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Page de couverture de Le regard d'Ahmed Newton Barry

Le regard d'Ahmed Newton Barry

Le regard d'Ahmed Newton Barry

Auteur(s): RFI
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À propos de cet audio

Le coup d’œil aiguisé sur l’actualité de la semaine d’un observateur aguerri des soubresauts du monde. Ancien présentateur du 20h de la RTB au Burkina Faso, Ahmed Newton Barry démissionne en 1998 pour protester contre l'assassinat du journaliste Norbert Zongo. Il est le co-fondateur en 2001 du journal d'investigation l'Événement où il s'applique à défendre son slogan : « l'information est un droit ». Chaque semaine, Ahmed Newton Barry analyse un fait marquant de l'actualité internationale et sa résonance avec le Continent.

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  • Ce 7 décembre, que le Benin n’oubliera pas de sitôt
    Dec 13 2025
    Le regard de Newton Ahmed Barry porte sur les péripéties du coup d'État manqué au Bénin. Surprise et consternation. Surprise d’abord, les yeux étaient rivés sur Abidjan. Les cassandres y avaient prédit tellement de choses qu’une psychose s’installait à chaque veille d’échéance importante : et, voilà que le 7 décembre, la veille de l’investiture d'Alassane Ouattara, au petit matin, c’est à Cotonou que les armes tonnent. Stupeur totale ! Le putsch, surprise, semblait même consommé, quand les carillons des matines réveillent Cotonou. Le lieutenant-colonel Tigri et une dizaine de colistiers avaient pu préempter la télévision nationale et faisaient passer leur déclaration de prise de pouvoir. En général, à ce stade du pronunciamiento, sauf quelques rares exceptions, il est irréversible. Pas cette fois : le président béninois Patrice Talon a eu plus de bol. Sa garde, en premier, met en échec le commando lancé à l’assaut de sa résidence. Ensuite, et pour la première fois, la Cédéao n’a pas palabré. Elle a agi. La France n’a pas eu de scrupule. Elle n’a pas tourné talons à Patrice comme elle l’avait fait au pauvre Mohamed Bazoum qui s’était condamné en accueillant les troupes françaises, chassées du Mali. À lire aussiTentative de coup d’État au Bénin: comment l’intervention de la Cédéao a été décidée Recrudescence des attaques terroristes, mais tentative contrée Cette année 2025 a été éprouvante pour le Bénin à cause d’une série de violentes attaques terroristes dans son septentrion, à sa frontière avec le Burkina Faso et le Niger, appelé aussi le « Point Triple ». Deux attaques en moins d’un trimestre, dont celle du 17 avril 2025, avec 54 soldats tués, est la plus meurtrière à ce jour. Depuis 2021, le Bénin fait face aux groupes terroristes, du Jnim, spécifiquement, dont les attaques croissent à mesure que ses grands voisins, le Burkina et le Niger, perdent le contrôle de leurs territoires qui lui font frontière. C’est devenu quasiment itératif dans la région. Quand les armées sont défaites par les terroristes, elles s’en retournent braquer les institutions politiques, dans les capitales, pour faire payer aux élites politiques de n’être pas aussi bien armées que les terroristes. Armements inadaptés quand il s’agit des terroristes, mais jamais quand il s’agit de perpétrer des coups d'État. Puis, des douillets palais présidentiels, elles retrouvent l’inspiration pour faire la guerre avec d’autant plus d’allant que, hissées sur ce promontoire, elles n’ont pas une obligation de résultats et n'entendent pas qu’on leur dise. À lire aussiAttaque au Bénin: «Le Jnim n’a pas encore de base fixe au Bénin mais a des relais dans les communautés locales» Les unités d’élite contre le terrorisme sont paradoxalement les fauteurs de coup d'État Si le colonel Tigri avait réussi, il aurait été le quatrième officier des forces spéciales à renverser un gouvernement qui avait en lui une totale confiance. Les Forces spéciales africaines, mieux aguerries et mieux équipées que le reste de l’armée, ne paient pas bien en retour les présidents qui les chouchoutent. De Bamako, Ouagadougou à Conakry, elles font tomber les régimes démocratiques comme des quilles. Assimi Goita, des Forces spéciales, appelé à déjouer le complot ourdi dans le sillage de l’insurrection du M5-RFP, en aout 2020, va finalement renverser Ibrahim Boubakar Keïta, père de son ami Karim Keita. Le 24 janvier 2022 à Ouagadougou, le président Kaboré, aux abois, fait l’erreur d’appeler à sa rescousse, les Forces spéciales du commandant Aouba. Plutôt que de contrer les mutins, c’est lui qu’elles vont contraindre à la reddition. Enfin, Alpha Condé, de la Guinée, depuis son exil, continue de s’en vouloir d’avoir fait confiance au colosse Mamadi Doumbouya. Le patron des Forces spéciales était sa fierté d’autrefois. Le 7 décembre, le Béninois Tigri voulait faire comme ses prédécesseurs. La providence ne l’a pas servi. L’oracle réputé du Bénin, le Fâ, avait prévenu, début janvier 2025, qu’un violent coup d'État allait être tenté, sans succès. Tigri pensait, sans doute, faire mentir l’oracle. Il l’a appris à ses dépens.
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  • Coup d'État en Guinée-Bissau: Commedia dell'arte!
    Dec 6 2025

    Le regard de Newton Ahmed Barry porte sur la situation en Guinée-Bissau, après un scrutin couplé présidentiel et législatives interrompu par un coup d’État militaire. Tout avait mal commencé et tout s’est mal terminé !

    Tout commence en effet avec la polémique sur la date de la fin du mandat de Umaro Sissoco Embalo. Le 27 février ou le 4 septembre 2025 ? Pour l’opposition, avec le PAIGC, en tête, le parti d'Amilcar Cabral, le héros de l’Indépendance, c’est le 27 février 2025. La Cour suprême, tranche pour le 4 septembre 2025. C’est le 4 septembre 2020, 5 ans auparavant, qu’elle avait effectivement proclamé l’élection de Embalo, après près de neuf mois de longues tractations.

    La Cédéao, pressent une possible crise politique dans ce pays fragile et constamment menacé par les narco. Mais sa médiation finit en queue de poisson. Embalo n’en a pas voulu. Puis, en solitaire et de façon autoritaire, il avait concocté un processus électoral sur mesure qui a donné le dénouement chaotique que l’on sait. Processus interrompu par les militaires avant la proclamation des résultats.

    Le coup d’État a-t-il été téléphoné ?

    Umaro Sissoco Embalo n’a pas que le profil du parfait coupable. Dans cette affaire, il est difficile de le dédouaner. Pas exactement pour les raisons qui sont avancées. Il a pu intriguer en appelant lui-même les médias pour les informer du coup d’État qui était en cours. Que le général Horta N’Tam, l’auteur du coup d’État, soit un ses très proches a pu intriguer ! Que le gouvernement composé par les putschistes soit constitué, pour l’essentiel d’anciens membres de son dernier gouvernement et de ses proches a également pu intriguer. Ces éléments, même accablants, ne sont pas inédits, cependant, il y a eu des précédents : Mohamed Bazoum, au Niger a continué à user de son téléphone, plusieurs mois, avant que Tiani, qui l’a renversé, ne le lui confisque. Et puis Doumbouya en Guinée et Oligui au Gabon n’ont-ils pas fait un coup d’État au président dont ils étaient très proches ?

    Il n’y a donc, a priori, rien de nouveau sous le soleil africain. Laurent Gbagbo, ancien président ivoirien, avec ses formules caustiques, disait qu’il fallait se méfier des galonnés africains, parce que « le militaire en charge de votre sécurité était capable de vous servir un garde-à-vous impeccable. Retourner les talons et vous faire un coup d’État ». En Afrique, nous avons des armées ataviquement putschistes.

    Embalo instigateur de ce coup d’État ou pas ?

    Il y a deux versions qui circulent à Bissau. Une qui incrimine directement Embalo. On l’aurait entendu dire, la veille du coup d’État : « Je ne laisserai pas le pays à ces salauds ». Allusion, dit-on, à son principal rival, Fernando Dias et le PAIGC qui le soutient.

    La deuxième version incrimine les militaires. Ils auraient agi, par eux-mêmes pour prévenir un affrontement communautaire, conséquence d’une campagne électorale houleuse. Un risque d’affrontement, dit-on, entre les balantes (la communauté de Fernando Dias) et les fula, (la communauté de Embalo). Si ce risque a existé, il n’avait pas cependant, perturbé le vote qui s’est déroulé dans le calme, de l’avis des observateurs.

    À quel moment, ce risque est-il donc apparu ? Est-ce avec les premiers résultats ? Pourquoi l’armée a-t-elle décidé d’interrompre le processus, plutôt que de protéger le suffrage ? Entre l’armée et le PAIGC, il y a un vieux contentieux. En 2020 c’est son ralliement à Embalo qui lui avait permis de remporter la présidentielle face à Domingos Pereira. Comme en 2012, l’armée se serait-elle, une fois encore dressée pour contrer une victoire de la coalition Dias-PAIGC ? On ne le saura sans doute jamais. La Cédéao est trop faible pour faire pression sur les putschistes.

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  • États-Unis: Donald Trump impose son ordre sur le monde
    Nov 29 2025

    Ahmed Newton Barry, votre regard cette semaine porte sur l’ordre de Trump. Le business, ses favoris et ceux qui ne trouvent pas grâce à ses yeux, quoiqu’il fasse.

    Quand Trump boude le sommet du G20 en Afrique du Sud, qu’est-ce qu’il met en avant ? Une susceptibilité personnelle blessée par des propos « désobligeants » de Cyril Ramaphosa ? Officiellement, oui ! Mais en arrière-plan, il accuse le pouvoir Sud-Africain de couvrir « un génocide des Afrikaners ». Des accusations portées par Elon Musk, originaire du même pays, que l’épreuve des faits ne valide pas pourtant.

    À propos de l’Ukraine, Trump a presque inversé la culpabilité. Est-ce innocent quand il humilie Zelensky à la face du monde, à la Maison Blanche, et réserve un accueil d’État à Poutine à Anchorage, pour n’en récolter qu’une déconvenue ? À Poutine, il excuse tout. À Zelensky, il ne laisse rien passer. Les Ukrainiens sont extraordinaires de courage, contraignant l’ogre russe à de petites victoires aux coûts humains exorbitants. Mais Trump n’a d’yeux que pour Poutine.

    Il en va pareillement de son action au Proche-Orient, sa vraie réussite à ce stade. Que pense-t-il des Palestiniens ? Arrive-t-il à les voir autrement qu’à travers les œillères de Netanyahu, de Bezalel Smotrich et de Itamar Ben Gvir ? Voilà donc Trump, difficile à cerner. Mais en application d’une vieille sagesse africaine qui dit que le pied ne va pas où le cœur ne veut pas, on peut dresser le profil de ceux avec qui il aimerait échouer sur une ile !

    Admiration pour Poutine

    Il a une admiration pour Poutine, spécifiquement, qui ne cesse d’alimenter des suspicions. Les Ukrainiens en pâtissent sans que Trump soit payé en retour. L’annulation du sommet de Budapest en Hongrie sur la paix en Ukraine, courant octobre 2025, a été un choc. Trump croyait s’être mis d’accord avec Poutine, après un appel téléphonique de deux heures. Sergueï Lavrov lui répond qu’ « un cessez-le-feu immédiat en Ukraine ne signifierait qu’une seule chose : la majeure partie du pays resterait sous domination nazie ». Et Dimitri Peskov lui assène qu’il s’était emballé un peu trop vite. Qu’à la vérité, rien « n’avait été convenu ».

    À lire aussiUkraine: Kiev soutient «les principes» du plan de paix américain révisé, la pression russe continue sur le front

    Déconfit, Trump avait dégainé un train de sanctions contre la Russie. Mais c’est plus fort que lui. Il n’attendra pas les premiers effets desdites sanctions pour revenir à la charge. Un nouveau plan de paix, presque aux conditions de Moscou. Dictées même par Moscou, insinuent les mauvaises langues. À Kiev, les Ukrainiens sont saisis d’effroi d’entendre Zelensky leur dire qu’ils pourraient être contraints de choisir entre « perdre leur dignité ou perdre leur allié clé ».

    Les Européens une fois de plus obligés à aller à l’abordage

    L’Europe, en pompier, au secours de l’Ukraine. À Genève, elle a fait des « améliorations » au plan, formule choisie pour ne pas heurter le susceptible Trump et l’a aussi aguiché en lui faisant miroiter que 50% des bénéfices de l’entreprise de reconstruction de l’Ukraine reviennent aux États-Unis. De l’extorsion de fonds, qui ne scandalise plus personne.

    Pour obtenir le rabattement de 15% aux négociations des droits de douane, l’Europe, par exemple, avait dû payer 1 300 milliards d’investissements et d’achat d’hydrocarbures aux États-Unis. Avec Trump, c’est le business, d’abord. En Ukraine, avec la part du lion dans la reconstruction, les États-Unis ont changé de bouche pour reprendre un argot africain. Ils (re)admettent que le « futur accord de paix (…) devra pleinement respecter (la) souveraineté » de l’Ukraine. À Moscou, on s’en amuse presque. Pour mélanger la tête de Trump, Poutine sait quoi lui dire.

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