Page de couverture de Européen de la semaine

Européen de la semaine

Européen de la semaine

Auteur(s): RFI
Écouter gratuitement

À propos de cet audio

Chaque semaine, la rédaction Europe de RFI, fait le portrait d’un Européen qui est au cœur de l’actualité. Un portrait qui permet de découvrir les acteurs du monde dans lequel nous vivons et d’éclairer les évènements que nous commentons et dont nous témoignons dans les journaux de RFI.

France Médias Monde
Politique
Épisodes
  • Andrej Babis, le retour gagnant du «Donald Trump tchèque»
    Dec 12 2025
    Plus de deux mois après sa victoire sans appel aux élections législatives avec 35% des voix pour son parti ANO, Andrej Babis a été nommé, ce mardi 9 décembre, Premier ministre de la République tchèque. Le milliardaire de 71 ans retrouve la direction du gouvernement après quatre années dans l’opposition, et un virage à droite toute pour cet admirateur déclaré de Donald Trump. C’est un « come-back » politique impressionnant : après avoir passé quatre ans dans les rangs de l’opposition et subi plusieurs enquêtes pour détournements de fonds, Andrej Babis est de nouveau nommé à la tête du gouvernement tchèque. Toute ressemblance avec Donald Trump est parfaitement assumée et même revendiquée par cet homme d’affaires septuagénaire qui a multiplié les références au président américain durant la campagne électorale. La première de ces références étant bien sûr son statut de milliardaire et d’entrepreneur, d’homme d’affaires « contraint » d’entrer en politique pour gérer l'État comme on gère une entreprise. « C'est l’un de ces entrepreneurs qui, à un moment donné, a considéré que son influence économique ne suffisait plus et qui décide de s’impliquer personnellement dans la vie politique, décrypte Jana Vargovcikova, maîtresse de conférences à l’Inalco. Il a créé son parti en 2011, le parti ANO… Les politistes parlent d’un parti-entreprise, c’est-à-dire qu’il ne faut pas imaginer des dynamiques internes, une implantation locale. C’est le chef qui a le dernier mot et qui constitue son équipe autour de lui, comme bon lui semble. » À lire aussiRépublique tchèque: le milliardaire Andrej Babis nommé au poste de Premier ministre Virage à droite La comparaison avec Donald Trump ne s’arrête pas là : comme le président américain, Andrej Babis a dirigé une première fois le pays, de 2017 à 2021, et a ensuite perdu les élections avant de triompher dans les urnes quatre ans plus tard. Et comme Donald Trump, il s’est radicalisé entre son premier et son deuxième mandat. Un virage vers la droite populiste qui n’avait rien d’évident. « N’oublions pas que, jusqu’aux élections européennes de 2024, son parti ANO était associé aux libéraux à Strasbourg, rappelle Jacques Rupnik, directeur de recherches à Sciences-Po Paris. Il a ensuite changé de casquette. C'est le cas de le dire puisqu’il arbore désormais la casquette rouge de Donald Trump. Au Parlement européen, son parti siège maintenant avec les Patriotes de Viktor Orban. Il y a donc un déplacement vers la droite populiste – sans en partager les excès, mais en jouant très clairement sur la fibre nationale-populiste. » Avec une inquiétude à la clé pour les partenaires européens de la République tchèque : Andrej Babis va-t-il jouer les trouble-fêtes à Bruxelles, à l’image de Viktor Orban, le dirigeant hongrois dont il se dit proche ? « On peut s’attendre raisonnablement à ce qu’il s’oppose aux politiques environnementales du Pacte Vert, et qu’il assume une position très conservatrice sur les politiques d’immigration et d'asile », pointe Jana Vargovcikova. « Sur la question du soutien à l’Ukraine en revanche, c’est plus flou. Il a promis de réduire le soutien de Prague à l’Ukraine durant la campagne électorale… mais l’incertitude demeure sur ce point et il n’est pas certain qu’il se mette aux côtés d’Orban pour créer des situations de blocage au moment de renouveler ou d’augmenter l’aide à Kiev. » Un pragmatique, pas un idéologue Accusé par ses adversaires politiques et par le Premier ministre sortant, le libéral Pietr Fiala, de vouloir éloigner Prague de son axe européen et occidental, Andrej Babis s’en défend. Dès le soir de sa victoire électorale, le 4 octobre dernier, il réaffirme sa volonté de maintenir l’ancrage européen et atlantiste de son pays et rejette fermement toute velléité de rapprochement avec Moscou. « De toute façon, il n’ira pas chercher la confrontation à Bruxelles parce qu’il est essentiellement pragmatique et qu’il n’a aucun intérêt, en tant qu’homme d’affaires, à s’éloigner de l'UE », souligne Jacques Rupnik. « Son entreprise agro-alimentaire opère dans plusieurs pays de l'Union européenne, dont l'Allemagne, l'Autriche, la Hongrie, etc. Il sera un compagnon de route des Trumpistes européens, tels qu’ils se mettent en place avec le mouvement des Patriotes au Parlement européen. Mais ce n’est pas un idéologue, il n’a pas pour mission de sauver ou de détruire l’Europe. » Un premier test de ce « Babis bis » se jouera dès le 18 décembre à Bruxelles, où le milliardaire tchèque retrouvera les conciliabules du Conseil européen. À l’ordre du jour, notamment, le financement de l’aide à l’Ukraine par le biais des avoirs russes gelés. Un excellent révélateur des intentions, à l’international, du ...
    Voir plus Voir moins
    4 min
  • Ukraine: Roustem Oumerov, l'homme-clé des négociations de paix, négociateur chevronné mais contesté
    Dec 5 2025
    De retour de Moscou, Steve Witkoff, l’envoyé spécial de Donald Trump, devait rencontrer ce vendredi 5 décembre en Floride le négociateur en chef ukrainien Roustem Oumerov. Depuis la démission du chef du bureau du président Andrii Yermak sur fond de scandale de corruption, le chef du Conseil national de défense et de sécurité a pris la tête de la délégation ukrainienne pour les négociations de paix avec les Américains. Considéré comme un négociateur chevronné, Roustem Oumerov a aussi quelques points faibles. L’ancien ministre de la Défense n’en est pas à sa première mission diplomatique. Il a été membre de la délégation ukrainienne lors des négociations avec la Russie dès 2022. Il a aussi participé aux pourparlers sous l’égide de la Turquie et de l'ONU, qui ont débouché sur un accord pour débloquer les exportations céréalières en mer Noire et a joué un rôle dans les négociations qui ont abouti à des échanges de prisonniers de guerre et de civils. Musulman, Roustem Oumerov est né en Ouzbékistan soviétique, dans une famille de Tatars de Crimée déportée de la péninsule sur ordre de Staline. Cheveux rasés, visage rond, barbe de trois jours, carrure épaisse, toujours vêtu d’un treillis militaire, ce polyglotte a aussi participé cette année à deux cycles de pourparlers à Istanbul avec la délégation russe. Et il était déjà présent en Floride le mois dernier, lorsque le plan de paix en 28 points a fait surface. « C’est un négociateur pas facile, assez compétent, persévérant et méthodique. Il est entré dans le processus de négociation notamment grâce à ses liens étendus avec le monde islamique, puisqu’il est issu du peuple tatar de Crimée. La Turquie lui était donc proche, il s’y sentait à l’aise, et il s’est révélé dans son travail comme un négociateur sérieux et respecté », note le politologue ukrainien Ruslan Bortnik. « Il est l’une des figures de négociation les plus importantes dont dispose encore le président », après la démission du chef de son administration qui menait aussi les discussions internationales pour la partie ukrainienne. À lire aussiUkraine: Roustem Oumerov, un «incorruptible» au ministère de la Défense Réformateur Lorsqu’il a pris le portefeuille de la Défense en 2023, en remplacement d’Oleksiy Reznikov, empêtré dans une affaire de corruption, la société civile, dans l’ensemble, avait applaudi, voyant en Rustem Oumerov, un réformateur qui pourrait mettre de l’ordre dans ce ministère et en particulier dans les achats de matériel militaire. Député du parti libéral d’opposition Holos entre 2019 et 2022, il avait été à la tête de la commission parlementaire chargée de contrôler les livraisons d’armes occidentales, s’y forgeant une réputation de militant anti-corruption qu’il a consolidée en tant que directeur du Fonds des biens d’État, le principal fonds de privatisation du pays. Mais, les attentes de la société civile ont été déçues. « Sa nomination comme ministre de la Défense a été une erreur », affirme Daria Kaleniuk, directrice et fondatrice de l'Anti-Corruption Action Centre (AntAC). « Notre organisation et moi-même avons reconnu que nous nous étions trompés dans notre évaluation de Roustem Oumerov. Nous l’avons fortement critiqué pour sa gestion défaillante du ministère. En réalité, il ne gérait rien du tout. C’était devenu un véritable "ministère du chaos" ». Selon l’experte, l’ancien ministre de la Défense aurait même annulé certaines de ses propres réformes dans le domaine des achats militaires. Sous pression, Roustem Oumerov avait fini par quitter le ministère l’été dernier pour prendre la tête du Conseil de défense et de sécurité nationale, un changement présenté comme une promotion. À lire aussiUkraine: Roustem Oumerov nommé nouveau ministre de la Défense par le président Zelensky « Ministère du chaos » Sa nomination comme négociateur-clé avec les Américains est intervenue après son audition par le Bureau national anticorruption (NABU), le 26 novembre, dans le cadre du vaste scandale dans le secteur de l’énergie. Cette affaire, dont toute l'ampleur n'a pas encore été révélée et qui a poussé à la démission Andrii Yermak, le bras droit du président, a pour personnage principal l’homme d'affaires en fuite Timour Minditch. Selon le NABU, ce dernier est soupçonné d’avoir influencé des décisions de hauts responsables du gouvernement, dont l’ex-ministre de la Défense, Roustem Oumerov. Entendu en tant que témoin, il n’a jusque-là pas fait l’objet d’accusations. « Il est possible que cette nomination doive aussi être perçue comme une tentative du président de protéger une figure politique dont il a besoin », note Ruslan Bortnik, soulignant que le président ukrainien avait utilisé une méthode similaire avec son chef de l’...
    Voir plus Voir moins
    4 min
  • Russie: Naoko, étudiante en musique et chanteuse de rue devenue prisonnière politique
    Nov 14 2025
    En Russie, la chanteuse Naoko, 18 ans, est devenue, peut-être malgré elle, un symbole. La musicienne de rue, de son vrai nom Diana Loguinova, a été, une nouvelle fois, condamnée, le 11 novembre 2025, à une peine de 13 jours de prison, comme son guitariste Alexandre Orlov. Les jeunes musiciens venaient de purger deux peines similaires. Leurs performances publiques, où ils interprètent des chansons de musiciens russes opposés au pouvoir, leur valent des ennuis judiciaires en cascade. Étudiante au conservatoire en classe de piano, Diana Loguinova aime aussi se produire dans la rue, où elle chante, derrière son piano électrique, aux côtés d’un guitariste, Alexandre Orlov, son fiancé, et d’un percussionniste. Avec son visage aux traits poupins, ses cheveux décolorés et ses grandes lunettes aux montures translucides, Naoko et son groupe Stoptime a commencé à chanter à Saint-Pétersbourg en août dernier. La vidéo du concert sur la perspective Nevsky a activement circulé sur les réseaux sociaux et le groupe nouvellement créé a vite gagné en notoriété, attirant des dizaines de spectateurs à chacune de ses performances. Interpelés le 15 octobre, les trois musiciens ont été condamnés à 13 jours de détention pour « trouble à l’ordre public », puis, pour « discrédit » de l’armée russe. À l’issue de cette peine, le batteur du groupe, Vladislav Leontiev, âgé de 18 ans, a été libéré, mais Diana et Alexandre ont été condamnés une troisième fois pour avoir organisé un « rassemblement de masse » sans y être autorisés. Amnesty international estime dans un communiqué que des jeunes gens sont punis « pour leurs performances, qui ont apporté une bouffée d'air frais dans un pays étouffé par la répression et l'autocensure ». Cette pratique des condamnations à des peines d’emprisonnement dites « administratives » pour des motifs souvent futiles ou contestables, comme celui d’avoir gêné la circulation des piétons, a été surnommée « le carrousel », par les défenseurs des droits humains. Son but : effrayer les militants. « Nous constatons que cette pratique est utilisée de plus en plus activement dans les affaires politiques », note Oleg Kozlovsky, chercheur pour la Russie dans les domaines de la liberté d'expression, de rassemblement et des crimes contre les activistes pour Amnesty International. « Contrairement aux affaires pénales, ces cas ne nécessitent qu'un minimum de travail et de préparation. Les tribunaux n’examinent pratiquement aucune preuve. À l'expiration de leur peine, les personnes sont immédiatement arrêtées pour un autre motif. Dans la pratique, elles peuvent donc passer plusieurs mois en détention administrative », explique Oleg Kozlovsky. Cette méthode des petites peines qui s’accumulent permet aux autorités de garder la personne sous pression et de se donner la possibilité de rassembler un dossier pour ouvrir une affaire pénale. « Le comportement des autorités indique que la décision concernant Diana et les musiciens de rue en général n'a pas été prise au Kremlin », estime le critique musical Artemi Troïtsky. « D'une part, les autorités veulent les punir sévèrement et intimider la population. D'autre part, elles craignent que cela ne provoque une réaction forte, de nouveaux actes de solidarité ». De jeunes gens ordinaires Naoko et son groupe ont reçu une vague de soutien à travers de pays : des musiciens leur ont emboité le pas, certains ont été arrêtés et condamnés, comme eux, à des peines de prison. Des affiches avec le visage de la chanteuse ont fleuri dans l’espace public et les vidéos et photos se multiplient sur les réseaux sociaux. « Cette histoire réfute le mythe que les autorités russes s'efforcent de promouvoir, à savoir que l'ensemble de la société russe approuve la guerre ou, du moins, n'y est pas opposée et que tous ceux qui s'y opposent sont une poignée d'agents étrangers rémunérés, qui ont tous quitté le pays. On voit ici des jeunes gens ordinaires qui sortent dans la rue et qui attirent des foules de plus en plus importantes », affirme Oleg Kozlovsky. Si les autorités russes s’en prennent aux musiciens de rue qui portent des messages pacifistes ou critiques du pouvoir, c’est aussi parce qu’ils portent un caractère d’imprévisibilité, estime Artemi Troïtsky, ancien guitariste du groupe rock expérimental Zvuki Mu, qui a participé, dans les années 1980, à l’organisation des petits concerts improvisés entre musiciens en marge des circuits officiels dans des appartements, surnommés « kvartirniki ». « La musique de rue n'a rien à voir avec les concerts dans des appartements, où un cercle très étroit de personnes se réunit et où tout le monde se connaît plus ou moins », note le journaliste musical, désigné par la justice russe « agent de l’étranger ». « Ce type d’événement n...
    Voir plus Voir moins
    5 min
Pas encore de commentaire