Page de couverture de L'Afrique en marche

L'Afrique en marche

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Auteur(s): RFI
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L'Afrique positive sur RFI pour découvrir et mettre en valeur des initiatives gagnantes du continent. Une entreprise innovante, une idée qui mérite d'être relayée, un projet auquel nous pouvons donner un coup de pouce... Chaque semaine, nous ferons un focus sur l'Afrique qui marche et qui donne envie d’aller plus loin !

Diffusion : dimanche à 5h47, 7h47 et 12h50 TU.

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  • Le centre Akwaba-Mousso, un accueil bienveillant pour femmes maltraitées à Abidjan
    Dec 14 2025
    À Abidjan, depuis 2023, il existe un centre Akwaba-Mousso qui accueille avec bienveillance les femmes et les enfants qui sont victimes de maltraitance, de violences, d’agressions sexuelles. Un refuge pour des femmes désemparées, mais aussi un lieu où l’on apprend à se reconstruire, à repartir dans la vie avec confiance et détermination. Rediffusion du 9 juin 2025 C'est une des rares associations, peut-être même la seule de ce genre en Côte d'Ivoire, qui propose un centre d'accueil pour les femmes et leurs enfants victimes de violence, toutes formes de violences, au sein de la cellule familiale. Akwaba-Mousso : deux mots forts de signification pour Maureen Grisot, cofondatrice et directrice de l'association. « Cela veut dire "Bienvenue à la femme" dans deux des langues principales de la Côte d'Ivoire, en langue akan et malinké ». C'est lorsqu'elle était journaliste en Côte d'Ivoire que Maureen Grisot a constaté le dénuement dans lequel se trouvaient les femmes victimes de violences conjugales. Aussi, a-t-elle créé à Cocody avec d'autres associées ce centre qui prend soin des femmes maltraitées. Bienvenue à la femme « Il était fondamental de créer un centre dans lequel une femme ou un enfant qui a subi une violence peut trouver toutes les réponses dans un même endroit, gratuitement, sans avoir à affronter des jugements et des paroles malveillantes. Une fois qu'on a répondu à l'urgence liée à la violence, on s'est rendu compte que plus les femmes sont vulnérables économiquement, plus elles sont exposées aux violences ainsi que leurs enfants. Donc, il était fondamental d'avoir non seulement l'offre de juristes, d'assistants sociaux, de psychologues, de sages-femmes, mais aussi la mise en sécurité dans un foyer d'hébergement et de trouver des solutions pour qu'elles puissent sortir de ce foyer dans des conditions qui lui permettent de gérer sa famille comme elle l'entend et de ne plus retomber dans le cycle des violences. » Au centre d'accueil, il y a une crèche et aussi un atelier de couture pour aider à la réinsertion professionnelle. Cette femme, qui souhaite rester anonyme, se félicite d'y avoir appris un métier et d'avoir surtout raccommodé un peu de son amour-propre : « Oui, ce centre a été pour moi très bénéfique. C'est très utile parce que je me dis que ce que j'ai appris aujourd'hui, je n'allais pas pouvoir le faire en étant hors de ce centre. Je suis contente parce que moi qui n'avais pas d'importance aux yeux des autres, aujourd'hui, grâce à Akwaba-Mousso, je sais que je suis importante parce que j'arrive à montrer ce que j'ai acquis à d’autres femmes… ». Importante parce que je montre mes acquis à d'autres femmes Nana Sylla Coulibaly, experte comptable et membre du Women Investment Club, conseille et accompagne ces femmes dans leurs projets de s'émanciper économiquement en construisant leur avenir professionnel. « En fait, je suis très émue à chaque fois que je viens ici parce que je suis contente qu'elles ne soient pas réduites au fait qu'elles sont victimes de violences. Elle et moi, on n'a pas ce genre de discussion. On est vraiment très basé sur le business et ce sont des femmes qui ont des rêves, ce sont des femmes qui ont des compétences, ce sont des femmes qui ont envie de faire des choses et je leur apprends à vraiment se forger un mental d'entrepreneur pour vraiment passer à une étape supérieure de reconstruction. On a sélectionné quatre femmes parce qu'on en a eu un gentil bailleur, la fondation Vinci, qui a voulu mettre à disposition des fonds pour financer le lancement de leur business. Ce sont vraiment des personnes formidables, déjà, parce qu'elles ont mis aussi en place un "mentorat" pour ces dames-là et ensuite parce qu’elles sont très impliquées et tout ce qu'elles veulent, c'est vraiment voir ces dames-là s'en sortir. Et devenir autonomes ! ». Autre profil de femme secourue, cette quinquagénaire et son fils, battus par un mari violent, ont trouvé refuge à Akwaba-Mousso. « Vous savez, divorcer en Afrique ou quitter son foyer en Afrique, c'est comme si tu commettais un crime. Voilà, il n’y a personne qui veut te recevoir, c'est pour ça qu'on garde le silence. On subit… c'est pour ça qu'on subit jusqu'à ce que mort s'ensuive quelques fois. Donc, si je n'avais pas eu Akwaba-Mousso pour me soutenir, je serais encore là-bas ou bien peut-être déjà partie… » Au fil de la visite, Maureen Grisot rappelle la philosophie de son centre. « Il n'y a rien de linéaire en fait, il y a tellement de galères dans la vie. On est en Côte d'Ivoire, il n’y a pas de filet social. Donc, ce qu'on a compris aussi, c'est qu'on ne peut pas tout sauver, on ne peut pas tout changer. En revanche, nous, notre rôle, c'est de convaincre les femmes qu'elles peuvent avoir confiance en elles et de les aider à trouver leur voie, à trouver les moyens d'être ...
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  • Au Togo, les enseignants vont au devant des élèves handicapés
    Dec 7 2025

    Avec un programme d’éducation inclusif au Togo, l’ONG Handicap International réussit à démontrer que le handicap en milieu scolaire n’est pas une fatalité. Les formateurs éducatifs de l’ONG, en collaboration avec le ministère de l’Éducation, se donnent les moyens d’aller au devant des élèves et des familles pour que ces enfants puissent suivre une scolarité normale.

    Rediffusion du 4 mai 2025.

    Depuis trois ans, Handicap International a lancé dans la région des Savanes et de Kara dans le nord du Togo, un programme permettant aux jeunes handicapés de suivre une scolarité normale. Jusque-là, peu de moyens étaient mis à leur disposition, qu'ils soient sourds, aveugles ou déficients mentaux. Mais le premier obstacle à franchir était ailleurs : il s'agissait des parents qui souvent refusaient de scolariser leurs enfants par honte ou bien par manque de moyens.

    Un enfant qu'on cache

    « Le point de blocage premier, c'était vraiment le manque d'estime de soi, des enfants et jeunes handicapés et aussi des parents, explique Bénédicte Lare, responsable du programme. Pour eux, quand un enfant est handicapé, ce qu'il n’est bon à rien. Il ne peut pas être dans la communauté comme les autres. Il ne peut pas apprendre comme les autres et c'est un enfant qu'on cache. La pauvreté venait jouer aussi un rôle : le parent, quand il se retrouve avec deux ou trois enfants parmi lesquels il y a un enfant handicapé, va privilégier les enfants non handicapés parce qu’il est limité. Et le troisième critère, c'est qu'en fait, même si certains parents avaient la volonté d'envoyer leur enfant, les structures ordinaires et publiques n'étaient pas prêtes à accueillir les enfants handicapés, peu importe leur type de handicap ».

    L'approche globale du programme permet donc de convaincre parents comme enfants d'aller à l'école, mais surtout de former des encadrants itinérants qui se déplacent de classe en classe en soutien scolaire. Notamment dans les écoles des villages moins favorisés.

    « On fait un gros travail ici, dans la région des Savanes en matière d'éducation inclusive, pointe Yao Gbledjo, enseignant itinérant l'école primaire publique Bogou C dans cette zone venteuse des Savanes. D'abord, c'est grâce à eux (Handicap International, NDLR) que nous sommes devenus professeurs itinérants sur la base d'un concours. Nous étions déjà fonctionnaires sur le terrain quand ils ont lancé ce concours. On a participé, on a été retenus. Après ça, ils nous ont formés sur les différentes thématiques du handicap et après ils nous ont envoyés dans les écoles spécialisées pour des stages, pour pouvoir approfondir notre spécialité avec du matériel pédagogique adapté pour les écoles inclusives. Le même système de professeur itinérant existe aussi au niveau secondaire ».

    Professeur itinérant au niveau secondaire

    Non seulement ce programme forme les professeurs à la pédagogie liée au handicap, permet aux élèves de ne pas stagner à l'école, mais il redonne aussi à l'ensemble du groupe du lien. Un lien tissé par la scolarité. « Du coup, ce sont des enfants qui socialement sont épanouis, qui apprennent comme les autres, qui réussissent même mieux que les autres, confirme Bénédicte Lare. Kombena, par exemple, est toujours la première de sa classe depuis le primaire. Elle se fait respecter par les enfants non handicapés parce qu’elle maîtrise. Elle sait s’expliquer, elle sait répondre et elle sait motiver les autres à apprendre. La cohésion sociale est donc installée. Les parents des enfants handicapés sont aujourd'hui dans les réunions des associations des parents d'élèves. Il y en a qui prennent les responsabilités et qui ont leur mot à dire ».

    Kombena est non voyante. Cette élève de seconde fait partie de ceux qui se sentent valorisés par ces programmes adaptés. « Nos professeurs nous ont bien encadrés, explique-t-elle. Depuis le primaire jusqu'au collège, j’ai étudié l'anglais, la philosophie, l'allemand ».

    Depuis que ce programme scolaire d'intégration existe, il a formé plus d'une centaine de professeurs togolais à l'enseignement d'enfants handicapés dans quinze collèges et écoles primaires. Pas moins de 1 600 enfants handicapés ont ainsi pu suivre la même scolarité que leurs camarades de classe.

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  • La start-up sénégalaise Ecobuilders transforme des pneus recyclés en atout pour les agriculteurs
    Dec 1 2025
    Comment faire en sorte pour les paysans sénégalais de ne plus perdre une partie de leurs récoltes, faute d’entrepôts ou de silos ? Une jeune ingénieur, Marie Ndieguene, s'est posée la question à Dakar et a trouvé une solution simple au sein de sa start-up Ecobuilders. Une solution de conservation qui permet simultanément de ne plus gâcher les pommes de terres ou les oignons récoltés et en plus de recycler des produits qui jusque-là polluaient la nature. Vu de loin, c'est une case comme beaucoup d'autres à base d'argile et de torchis. Mais d'un peu plus près, on comprend qu'il s'agit d'une réserve de produits agricoles constitués de pneus recyclés, de plastique et d'un toit en roseau. Un système ventilé qui permet d'éviter la fermentation et donc le gâchis des récoltes d'oignons ou de pommes de terre au Sénégal. Une invention baptisée I3S pour « solutions innovantes d'espace de stockage ». Marie Ndieguene, ingénieure civile, a eu l'idée de créer cette solution lors d'un voyage d'étude dans la région de Kayar. « Quand je suis allée à Kayar, je suis passée devant un tas de pommes de terre, une montagne de pommes de terre pourries. Je leur ai demandé : "Qu'est-ce qui se passe ici ? Pourquoi ces pommes de terre sont amoncelées en tas ici ? Pourquoi elles sont pourries ?" Et ils m'ont expliqué qu'il n'y avait pas de dispositifs de conservation. Comme tout le monde produisait au même moment de la pomme de terre à cette époque-là, ils se sont retrouvés avec un tas d’invendus qui avaient pourri au soleil. Pour moi, résoudre cette problématique, c'était permettre au Sénégal d'atteindre cette autosuffisance alimentaire, mais aussi de rendre un pouvoir d'agir aux agriculteurs parce qu’ils produisent à perte. Voir sa récolte pourrir – plus d’un tiers de leurs récoltes pourrissent en raison de cette problématique-là – c'est catastrophique. C'était un non-sens de voir que nous avions virtuellement atteint l'autosuffisance alimentaire à travers les chiffres de la production, mais qu'en réalité seulement un tiers de notre production globale atteignait les consommateurs ». Autosuffisance et gâchis alimentaire Aussi, Marine Ndieguene, au sein de sa start-up Ecobuilders, a eu l'idée de récupérer des pneus usagés et des sacs plastiques qui jonchent le sol dans les champs au Sénégal pour construire des hangars de stockage ventilés pour les cultivateurs. « C'est un bâtiment en pneus et en matériaux recyclés qui a des murs et qui est circulaire. On s'est inspiré de l'architecture traditionnelle des cases. Les murs sont en matériaux recyclés à l'intérieur et à l'extérieur. Il y a une enveloppe thermique faite de terre. La toiture est isolée avec du thypha (une espèce de roseau, NDLR) et de la paille de typha. C'est un bâtiment qui a une capacité de 30 à 100 tonnes. Il est modulable et adaptable. Toute la structure est en matériaux recyclés ». Cette solution a permis au groupement de maraîchers, dont fait partie Cheikh Gueye, de sauver leur récolte de pommes de terre jusqu'ici conservées en tas sous des arbres et un peu de paille. « Tu as sauvé ma récolte » « Sur cent tonnes, au bout de quatre mois, on a perdu moins de 100 kilos, alors qu'avant, on pouvait perdre presque une tonne ou plus. Cela nous a vraiment permis de conserver nos produits jusqu'à avoir un meilleur prix sur le marché puisque les prix sur le marché varient d'un jour à l'autre, selon les propositions des commerçants. Ce hangar nous a permis de stocker en attendant un meilleur prix. Il nous a également permis d'être un peu indépendants et de pouvoir fixer notre propre prix ». Dans un contexte d’inflation galopante au Sénégal, Marine Ndieguene se félicite de l’amélioration pour les paysans. « Ma plus grande fierté, c'est d'avoir à ce jour aidé plus de 3 000 agriculteurs à travers le Sénégal, d'avoir pu sauver plus de 62 000 tonnes de pommes de terre, d'avoir créé 60 emplois directs et indirects et de recevoir chaque année au moment du stockage et du déstockage, les appels des producteurs qui me disent : "Tu as sauvé ma récolte. J'ai pu stocker pendant trois mois. J'ai pu stocker durant deux mois. J'ai pu vendre au bon prix parce que je n'étais pas obligé de brader". C'est pour moi une sensation inouïe de pouvoir mettre à profit mes compétences d'ingénieur au service de mon pays et surtout de l'agriculture. C'est toujours une grande fierté ». Le système de stockage imaginé par Marie profite aux pommes de terre et aux oignons, mais son projet est de décliner cette solution à d'autres productions comme celle de la mangue ou d'autres fruits.
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