Comment les médias français s'emparent-ils de la question du réchauffement climatique ? Peut-on encore parler de déni climatique ?
Il est aujourd'hui difficile de trouver des médias en France qui soient ouvertement climato-sceptiques. Les chaînes généralistes et l'audiovisuel public ont même fait de la sensibilisation à la question climatique un axe central de leur responsabilité sociale (RSE). On trouve donc des sujets sur le dérèglement climatique et des experts en plateau sur TF1 ou des reportages et un journal météo-climat sur France 2. Mais cela ne veut pas dire pour autant que les projecteurs soient suffisamment braqués sur l'incendie, et de la bonne façon.
D'abord, parce que ces sujets ont été moins présents sur les chaînes en 2024 qu'en 2023, d'après l'Institut national de l'audiovisuel, et qu'ils sont encore très minoritaires : près de 3,8% des reportages en 2021-2023, selon Climat Médias.
Ensuite, parce que le dérèglement climatique peut encore sembler lointain si on montre ses effets sur l'Arctique ou la déforestation amazonienne. Or, il est important de faire le lien entre des inondations ou des canicules en Europe et le réchauffement climatique.
Enfin, parce que comme dit le président de la COP30, André Correa do Lago, il faut « changer la perception qu'on ne peut pas combattre le réchauffement climatique », donc éviter tout défaitisme qui conduit à un aquoibonisme ou une anxiété, et montrer les solutions.
Les moins bons élèves sur la question Trois ONG, Data For Good, QuotaClimat et Science Feedback, ont épinglé fin octobre des cas de « mésinformation climatique » qui proviennent essentiellement de médias privés comme CNews, Sud Radio et Europe 1. Ce s'est vu à l'occasion de la prise de fonction de Donald Trump, lors d'une canicule, du débat sur les zones à faible émission ou à propos de la politique de l'énergie. On retrouve un certain relativisme face à l'urgence de modifier nos comportements, une mise en cause de l'efficacité des énergies renouvelables, et une propension à problématiser l'action des écologistes, et plus encore l'idée de décroissance, plutôt que celle des industries polluantes.
Apparition de nouvelles menaces Sur les réseaux sociaux, où l'on sait que les jeunes s'informent en grande partie, des vidéos trafiquées avec Sora, une application d'OpenAI, conduisent à des vues biaisées et pour finir à une certaine déréalisation de catastrophes comme l'ouragan Melissa en Jamaïque. Il y a aussi Grok, l'IA d'Elon Musk, qui nie la validité des rapports du GIEC. Le collectif d'ONG Action Climat contre la désinformation et l'Observatoire pour l'honnêteté de l'information, évoquent une recrudescence de 267% de la désinformation sur des sujets liés à la COP entre juillet et septembre de cette année.
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