Page de couverture de Chronique des médias

Chronique des médias

Chronique des médias

Auteur(s): RFI
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L’actu des médias, les médias dans l’actu : tel est le propos de cette chronique qui se propose de décrypter ce qui change les médias à l’ère numérique - et donc la façon dont on est informé. Les évolutions technologiques, la crise des modèles classiques, les nouveaux vecteurs d'information... Tels sont quelques-uns des éléments qui seront explorés sur la planète média. Tout en couvrant les grands événements «médias» qui touchent la France, une attention particulière sera accordée à l'actualité internationale des médias, notamment intéressant les pays du Sud. La chronique pourra revenir aussi avec un regard critique sur la façon dont les médias couvrent certains évènements et sur la façon dont les médias sont eux-mêmes transformés par une actualité qui leur est propre. En partenariat avec le magazine «Stratégies».

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Épisodes
  • La guerre des trônes autour de Warner Bros Discovery
    Dec 15 2025

    Paramount Skydance a lancé lundi 8 décembre une offre publique d'achat hostile sur Warner Bros Discovery, tentant de doubler Netflix.

    Jusqu'au lundi 8 décembre, on pensait que l'affaire était pliée : Netflix allait acquérir Warner Bros Discovery, c'est-à-dire les fameux studios de production de Hollywood et la plateforme de streaming HBO Max. Cela lui aurait permis de passer de 300 à 420 millions d'abonnés dans le monde. Pour 83 milliards de dollars, au troisième trimestre 2026, le géant de la vidéo par abonnement devait mettre la main sur cet empire mythique du cinéma et de la production audiovisuelle en reprenant tous les actifs à l'exception des chaînes du câble, en premier lieu CNN.

    Un accord de négociation exclusive avait été signé et il ne restait plus qu'à obtenir le feu vert des autorités de la concurrence, y compris en Europe. La crainte était de voir Netflix absorber Hollywood en le soumettant à ses propres règles, ce qui faisait redouter des réductions d'emplois, des baisses de salaires et surtout une diminution – au bénéfice de la plateforme – des sorties en salles de grosses productions comme Barbie, Dune ou Superman.

    Mais voilà qu'un autre personnage s'est invité dans le scénario : David Ellison, patron de Paramount depuis cet été et fils du fondateur d'Oracle Larry Ellison, deuxième fortune mondiale et ami de Donald Trump.

    Une proposition qui rebat les cartes

    Paramount ne propose pas un accord comme Netflix. Son patron David Ellison, qui avait été jusqu'ici éconduit, déclenche une offre publique d'achat hostile jusqu'au 8 janvier pour racheter les actions du groupe en cash, en incluant les chaînes de télévision et bien évidemment CNN. L'opération avoisine au total les 108 milliards de dollars, mais comme il intègre les chaînes et reprend la totalité de la dette, il n'est pas nécessairement le mieux-disant face à Netflix. Une dimension politique entre surtout en jeu si on considère que le montage financier se fait avec l'appui de Jared Kushner, le gendre du président et de fonds saoudiens ou qatariens.

    Donald Trump a déjà déclaré qu'il attendait que CNN se retrouve entre des mains amies. Le président a beau brouiller les pistes en ne disant pas de mal de Netflix, associé aux Démocrates, on se souvient que l'arrivée de David Ellison à la tête de Paramount lui a rendu service. Elle a permis de placer une anti-woke à la tête de la rédaction de CBS News (la journaliste Bari Weiss), de supprimer le late show de Stephen Colbert sur cette chaîne et d'aboutir à une transaction à 16 millions de dollars en faveur de Trump après une émission de 60 minutes sur CBS jugée favorable à Kamala Harris.

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  • Labellisation des médias: bataille politique sur l'audiovisuel public
    Dec 5 2025

    Retour sur la bataille politique que se livrent les médias du groupe Bolloré autour de l'audiovisuel public en France.

    Radio France et France Télévisions ont longtemps ignoré cette bataille jusqu'à ce que ces deux groupes décident de répliquer en assignant en justice pour dénigrement CNews, Europe 1 et le Journal du dimanche. Et c'est vrai que ce qui frappe, c'est le caractère massif, répétitif de l'éreintement de l'audiovisuel public, avec une orchestration synchronisée sur les médias de Bolloré. Un phénomène inédit, au point qu'on a l'impression d'une vraie campagne de presse visant à affaiblir des concurrents. Mais il s'agit surtout d'un combat idéologique dont témoigne par ailleurs une commission d'enquête du parti d'Éric Ciotti, allié du RN. La dénonciation d'un gaspillage d'argent public sert de prétexte, car ce qui est voulu, c'est la privatisation des médias publics, comme le réclame le RN. Et, ce qui est ciblé, ce sont les valeurs du service public: l'indépendance de ton de ses journalistes, l'attachement au pluralisme et à l'État de droit, et bien sûr tout ce qui est rattaché au wokisme, donc à la défense des libertés multiples.

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    Nouvelle offensive contre le service public

    L'émission de France 2 Complément d'enquête est ciblée. Un numéro consacré à CNews, la semaine dernière, a servi de déclencheur à une nouvelle offensive contre le service public, soupçonné d'être un repaire de gauchistes. Il a suffi que l'Arcom ne valide pas des chiffres sur le temps de parole des politiques sur la chaîne d'info, telle que l'avançait Complément d'enquête à partir de données de RSF, pour déclencher une nouvelle salve. L'émission a dû retirer au dernier moment cette séquence chiffrée, qui montrait que les politiques de gauche étaient relégués la nuit sur CNews, et aussitôt celle-ci y a vu la preuve d'une volonté de désinformer.

    Emmanuel Macron accusé de désinformer

    C'est une bataille politique qui vise Emmanuel Macron. Parce que, de son côté, le président a repris l'idée prônée par Reporters sans frontières, d'un label visant à favoriser les médias d'information par rapport aux infox sur les réseaux sociaux. Et aussitôt, les médias de Bolloré y ont vu une volonté de contrôle de l'information, ce qui a amené l'Élysée à les accuser de désinformation puisqu'il n'a jamais été question d'un label d'État, mais d'un outil professionnel comme la Journalism Trust Initiative, auquel ont adhéré France Télévisions, France Médias Monde et plus de 2000 médias dans le monde. Du coup, CNews a à son tour accusé Macron de désinformer, dans une rhétorique qui rappelle Donald Trump et s'inspire de Viktor Orban, le premier ministre hongrois, qui a mis au pas l'audiovisuel public après avoir fait racheter les médias privés par des amis.

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  • «L'Orient Le Jour», journal de référence des chrétiens libanais à travers le monde
    Nov 28 2025

    À l'occasion de la visite du pape Léon XIV au Liban, à partir de samedi 29 novembre, RFI s'intéresse au titre de presse L'Orient Le Jour. Un journal centenaire qui joue un rôle important auprès des chrétiens libanais partout dans le monde.

    L'Orient Le Jour n'a pas pu fêter ses 100 ans l'année dernière, en raison des bombardements israéliens sur la banlieue sud de la capitale du Liban. Dimanche 23 novembre, malgré le cessez-le-feu, une frappe d'Israël a encore tué cinq personnes dans la banlieue sud de Beyrouth, dont le chef d'état-major du Hezbollah. Depuis le toit du journal, dans le quartier de Hazmieh, on pouvait voir ces bombardements.

    Le titre est né en réalité en 1971 de la fusion de deux journaux chrétiens, L'Orient et Le Jour. Il se déclare favorable au « dialogue des cultures et des religions », défend « l'ouverture à l'autre » et affiche son attachement à la démocratie. Il suit donc la visite du pape en Turquie et au Liban avec attention, voyant en Léon XIV le « porteur d'un message de paix et d'espoir », comme le titre le journal, en reprenant les termes du Vatican. Il indique aussi comment se rendre à la messe du pape dans le centre-ville, où il y a déjà 120 000 inscrits.

    Plus qu'un journal

    Le titre n'est plus diffusé qu'à quelques milliers d'exemplaires, mais ce n'est plus seulement le journal des « tantes d'Achrafieh », comme on le surnommait en référence au quartier chrétien. C'est aussi un média numérique, avec 1,2 million de vues par mois, essentiellement grâce à la diaspora, pour moitié en France. Une diaspora qui lui donne un large écho dans le monde francophone et même aux États-Unis, et lui apporte des souscriptions à distance. Mais cela ne suffit pas à assurer l'équilibre du média, qui perd beaucoup d'argent.

    L'Orient Le Jour veut donc gagner en rayonnement : il produit des reportages vidéos, comme sur la vie au sud du Liban sous les drones israéliens. Et après le lancement d'une version en anglais en 2020, qui reste encore en devenir, il songe sérieusement – selon nos informations – à créer une version arabe, pour développer son influence dans la région.

    Rima Abdul Malak, l'ancienne ministre de la Culture française, en est aussi la directrice depuis le 10 novembre 2025, avec la mission de développer ce journal qui est reconnu pour sa qualité. En témoigne, le prix Albert-Londres remis à sa journaliste Caroline Hayek en 2021 pour sa couverture de l'explosion du port de Beyrouth. Mais l'ex-ministre sera aussi confrontée à un pays très confessionnalisé, soumis à un ultimatum américain sur la remise des armes du Hezbollah, avec des reporters qui ont été pris pour cible par Israël et parfois tués. Enfin, malgré une liberté de ton, les médias libanais sont à la merci d'investisseurs et de partis politiques, et il n'est pas rare de voir des journalistes poursuivis pour diffamation ou fausses informations.

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