C'est un témoignage exceptionnel que RFI vous propose à présent. Celui du commandant de la Garde républicaine du Bénin, c'est-à-dire l'officier supérieur qui a protégé le chef de l'État béninois, Patrice Talon, et son épouse, ce dimanche 7 décembre 2025, à 5h du matin, quand leur résidence de Cotonou a été attaquée. Pour la première fois, cet officier témoigne sur les violents affrontements entre les mutins et son unité devant le domicile présidentiel. Il raconte la détermination des Forces spéciales du colonel Tigri à vouloir capturer ou tuer le chef de l'État, la volonté farouche de la Garde républicaine de défendre le Président et le sang-froid de celui-ci au cœur de la bataille. Il révèle que, le soir même, des Forces spéciales françaises sont arrivées sur place, en provenance d'Abidjan. Le colonel Dieudonné Djimon Tévoédjrè, commandant de la Garde républicaine, répond aux questions de Christophe Boisbouvier. RFI : Colonel Tévoédjrè, alors, il y a eu une tentative de coup d'État dimanche dernier. Comment ça s'est passé ? Effectivement, il y a eu tentative de coup d'État dimanche dernier. Tout a commencé à 2 h 10, où j'ai reçu un appel du général de corps d'armée Bertin Bada, qui est le directeur du cabinet militaire du président de la République, qui m'a alerté qu'il était attaqué à son domicile par des hommes cagoulés. Là, je lui ai demandé la géolocalisation de sa maison pour pouvoir envoyer des renforts dans sa maison. Mais tout de suite, les choses se sont enchaînées parce que, à la suite du général Bada, le général Abou Issa, qui est le chef d'état-major de l'armée de terre, m'a appelé également que, lui aussi, il était attaqué. Alors, j'ai compris immédiatement que ce n'était pas un acte isolé ou de délinquants, mais que ça pourrait être une tentative d'atteinte à la sûreté d'État. Et en tant que premier responsable de la sécurité d'État, j'ai fait alerter la Garde républicaine. Moi-même, je me suis porté au niveau de mon unité pour pouvoir éventuellement défendre la patrie. Cela n'a pas raté parce que les choses se sont enchaînées telles que vous l'avez remarqué. Je précise que la Garde nationale est une création récente du chef de l'État pour pouvoir faire face au terrorisme que nous avons actuellement au nord du pays. Donc, après avoir fait ces actes ignobles de kidnapping, les mutins ont décidé maintenant de s'attaquer aux institutions de la République, notamment à la personnalité du chef de l'État. Et au petit matin, à 5 h et quelques, ils ont attaqué le domicile du chef de l'État où, heureusement, moi-même, je m'étais déjà porté pour organiser la défense aussi bien de la résidence que du palais présidentiel. Donc j'étais présent au domicile du président de la République quand ils ont attaqué, et la horde d'assaillants a attaqué le domicile et nous avons organisé la riposte, et ils ont été surpris de la riposte et de la détermination de mes hommes. C'est cela qui les a mis en déroute. Alors, je crois que les affrontements ont été violents devant la résidence du chef de l'État. Est-ce que le président et son épouse étaient à l'intérieur de leur résidence ? Oui. Non seulement je vous confirme que le président et son épouse étaient présents sur les lieux, mais j'ai été agréablement surpris du courage du président de la République qui était collé à moi en tant que chef militaire, était collé à moi pour suivre les combats. Malgré mon insistance à lui demander d'aller s'asseoir, il a tenu à être à mes côtés et à suivre les opérations. Il l’a fait dès 3 h du matin, où j'ai mis pied chez lui toute la journée, jusqu'au soir où les opérations ont fini. Il était tout le temps avec moi. Ces affrontements devant cette résidence, ils ont duré combien de temps ? Oui, c'étaient des affrontements très violents qui ont duré environ 45 minutes, parce que les assaillants ont attaqué d'abord avec leurs engins blindés. Nous aussi, nous avions nos engins blindés sur place et c'était un combat farouche. Après, ils ont débarqué et ont utilisé les différentes ruelles menant à la résidence. Mais c'est sans savoir que ces ruelles-là étaient bien tenues et ils ont été mis en déroute. Donc ça a duré environ 45 minutes. Est-ce qu'il y a eu des morts ? Oui, je ne peux pas savoir combien de morts il y a eu de l'autre côté. De notre côté, nous avons eu un seul mort et un blessé. Alors c'est une fois qu'ils ont été repoussés par vos hommes que ces mutins se sont dirigés vers la télévision d'État ? Exact. Après avoir échoué dans leur plan de capturer ou d'éliminer le président de la République, ils tenaient quand même à dérouler le plan qu'ils avaient. Donc, ils sont allés à la télévision nationale où ils ont, dans la précipitation, fait passer ce message que vous avez vu. Et pendant qu'ils ...
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