant, être dans un atelier de couture avec les chutes de tissu par terre, pour une petite fille, c'est une manière de faire des petites robes pour sa poupée. C'est comme cela que cela a commencé. Puis, au fur et à mesure, à force de traîner dans les ateliers, on nous envoyait aller acheter des boutons, des fermetures. Pour moi, c'était un jeu d'enfant. J'aimais bien, mais je n'avais pas ce métier comme rêve. À 14 ans, mon rêve, c'était de devenir architecte. Mais la mode était en moi sans que je le sache, parce que je commençais à faire mes vêtements moi-même. À 16 ans, je suis allée vivre au Gabon, à Libreville. Chez nous, les Kotocoli, quand il y a un mariage ou un baptême, il y a toujours l'uniforme, le pagne. Tout le monde doit porter le même pagne. Et moi, j'aimais bien avoir un style particulier. Je me faisais mes propres vêtements cousus à la main. Je travaillais dans une famille comme nounou, et il y a une dame qui m'a repérée en train de coudre. Elle m'a posé la question : "Qu'est-ce que tu fais ici, pourquoi es-tu nounou ?". J'ai dit : "Bon, il faut bien que je gagne ma vie." C'est elle qui m'a encouragée à aller apprendre la couture dans un atelier. Elle m'a envoyée chez un de ses amis couturier. J'ai travaillé dans cet atelier six mois. Et un an après, j'ai décidé de m'inscrire dans une école de design de mode. » Au Gabon, Nadiya Rauscher étudie la mode, participe à des concours, expose ses créations. Elle connaît la théorie aussi bien que la pratique : « À l'école, nous commençons tout doucement. Alors que dans un atelier de couture, avec un couturier sur place, ce n'est pas la même chose. C'est tout de suite dans la couture. Après, les deux se combinent très bien. Je trouve que c'est génial si on arrive à combiner les deux, parce que quand on devient créateur, on en a besoin surtout pour transmettre. Aussi, on a besoin de la théorie. Il faut expliquer pourquoi on fait ci, pourquoi et comment il faut travailler telle matière, il faut tel thermocollant, tel bouton, il faut expliquer... Dans un atelier, ce n'est pas tout à fait la même chose, mais je pense que le travail final revient au même. » Lorsque Nadiya Rauscher s'installe en France, en Alsace, pour suivre l'amour et ses rêves, son arrivée lui offre la possibilité de s'ouvrir à la mode internationale tout en conservant ses racines, son histoire. Elle crée, en 2017, sa marque éponyme, puis ouvre sa boutique quelques années après. « J'ai rencontré mon mari à Libreville. C'est l'amour qui m'a fait partir de Libreville et me retrouver en France, en Alsace. J'ai dû tout recommencer, arriver dans un pays où je ne maîtrisais pas encore la culture et les mœurs. Ce n'était pas évident, mais je croyais en moi, et la passion qui m'animait m'a permis d'arriver où je suis aujourd'hui. J'ai d'abord travaillé dans le prêt-à-porter hommes et femmes, et quelques années plus tard, j'ai créé ma marque. Quand j'ai créé ma marque, je n'ai pas ouvert la boutique tout de suite. Je me suis mise à mon compte. J'ai ouvert la boutique en 2021. Au début, quand je suis arrivée en France, j'avais ce rêve-là d'avoir ma boutique, de créer ma marque, mais je ne savais pas par où commencer. Je ne maîtrisais pas les codes du pays. C'est arrivé au fur et à mesure, et le fait d'avoir travaillé dans des magasins de prêt-à-porter pour femmes et hommes m'a beaucoup apporté. Quand j'ai ouvert ma boutique, j'avais fait quelques formations, donc cela m'a facilité aussi la tâche. Ce n'était pas évident mais je croyais en mon rêve. » Nadiya Rauscher propose des pièces qui s'adaptent à toutes les morphologies, genres et styles de ...
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  • Yann Lagoutte, la passion du geste au service du patrimoine breton
    Nov 29 2025
    Yann Lagoutte, maître brodeur, directeur de l’école de broderie d’art de Quimper, passionné par la transmission d’un savoir-faire ancestral et la création, est un artisan d’exception. Formé initialement en bijouterie, il a évolué vers la broderie d’art, obtenant le titre prestigieux de meilleur ouvrier de France en 2011. Son engagement dans la passation de savoir-faire, à travers la création, la formation et la direction d’école, témoigne de sa passion pour la préservation et la valorisation des techniques artisanales bretonnes. Il représente le renouveau de l'école de broderie d'art de Quimper, alliant tradition, innovation et ouverture sur le monde. « En broderie, on fait des gestes qui sont répétés, qui doivent être précis. On se met dans sa bulle. », explique Yann Lagoutte, artiste, enseignant et directeur de l'école de broderie d'art de Quimper. On va venir se concentrer sur deux centimètres carrés et on va venir faire des mouvements qui vont être précis, qui vont nous permettre d'être dans un autre monde. On peut y passer des heures et des heures sans se rendre compte du temps qui passe. Yann Lagoutte est né en région Rhône Alpes, dans le sud-est de la France, mais il a toujours eu un lien très fort avec sa culture bretonne grâce à sa mère. C’est avec elle qu’il commence à broder à l’âge de 16 ans. « Dans un premier temps, c'était pour essayer de refaire la reproduction de costumes traditionnels. Et dans cette optique-là, lors de mes études, j'ai voulu faire un stage au sein de l'école de broderie. Je suivais à l'époque des études en bijouterie joaillerie, qui est aussi un métier artisanal et artistique, c'est comme cela que j'ai rencontré l'entreprise. Un stage d'un mois ici, cela a été vraiment une révélation, au niveau du savoir-faire, au niveau du geste. J'ai continué à broder pour mon plaisir, suite au stage. J'ai fini mes études. J'ai commencé à être bijoutier-joaillier en entreprise. En 2003, Monsieur Jaouen, qui a créé l'entreprise en 1995, m'a contacté pour me proposer un poste. C'était un peu particulier parce que je venais juste de commencer ma vie professionnelle. J'ai pris un virage à 90 degrés en acceptant le poste, rapidement. En 2003, je me retrouve au sein de l'entreprise École de broderie, où je fais une formation de moins d'un an pour maîtriser toutes les techniques enseignées au sein de l'école. L’été 2024, je commence mon travail en tant que formateur. » Artisan d’exception reconnu comme meilleur ouvrier de France, en 2011, aujourd’hui, directeur de l’école de broderie d’art, Yann Lagoutte est un passeur de savoir. Son école de broderie forme chaque année plus de deux mille élèves. « Nous choisissons nos propres programmes orientés en fonction aussi d'une mode ou d'une volonté de certains élèves, quand nous avons des retours. Nous avons un panel d'un peu plus de quinze techniques de broderie différentes qu'on peut enseigner, tous les ans. Les formateurs ont une formation en interne pour faire soit de la remise à niveau, soit un apprentissage complet d'une nouvelle technique par exemple, qui va être présentée. Ensuite, on va l'enseigner à ces personnes pour leurs loisirs. » Avec un peu plus d’une dizaine de techniques issues du territoire breton, comme la broderie Glazig ou Bigoudène, l’école fait vivre un patrimoine riche tout en le rendant accessible à un public amoureux de la broderie. « Celle qui nous tient vraiment à cœur, c'est la broderie Glazig. La broderie Glazig qui prend son nom du pays de Quimper. Quand on parle de pays en Bretagne, il faut imaginer que c'est plutôt une communauté de communes. Le pays de Quimper comprend 28 communes où la mode traditionnelle vestimentaire était la même dans ces 28 communes et sur ces costumes traditionnels, il y avait une broderie spécifique qui a pris le nom du territoire Glazig. Elle nous tient à cœur parce que c'est une broderie très colorée, réalisée avec un fil luxueux, un fil de soie. Le relief est donné à la broderie, mais sans faire un travail de rembourrage ou de bourrage dessous. Dans le sud Finistère, on va venir broder plusieurs épaisseurs de tissu en même temps pour donner le relief, ce sont les spécificités de cette broderie-là. Elle nous a tenu à cœur parce que c'est la broderie de l'entreprise. » « Il va y en avoir d'autres. La broderie Bigoudène la plus connue des personnes s'intéresse à cette culture bretonne. C'est une broderie imposante sur les costumes traditionnels femmes et hommes, et qui est très voyante puisqu'elle est sur les dernières modes, soit orangé, soit jaune. Il y a des broderies beaucoup plus discrètes, comme la broderie Léonarde de la région du nord de Brest. Vous avez dans le Morbihan des techniques de broderie sur velours, incluant le piétement. Et puis quand on va se concentrer sur le travail de broderie qui se fait sur les ...
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  • Mida Style: l’amour de la mode et de la réconciliation de Boubacar AG Midaye
    Nov 22 2025

    Aujourd’hui la mode, la mode et encore la mode avec Boubacar AG Midaye, styliste designer malien et fondateur de Mida Style. Ce jeune créateur n’a jamais renoncé à sa passion : la mode. Il propose des collections unisexe, d’inspiration Touareg, un design du nord du Mali sur des tissus du sud du pays afin de promouvoir la paix et d’unifier son pays. Cet autodidacte est porté par l’amour, l’originalité et la joie qu’il infuse dans ses collections.

    Rediffusion de la chronique du 29 janvier 2023

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  • Amandine Clerc Marie, le parfum des émotions, entre science et créativité
    Nov 15 2025
    Aujourd’hui, 100% création est dédiée à l'univers mystérieux et fascinant de la parfumerie avec Amandine Clerc Marie. Pour cette parfumeuse, le métier est un subtil mélange de science, d'art, d'émotion et de transmission. Une passion qui ne s'épuise jamais, une quête constante de nouveautés, de sensations. Une manière de vivre, une façon d'apporter du bien-être aussi selon Amandine Clerc Marie. Nous l'avons rencontrée lors de la Paris Design Week, dans la cour de l'hôtel de Sully, où elle a participé à la signature olfactive de l'installation « Folie olfactive », pensée pour influencer positivement les émotions. Une parenthèse bien-être parfumée à Paris pour Amandine Clerc Marie : « La création, c'est toute ma vie, parce que je crée des parfums, mais cela ne s'arrête pas là. C'est un état d'esprit, une manière de vivre. Cela ne s'arrête jamais. Je suis tout le temps en train de créer, que ce soit des parfums ou des ambiances chez moi, je ne peux pas m'en empêcher. Cela bouillonne à l'intérieur et cela ne s'arrête jamais. » Parfumeuse principale chez DSM Firmenich, elle confie : « Parfumeur, avant tout, c'est traduire des histoires, des émotions en parfums. C'est se servir des matières premières qui sont à la disposition dans la palette du parfumeur pour provoquer des émotions et raconter des histoires olfactives. » Née à Colombes, en région parisienne, Amandine Clerc Marie, après un baccalauréat scientifique, commence des études en médecine. Mais rapidement, son cœur la pousse vers un autre univers : celui du parfum. « C'est un domaine que je connaissais parce que ma maman travaillait chez Givaudan, une autre société de parfumerie. Elle n'était pas du tout parfumeuse, mais j'ai pu aller visiter les locaux et découvrir les labos de parfumerie. Là, j'ai compris qu'on pouvait créer des odeurs, les garder avec soi et les enfermer dans des petites bouteilles. J'ai trouvé cela magique. Depuis toute petite, je faisais des mixtures dans mon jardin, je mélange des pétales de fleurs, des épices, de la terre... Bref, j'ai toujours fait des mélanges et je me suis dit : "mais c'est un métier ". Cela a été une révélation », affirme-t-elle. Pour Amandine Clerc Marie, la parfumerie est un art qui repose d'un côté sur la connaissance scientifique, avec la compréhension de la chimie des molécules, les techniques d'extraction, la stabilité des compositions, et de l'autre, la créativité, essentielle pour imaginer des fragrances uniques, évoquer des émotions et raconter des histoires. Amandine Clerc Marie maîtrise donc, avant tout, ses matières premières. « J'utilise des huiles essentielles comme la lavande, le patchouli, la rose, mais je suis obligée de travailler également avec des molécules. Les molécules, c'est ce qui va faire que le parfum dure dans le temps, la puissance, la modernité, le confort, tout le côté moderne. L'un ne marche sans l'autre. La recherche avance. Maintenant, nous avons accès à une nouvelle technologie chez DSM Firmenich qui s'appelle le Firgood. Cela nous permet d'extraire des matières premières naturelles comme la lavande ou la rose, comme avant, mais avec les méthodes traditionnelles d'extraction, on ne pouvait pas extraire les matériaux qui contenaient beaucoup d'eau, comme les fruits. Grâce à la technologie du Firgood, on arrive maintenant à avoir une essence de poire, de fraise et on peut même traiter les matières premières classiques de la parfumerie d'une manière différente, comme la vanille. Maintenant, nous avons une vanille Firgood qui nous amène des nouvelles facettes à la vanille. Cela nous permet aussi de faire parler les fleurs qui étaient dites ''muettes en parfum'', comme le muguet », explique-t-elle. Pour la création d'une senteur, Amandine Clerc Marie pense, avant tout, à la formule : « Je n'ai pas forcément dans mon esprit la personne qui va porter le parfum. Ce serait trop réducteur. Je pense au parfum, à ses qualités techniques, aux volumes, au plaisir, à la puissance. Je suis, donc, vraiment axée sur mon parfum. Après, il trouve son public ou pas. Je pense vraiment le parfum d'une manière indépendante des personnes qui vont le porter. Je suis axée sur le côté technique, innovation, création, volume, diffusion et d'essayer de trouver toujours de nouvelles choses à dire, essayer de trouver de nouvelles associations. J'essaie, à chaque fois que je commence un projet ou un parfum, d'avoir une association inédite ou d'avoir un propos très fort, un accord très fort, olfactif. Ensuite, je travaille autour de l'esthétique, la diffusion. Mais je suis très centrée sur mon parfum. » Amandine Clerc Marie commence souvent par des directives précises, pour définir l'univers, l'émotion ou le message à transmettre. La collaboration en équipe est essentielle pour affiner la composition, tester sa stabilité et l'ajuster, jusqu'à sa...
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  • Emma Style: la mode et l'accompagnement des femmes, par Emmanuelle Jodan Adjovi
    Nov 8 2025
    Emmanuelle Jodan Adjovi est une créatrice de mode béninoise installée au Sénégal depuis 1996. Elle y a fondé sa maison de mode Emma Style. Passionnée, résiliente et engagée, elle a su transformer sa passion en entreprise florissante, créant ainsi des emplois. Elle est également active dans le coaching et l'accompagnement des femmes, notamment via le réseau « Fiers d'Elles », qu'elle a contribué à développer. Le parcours d'Emmanuelle Jodan Adjovi est une déclaration d'amour à la mode, mais aussi un engagement pour l'émancipation des femmes africaines. Nous l'avons rencontrée lors du Yas FIMO228 à Lomé. « C'est mon défouloir, mon exutoire. J'adore créer. J'adore créer des vêtements, vous voir, avoir envie de vous créer quelque chose en fonction de votre travail, de vos activités, quelque chose de pratique, et aussi les relations clients. Mais créer, cela m'apaise », nous dit-elle. Elle nous explique la genèse de son projet : « J'ai lancé la marque parce que les gens me complimentaient sur ce que je portais. Alors je me suis dit ''comment je vais nommer la marque ?''. Étant du marketing, je trouvais qu'Emmanuelle Style, cela faisait très long. J'ai coupé Emmanuelle en Emma, donc, Emma Style. » Née à Cotonou, au Bénin, Emmanuelle Jodan Adjovi a grandi et vécu son enfance en France. Elle suit tout d'abord des études en pharmacie avant d'être rattrapée par sa passion pour la mode. En 2006, cette autodidacte lance officiellement son atelier et sa marque Emma Style. Elle raconte : « J'avais 24 ans, j'ai commencé par le marketing et la communication. C'était génial. De plus, j'aime tout ce qui est métiers de contact. J'ai commencé ma carrière professionnelle par la communication et j'aimais m'habiller un peu différemment. J'aimais porter le tissu autrement parce que c'est simple. Les copines avec qui j'avais les mêmes goûts, nous nous retrouvions à avoir les mêmes hauts, c'était marrant. Suite aux compliments des gens que je rencontrais, je me suis dit ''tiens, pourquoi je ne lancerais pas ma marque de vêtements ?'', comme un jeu. J'ai travaillé comme déléguée médicale dans un laboratoire pharmaceutique au Sénégal, et quand j'ai décidé de me lancer, j'ai pris une disponibilité, puis j'ai créé ma société. Aujourd'hui, la maison de mode est toujours rue Carnot. Et avant, j'avais créé mon agence de communication. » C'est au Sénégal, un pays qu'Emmanuelle Jodan Adjovi aime profondément, qu'elle trouve sa voie. Agence de communication, coaching, maison de mode... La créatrice béninoise lance également son édition du Emma Style Show. « Tout ce que j'ai appris dans la mode, je l'ai appris avec mes tailleurs. J'ai gardé mon agence de communication, les clientes que je rencontrais dans le cadre de mon travail faisaient des tenues chez moi. Au fur et à mesure, j'ai appris les codes de la mode. Après, j'ai lancé mon dîner de gala Emma Style Show parce que je voulais me faire connaître. Mais j'ai eu le syndrome de l'imposteur. Je me disais ''mais comment je vais venir dire que je suis styliste ? Les gens me connaissent déléguée médicale''. J'ai appris comment faire des collections, qu'il fallait avoir un fil conducteur. Au bout de la quatrième édition, les autres créateurs, dont Gilles Touré, qui était la personne qui m'inspirait le plus, ont voulu participer à cet événement. Puis, c'est devenu un dîner de gala international. Aujourd'hui, c'est un dîner caritatif, et chaque créateur vient montrer ce qu'il sait faire. Quand je me suis lancée dans la mode, je ne l'ai pas dit à mes parents. À la cinquième édition du Emma Style Show, le président Wade, en son temps, m'a reçu en audience et a été le parrain de l'événement. Là, j'ai invité mes parents. Et quand ils sont venus, vous imaginez tout le protocole. Mon père m'a dit "Tu fais quoi déjà au Sénégal ?". Il a vu tout le monde, un dîner de 350 personnes. Il a dit à ma mère ''Tu es sûre que ta fille fait de la couture et que cela rapporte ?''J'ai dit ''Mais papa, la mode c'est une entreprise". » Née d'une envie d'habiller différemment, de casser les codes, de valoriser la culture africaine à travers des tissus comme le wax ou le pagne tissé, Emmanuelle Jodan Adjovi voit la mode comme un outil d'engagement social, à l'instar de la collection qu'elle a présentée au Yas Fimo228, placée sous le thème « La mode pour un monde sans cancer ». « Cela part un peu du noir et du doré, parce que la thématique du cancer, c'est quelque chose d'assez lourd. Et puis, cela passe à des couleurs un peu plus joyeuses et d'espoir pour dire ''oui, c'est vrai, cela existe, on va se sensibiliser, on va essayer de porter la voix à travers la mode pour cela''. Et la collection finit avec du rouge bordeaux, de la broderie. Aujourd'hui, ce qui fait la particularité d'Emma Style au Sénégal, c'est le mélange de cultures. Parce que j'ai...
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  • La faïencerie Henriot et le made in France de François Le Goff
    Nov 1 2025
    Le salon du made in France aura lieu, à Paris, du 6 au 9 novembre prochain. Cette 13ᵉ édition du MIF Expo célèbre la fabrication française. Une belle occasion de découvrir un homme qui incarne la tradition bretonne et le savoir-faire français : François Le Goff, propriétaire de la faïencerie Henriot. Nous avons visité cette Faïencerie installée à Quimper depuis un tiers de millénaire avec son bol emblématique breton au prénom du destinataire. François Le Goff nous raconte comment derrière chaque objet fait main, il y a une histoire, une passion, une tradition. Son parcours témoigne d’un attachement profond à ses racines bretonnes, aux techniques artisanales, et à la transmission de ce savoir-faire aux générations futures. « Tout est fait dans un même bâtiment. Nous n’avons rien d'autre à l'extérieur. Le stockage et la transformation de la matière première pour faire ce que nous fabriquons. Nous façonnons tout. On sèche, cuit, stocke le produit fini et on le vend dans notre magasin d'usine qui est au même endroit », détaille François Le Goff, directeur et propriétaire de la faïencerie Henriot. « Les trois grands postes : la terre, les émaux et les pigments de couleur, parce que la terre, nous sommes obligés de l'acheter à l'extérieur parce que nous sommes en plein centre-ville. Historiquement, c'est ici que la faïence a commencé. Les bâtiments extérieurement sont tous un peu différents au niveau de la structure parce qu’ils ont été construits au fur et à mesure. La faïencerie s'est agrandie dans l'enclave du bâtiment, ils ont rajouté des bâtiments successifs et nous avons six bâtiments de styles différents, parce que c'est au fur et à mesure qu'ils aménageaient un bâtiment, plus un bâtiment, plus un bâtiment. », décrit François Le Goff Né à Paris, mais Breton d’origine, François Le Goff a vécu toute son enfance à Nantes. Cet ingénieur, en 2011, décide de racheter la faïencerie Henriot, alors en liquidation. « C'est quand même bizarre qu'un fleuron de fabrication française s'arrête, c'était dommage et donc nous avons fait une proposition et nous étions les seuls à proposer de continuer l'activité en France. Nous étions, peut-être, un peu naïfs parce que nous n’étions pas du tout du milieu. Je suis de formation ingénieur en électronique, donc rien à voir avec la faïence, rien à voir avec la technique de la faïence. Mais par contre, à partir du moment où on s'intéresse au fonctionnement et qu'on met les mains dedans, ça reste un procédé de fabrication ancestral. Nous n’avons pas des machines ultra-sophistiquées, nous sommes sur des tours qui ont une cinquantaine ou centaines d'années. Cela reste de la mécanique pure. En réfléchissant pour essayer de comprendre comment à l'époque les gens avaient conçu ces machines-là, on arrive à les entretenir, les réparer et potentiellement améliorer quelques systèmes pour que cela fonctionne aujourd'hui. » La démarche de François Le Goff est motivée par un attachement sentimental, mais aussi par la volonté de préserver un patrimoine régional et national. « Mes parents sont bretons à l'origine, mes grands-parents également. Nous venions en maison de vacances, il y avait du Henriot chez nous parce que, en gros, tout Breton a forcément dans sa maison quelque chose en Henriot. Avant les années 2000, on avait besoin d'une assiette, d'un bol, c'était forcément du Henriot parce qu'il n'y avait pas Internet. On ne faisait pas 50 kilomètres pour aller visiter une fabrique de faïence ou autre chose. Cela a vraiment changé. C’est à partir des années 2000, qu’il y a eu le déclin de la faïence, parce que les gens pouvaient acheter à distance. Ils ont pu se rendre compte qu'il y avait d'autres formes, d'autres choses qui se faisaient, la diversité de l'offre fait que, forcément, les Bretons se sont inspirés et sont allés chercher des pièces ailleurs. Ce qui est logique. Et inversement. Et c'est pour ça qu'on a des commandes qui viennent des États-Unis, d'Australie, de Nouvelle-Zélande, parce que les Français expatriés là-bas veulent ramener un petit bout de leur patrimoine." La faïencerie Henriot avec ses 335 ans d’existence fait partie des dix plus anciennes entreprises de France, elle a su traverser les siècles en conservant ses méthodes de fabrication. Installée en plein cœur de Quimper, ses ateliers sont remplis d’un savoir-faire notamment dans la maîtrise des formes et la décoration à la main, comme celui de son bol iconique en céramique blanche au motif folklorique et prénom du destinataire. Un souvenir incontournable de la Bretagne. « Le bol, il y en a partout ! Mais, il faut bien différencier le bol qui est 100 % fabriqué à Quimper, à la main, du bol fabriqué à la chaîne à la fois en Chine, au Portugal et même maintenant en France. Il y a des usines qui se sont implantées en ...
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    9 min
  • Jacquie Atandji, une créatrice qui valorise l’artisanat africain et la mode
    Oct 25 2025
    Aujourd’hui, nous vous emmenons à la rencontre d’une femme passionnée, Jacquie Atandji, créatrice togolaise. Son travail incarne la richesse de l’artisanat africain. Bijoux, accessoires et vêtements à travers ses créations, elle veut contribuer à moderniser la mode africaine tout en valorisant son histoire. Son parcours voit la beauté dans la tradition, tout en la rendant moderne et accessible à tous. Nous l’avons rencontrée lors du Yas FIMO228 à Lomé, un évènement mode organisé par Jacques Logoh. C'est une bouffée d'oxygène, une thérapie. La création, je crois que cela prend tout mon temps, enfin 90% de mon temps. Mais comme c'est une passion, je n'ai pas l'impression de travailler. Cela fait partie de moi, je ne me pose pas de questions ! Jacquie Atandji, fondatrice de Jacquie Créations. Je me lève, je me mets au travail. Ce que j'ai rêvé la nuit, j'essaye de le créer ou ce à quoi j'ai pensé dans la semaine ou la veille parce que j'ai vu une forme ou une couleur, ou j'ai vu passer quelqu'un qui a un joli tissu. Enfin, j'essaie de mettre mes inspirations en forme. Jacquie Atandji est une créatrice togolaise reconnue pour ses bijoux et accessoires en matériaux locaux. Autodidacte, elle a lancé sa marque dans les années 2000. D’abord en façonnant des bijoux, puis des sacs, des vêtements et enfin des objets de décoration intérieure. Elle combine son amour de l’artisanat africain et sa vision contemporaine de la mode. Son parcours est marqué par une détermination sans faille qui incarne la force créative de l’Afrique. Ses collections sont dédiées à ses matières préférées. « Je voulais montrer la diversité des tissus qui se trouvent en Afrique en passant par le tissé main, le batik en passant par des tissus plus soyeux, plus luxueux, rajouter une touche de maroquinerie et de bijoux. Il faut que je montre ce que je fais avec la matière qu'on trouve en Afrique, parce qu'on a vraiment de belles matières premières pour la création. J'aime toutes les matières que j'utilise. Je n'aime pas les matières synthétiques. Ma préférence va aux tissés main de différents pays où je vais. Donc, je travaille pas mal les tissés. Mais j'aime aussi le cuir pour le côté luxueux que cela donne aux créations de sacs et de pochettes que je propose. J'aime aussi le bronze parce que je trouve qu'on peut le travailler, le moduler comme on veut. Ce sont mes trois matières de prédilection », souligne-t-elle. Jacquie Atandji a commencé son aventure dans un contexte où la mode africaine était encore perçue comme traditionnelle ou peu adaptée à la vie moderne. Elle a su faire évoluer cette perception en créant des bijoux, sacs et vêtements ainsi que des objets de décoration intérieure qui mêlent savoir-faire ancestral et design contemporain. « Cela s'est fait naturellement parce qu'au début, quand je faisais les bijoux, j'avais toujours des pantalons en wax et j'avais toujours des bouts de tissus qui traînaient. Je ne savais pas quoi en faire, mais je ne voulais pas jeter. À l'époque, j'étais très économe et donc je gardais tous les morceaux. Quand j'ai ouvert ma boutique, j'ai commencé à faire les premiers accessoires en wax parce que j'avais des restants de mes vêtements. Évidemment, au Togo, le wax se porte coupé à la madame et tout le monde me disait : "Qui va acheter ?" Mes amies me disaient : "Jacquie, on veut bien te soutenir, on va acheter des bijoux, mais on ne va pas acheter des sacs et des pochettes en wax." Curieusement, les Occidentales venaient acheter mes sacs en wax, pas les Togolais au départ. Maintenant, cela a changé. Tout le monde porte le wax ! Tout le monde le porte de toutes les façons possibles. Et je pense que c'est aussi parce que nous avons modernisé la façon de couper, de coudre et de le porter. Avant, cela se portait en jupe pagne, plus le haut, plus le troisième pagne que tu mets par-dessus. Maintenant, en wax, il y a des combinaisons, jupes, pantalons, des vêtements modernes, contemporains », explique-t-elle. Son processus créatif est spontané. Jacquie Atandji s’inspire de ses balades sur les marchés, des couleurs, des formes, et de ses voyages, d’une silhouette qui passe. « Je peux très bien tomber sur de la matière première qui me plaît par la forme, la couleur, et puis j'achète. Je me dis : "Ah, tiens, ça, je peux en faire quelque chose." Quelquefois, c'est juste une odeur ou une balade dans un marché qui m’inspire. J'imagine quelque chose que je dessine à l'avance et je sais ce que je veux faire. Mais souvent, je change d'avis en cours de création parce que je peux commencer, donner une autre forme, surtout pour les bijoux. Finalement, je me retrouve avec cinq modèles différents qui deviennent tous des pièces uniques, alors que je voulais faire un collier et la même chose pour les vêtements. Je pars sur une idée et puis, parfois, je pars, je...
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