Page de couverture de Alter ego

Alter ego

Alter ego

Auteur(s): RFI
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À propos de cet audio

Alter ego, c’est le podcast RFI qui donne la parole à celles et ceux que l’on croise au détour d’une rue, quelque part dans le monde, sans en deviner ni l’histoire ni le parcours. Alter ego, c’est eux, c’est vous... ou plutôt nous, puisque chaque récit est raconté à la première personne, par les protagonistes eux-mêmes. Parce qu’écouter les autres, c’est se donner la chance de mieux les comprendre, Alter ego est une invitation à écouter les récits intimes de ceux qui nous entourent. Entre espoir, résilience et humanité, découvrez ces trajectoires individuelles que la grande histoire a bien souvent bousculées.

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Sciences sociales
Épisodes
  • 3/3 Un système d’adoption orchestré – Les mondes de Yooree
    Apr 3 2025

    Adulte, Yooree part sur les traces de ses origines. De sa vie d’avant, elle retrouve tout, ou presque. Elle cherche à comprendre son histoire, et part en quête d’archives et de témoignages. Elle découvre alors les failles d’un système d’adoption opaque, favorisé par les agences, l’État sud-coréen et la passivité des pays d’accueil. Elle traverse ainsi la grande histoire, celle de 200 000 enfants coréens qui, comme elle, ont été envoyés à l’étranger.

    L’adoption internationale : un système sous influence

    Durant des décennies, la Corée du Sud a envoyé des enfants vers l’Occident au nom d’un besoin humanitaire. Mais quel mécanisme se cache réellement derrière ces adoptions "internationales" ? Dans ce dernier épisode, Yooree remonte le fil de son histoire personnelle. Une quête de vérité qui révèle l’ampleur d’un système organisé, opaque, et parfois illégal.

    « Elle [sa mère biologique] m'a dit "ni ton père ni moi avons signer aucun papier ni pour le renoncement à l'autorité parentale ni pour l'adoption. » — Kim Yooree

    Loin des clichés de l’enfant sauvé de la misère, le témoignage de Yooree met en lumière un engrenage bien rodé : falsification de documents, effacement d’identités, requalifications arbitraires en orphelins pour faciliter des adoptions à l’étranger. Grâce à sa persévérance, elle retrouve sa famille biologique et découvre qu’aucune autorisation légale d’adoption n’a jamais été signée.

    « On [Yooree et son frère] est devenus orphelins [...] il n'y a aucun justificatif, ni de certificat de décès, ni de certificat d'abandon [de nos parents]. » — Kim Yooree

    Une machine bien huilée

    « L'orphelinat, il percevait comme une commission pour chaque départ d'enfant à l'adoption, donc il y avait déjà une transaction. La holt et Les Amis des Enfants du Monde entre eux aussi il y a une transaction. » — Kim Yooree

    Orphelinats rémunérés à chaque départ, agences d’adoption privées à caractère évangélique, absence de contrôle étatique, et complicité passive des pays d’accueil… Pour Yooree, tout indique l’existence d’un marché mondial de l’adoption, fondé sur une logique d’offre et de demande. En 2025, la Commission vérité et réconciliation de Corée du Sud reconnaît des violations graves des droits humains, orchestrées au cœur même de ce système.

    « 200 000 coréens d'adoptés dans le monde c'est 40% de tous les adoptés à l'international, c'est énorme ! Et pourquoi si on était des orphelins la première chose qu'on me demande, quand je dis que j'ai été adopté, c'est "Avez-vous retrouvez vos parents ? Si je suis orpheline, entre parenthèses, mes parents sont morts, je ne peux pas les retrouver. » — Kim Yooree

    Ce dernier épisode, Les mondes de Yooree : Un système d’adoption orchestré, questionne les responsabilités partagées des États, des institutions religieuses, et des sociétés face à l’histoire invisible de 200 000 enfants sud-coréens adoptés à travers le monde. Aujourd’hui, Yooree poursuit son combat : obtenir justice, transmettre la mémoire, et réclamer des réparations pour les victimes d’adoptions illégales.

    Auteur : Nicolas Rocca

    Réalisation : Simon Decreuze, Valentin Wanner et Sylvain Pinot.

    Musique originale : RFI Instrumental

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    25 min
  • 2/3 L’enfance brisée – Les mondes de Yooree
    Apr 3 2025

    À onze ans, Yooree et son frère sont envoyés en France. Arrachée à la Corée du Sud et à ses grands-parents, elle découvre une autre langue, une autre culture. Comment survivre au déracinement, au rejet, et à la violence de sa famille adoptive ? Pour Yooree, cette nouvelle vie sonne la fin de l’enfance... et le début de l’enfer.

    Le témoignage accablant d'une adoptée coréenne en France

    En juin 1984, à seulement onze ans, Kim Yooree quitte sa Corée natale pour rejoindre une famille adoptive en France. Ce départ, présenté comme temporaire, devait être la garantie d'un avenir radieux. Pourtant, dès son arrivée, la promesse s’effondre. Dans le silence d’une maison de province, Yooree découvre un univers de violences sexuelles, physiques et psychologiques.

    « Je n’ai pas voulu lâcher la main de mon escorte, parce que c’était mon seul lien qui me retenait à la Corée. Il [l'escorte] m’a pris la main et puis quand mon père adoptif s’est présenté, il a donné ma main à la main de mon père adoptif et là il [le père adoptif] ma regarder d’une manière dont aucun homme dans ma vie m’avait regardé comme ça. J’ai senti une peur comme un animal qui étais chassé. » — Kim Yooree

    Des violences institutionnalisées

    « Il [le père adoptif] nous demande de nous déshabiller et il nous met à genoux devant le radiateur, il pouvait nous laisser comme ça une heure comme cinq heures. » — Kim Yooree

    Placée dans cette famille par l’intermédiaire de l’agence d’adoption fondée par un couple d’évangélique la Holt, célèbre pour son rôle dans l’adoption massive d’enfants sud-coréens, Yooree devient la proie de son père adoptif. Pendant des années, les agressions s’enchaînent. Personne ne l’écoute. Personne ne l’aide.

    « On [Yooree et son frère] a été tous les deux malades. Mon frère a vomi sur le siège, mon père adoptif à garer la bagnole au bord de la route et on n'a pas trop compris ce qu’il nous a dit mais ce n’étais pas très gentil. Il a foutu une claque à mon frère et il l’a attrapé en lui disant de nettoyer, de lécher le vomi. » — Kim Yooree

    Un calvaire à huis clos

    « Il me fout une claque, je suis tombé par terre, et là je réalise que ça ne peut plus durer. » — Kim Yooree

    Ce n’est qu’à 17 ans que Yooree parvient à fuir un foyer devenu prison. Son témoignage, d’une puissance bouleversante, révèle les failles béantes du système d’adoption internationale et les risques auxquels sont exposés des enfants déplacés à l’autre bout du monde sans réel suivi. Où étaient les services sociaux ? Que savait réellement l’organisme français qui a supervisé l’adoption ?

    Les mondes de Yooree : l’enfance brisée, c’est une immersion dans la réalité crue des dérives de l’adoption transnationale. Un récit nécessaire, porté par la voix de Yooree, pour faire entendre celles et ceux qu’on a trop longtemps réduits au silence.

    Auteur : Nicolas Rocca

    Réalisation : Simon Decreuze, Valentin Wanner et Sylvain Pinot.

    Musique originale : RFI Instrumental

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    28 min
  • 1/3 Séoul, avant l'exil – Les mondes de Yooree
    Apr 3 2025

    Yooree nous plonge dans ses souvenirs, et raconte les premières années de sa vie. Elle voit le jour dans une famille modeste, dans la Corée des années 1970, contrôlée d’une main de fer par l’armée. Pour Yooree et son frère, l'enfance est parsemée d’épreuves et de brefs moments de répit. Jusqu’à ce jour de mai 1984, qui fera basculer sa vie.

    Avant l’exil : enfance abandonnée, la Corée effacée

    Entre 1970 et 1990, plus de 200 000 enfants sud-coréens ont été adoptés à l’étranger. Derrière cet exil massif dissimulée par des justifications humanitaires, se cache une politique d'exportation de masse marqués par le déracinement et le mensonge. Cette histoire a bouleversé des vies, comme celle de Kim Yooree, adoptée en France à l'âge de 11 ans.

    Dans ce premier épisode du podcast Alter Ego, Yooree revient sur son enfance à Séoul. Après le divorce de ses parents, elle et son frère se retrouvent livrés à eux-mêmes. Elle raconte leurs errances, leurs ruses pour survivre, et la peur constante d’être envoyés en un foyer.

    « Le soir, il y avait un couvre-feu. Donc on restait dans le marché et on dormait sous des chariots. Des fois, on voyait les lampes des flics qui faisaient la ronde et je disais surtout de ne pas bouger, ne pas crier, rien, ne pas parler. Parce que s'ils nous attrapent, ils vont nous envoyer dans un orphelinat. On ne veut pas aller dans un orphelinat. » — Kim Yooree

    Un exil institutionnalisé sous dictature

    Au moment où Yooree entre à l’orphelinat, la Corée du Sud est dirigée par une junte militaire déterminée à offrir une image moderne du pays lors des Jeux olympiques de 1988. Une politique brutale de "purification sociale" cible les populations marginalisées : enfants errants, mendiants, handicapés. L’orphelinat, parfois une solution temporaire pour les parents pauvres, devient un sas vers l’adoption internationale, au mépris des droits familiaux.

    « La violence et la faim c’est ce qui m’a le plus frappé, je suis resté presque 23 mois là-bas [à l’orphelinat]. Je me disais que si mes grands-parents savaient, ça serait impossible qu’ils nous laissent dans un endroit aussi inhumain. » — Kim Yooree

    Une mémoire collective effacée

    Le récit de Yooree, accompagné par la voix du journaliste Nicolas Roca, ancien correspondant de RFI à Séoul, met en lumière les zones grises d’un système d’adoption internationale orchestré à grande échelle, sans contrôle, ni suivi. Yooree incarne cette mémoire invisible des enfants confiés à des étrangers à l'autre bout du monde, sans consentement, ou explication.

    Écoutez Les mondes de Yooree : Séoul, avant l’exil pour comprendre l’envers d’une politique d’adoption de masse méconnue, entre silence, résilience et injustice. Abonnez-vous à Alter Ego pour découvrir les autres volets de cette série sur l’exil et la quête d’identité.

    Auteur : Nicolas Rocca

    Réalisation : Simon Decreuze, Valentin Wanner et Sylvain Pinot.

    Musique originale : RFI Instrumental

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    23 min
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