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Page de couverture de L'art de raconter le monde

L'art de raconter le monde

L'art de raconter le monde

Auteur(s): RFI
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À propos de cet audio

Jean-François Cadet raconte avec des mots et avec des sons comment – à travers leurs œuvres – les écrivains, les dessinateurs et scénaristes, les metteurs en scène, les comédiens, les cinéastes, les plasticiens ou les musiciens se font l’écho des soubresauts, des débats, des grandes figures et des tendances du monde d’hier, d’aujourd’hui, et peut-être de demain. Réalisation : Antonin Duley. (Diffusions toutes cibles : le samedi et le dimanche à 18h40 TU).

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Sciences sociales
Épisodes
  • Aux Arts et Métiers, le top des flops !
    Dec 14 2025

    Jusqu’au 17 mai 2026, le Musée des Arts et Métiers à Paris propose Flops ?!, une exposition amusante, ludique, interactive et instructif sur une figure centrale de l’histoire de l’innovation : l’échec.

    Des cartels écrits avec une précision teintée d’ironie, une scénographie avec des caisses en carton tamponnées «Fail» ou «Raté»… Difficile de ne pas sourire -voire de ne pas éclater de rire- en flânant dans les quatre espaces de l’exposition déployée au musée des Arts et Métiers, qui a fait le pari de mettre en avant une valeur sûre : l’échec.

    La statistique est implacable : neuf inventions sur dix échouent. Pas de quoi s’en alarmer : l’échec n’est ni inutile ni stérile, mais constitue au contraire une étape obligée lorsque l’on prend le risque de créer. Le sous-titre de l’événement, Oser, rater, innover, ne dit pas autre chose. Le designer Philippe Starck, parrain de l’exposition non plus : «en tant qu’inventeur, je sais que parfois nos projets naissent avant leur temps, avant d’être réalisables, matérialisables. Mais là réside une de nos forces : l’essentiel n’est pas la réussite immédiate, c’est le magma, le feu créateur, cette intuition visionnaire qui nourrit notre évolution et définit notre humanité. Nos «échecs» d’aujourd’hui sont les succès de demain. Ils tracent la voie vers l’innovation», témoigne le créateur de la bouilloire «Hot Bertaa», dont on se rendit compte un peu tard qu’elle ébouillantait l’utilisateur : la chaleur s’évapore par le manche.

    Des objets de ce genre, le parcours en présente à foison, dès la première salle où s’affiche un énorme «Oups». Qu’ils soient dangereux (poudre de beauté au radium, poupée mangeuse de frites et de doigts), trop chers pour ce qu’ils offrent (lunettes de soleil avec MP3 intégrés), ou mal fichus (vélo en plastique trop fragile, jeu de société Trump trop compliqué et donc ennuyeux), le visiteur a l’embarras du choix. Sans compter les accompagnements marketing ou publicitaires maladroits, qui suscitent la moquerie ou le rejet.

    Moins risibles : les inventions arrivées trop tôt, comme le synthétiseur TB-303 de Roland : lancé en 1982, le son fut jugé beaucoup trop acide par les guitaristes. Autre exemple : la Pascaline, ancêtre de la machine à calculer imaginée par Blaise Pascal, le visiophone lancé en 1927, relancé dans les années 70, mais qui a dû attendre les portables -pour s’imposer enfin, popularisé évidemment en 2020 par l’épidémie de Covid.

    La troisième salle décortique plusieurs échecs retentissants de façon à expliquer les grandes difficultés qui jalonnent le parcours de l’innovation. Il est notamment question du projet Aramis (projet avorté de mini-métro automatique en région parisienne dans les années 1970-1987), du moteur à piston rotatif Wankel lancé en 1973 avec la Citroën GS Birotor, ou des différentes tentatives pour remplacer le clavier AZERTY, à l’ergonomie jugée insuffisante.

    L’exposition offre aussi un instant de poésie surréaliste à travers les objets du célèbre Catalogue des objets introuvables du peintre, dessinateur, poète et pataphysicien Jacques Carelman. Elle propose également une installation dédiée à la designeuse grecque Katerina Kamprani, créatrice de la série The Uncomfortable : couteau d’un centimètre d’épaisseur, chaises inconfortables, bottes de pluie ouvertes… Des objets repensés pour être « impratiques » qui questionne l’usage des objets du quotidien, en portant un regard contemporain et décalé sur le design et l’innovation.

    Flops ?! Oser, rater, innover, Musée des Arts et Métiers (jusqu’au 17 mai 2026)

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    19 min
  • Olympe(s) au théâtre, la tête, la langue et les poings
    Dec 13 2025

    Au Théâtre Essaïon, Olympe(s) mêle les combats et l’histoire de la révolutionnaire Olympe de Gouges à ceux d’une comédienne d’aujourd’hui. Un seul en scène porté par Véronique Ataly.

    «La femme a le droit de monter sur l’échafaud ; elle doit avoir également celui de monter à la tribune», disait Olympe de Gouges. En 1793, elle fut à son tour guillotinée, notamment pour avoir osé rédiger une «Déclaration des Droits de la Femme et de la Citoyenne», sur le modèle de la «Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen» de 1789.

    Plus de deux siècles plus tard, alors que Florence incarne Olympe de Gouges, au théâtre, celle-ci ne perd pas la tête, mais la mémoire. Un «trou» comme on dit, un peu comme l’oubli dans lequel est tombé le personnage historique qui est au centre de ce spectacle.

    C’est à partir de cette idée que Véronique Ataly et son coauteur -et metteur en scène- Patrick Mons ont construit ce seul en scène dans lequel se mêlent deux époques, deux écritures, deux histoires à un peu plus de deux siècles d’intervalle : celle de l’héroïne révolutionnaire fauchée par la guillotine de la Terreur, et celle de Florence, dont la mémoire -qui revient peu à peu- épouse son propre vécu, plus artistique et plus contemporain.

    Avec une bonne dose d’humour et d’autodérision, avec des chansons originales aussi, Florence entend répondre à la question que posait Olympe de Gouges : «Femmes, craignez-vous que nos législateurs ne vous répètent : qu’y a-t-il de commun entre vous et nous ?».

    La comédienne ne se contente pas de rappeler l’engagement et les mots d’Olympe de Gouges : elle fait résonner ses combats dans le monde d’aujourd’hui, en sondant ses rapports avec sa mère et avec les hommes de sa vie, ou en évoquant des faits d’actualité. Le rapport à la langue occupe une place centrale, mais il est aussi question du vote des femmes, du mariage, ou des propositions avancées par la femme de lettres - également dramaturge- qui là encore font écho à des thématiques actuelles.

    À plusieurs reprises, le spectacle fait aussi des clins d’œil aux engagements personnels de Véronique Ataly. Militante pour la parité, elle a participé à la création de Hommes/Femmes Île-de-France dont elle a été la vice-présidente de 2009 à 2015. Elle a ensuite rejoint l'AAFA (Actrices et Acteurs de France Associés) - Tunnel de la comédienne de 50 ans, qui se bat contre les stéréotypes sexistes et l’invisibilisation liés à l’âge des femmes dans les fictions.

    Olympe(s), d’après Olympe de Gouges, avec Véronique Ataly, mise en scène Patrick Mons, au Théâtre Essaïon jusqu’au 15 janvier 2026.

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    20 min
  • La loi de 1905 en BD, et la laïcité fait foi
    Dec 7 2025

    Le 9 décembre 1905, était promulguée la loi de séparation des Églises et de l’État. Le texte, arraché de haute lutte, pose les bases de la fameuse «laïcité à la française». Arnaud Bureau et Alexandre Franc racontent le difficile accouchement de ce texte, un des piliers de la tradition républicaine.

    À l’arrière-plan de la couverture, la tour Eiffel et l’Assemblée nationale surmontée du drapeau tricolore. Au centre, sur les pavés parisiens, le mot est inscrit en grosses lettres capitales blanches et rouges : laïcité. Sur le L, le dessinateur Alexandre Franc a représenté le juriste et haut fonctionnaire Louis Méjean, feuillets à la main et dossiers à ses pieds. Derrière le A, Louise, membre du comité des dames de la Ligue de l’Enseignement. Pas très loin, en soutane, l’abbé Gayraud, député du Finistère, attaque à la pioche la lettre C, au grand dam d’un de ses collègues. Au milieu, clope au bec et sourire dissimulé par sa moustache, le rapporteur de la loi, Aristide Briand, est plongé dans son journal. Accroupie, une enseignante complète le titre à la craie : «comment la loi de 1905 fut votée». Seule celle-ci est un personnage imaginé par les auteurs. Elle s’appelle Marie Delorme. Le scénariste Arnaud Bureau lui a imaginé un destin aux côtés d’Aristide Briand. Amante, enseignante et militante féministe : c’est elle qui guidera le lecteur dans les arcanes de la fabrication de la loi.

    Un combat de titans, loin d’être gagné d’avance. En témoignent l’âpreté des débats à l’intérieur et à l’extérieur de l’hémicycle et l’intensité des pressions des anticléricaux comme des religieux, dans une atmosphère chauffée à blanc par la presse, dans un pays qui n’a pas encore digéré les divisions de la Révolution, ni de l’affaire Dreyfus.

    Il en fallait, des talents d’orateur et de diplomate pour parvenir à un compromis nuancé, qui actait la séparation sans relancer la guerre religieuse ! Aristide Briand -bien aidé par les socialistes et notamment par Jaurès- y parvint à force de travail et de ruse. C’est ce qui ressort du dessin haut en couleurs et des dialogues alertes qui peuplent l’album. De petits détails ironiques voire cocasses viennent aussi teinter d’humour le récit qui se veut historiquement fidèle à la réalité.

    À la fin de l’album, après quelques notices biographiques sur quelques personnages secondaires est reproduite la première page de la minute originale du texte de la loi. On peut aussi lire l’intégralité du texte qui continue aujourd’hui encore de nourrir bien des débats et des polémiques.

    Laïcité, comment la loi de 1905 fut votée, Arnaud Bureau et Alexandre Franc (Delcourt).

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    20 min
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