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Page de couverture de Menaces sur l’information

Menaces sur l’information

Menaces sur l’information

Auteur(s): RFI
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À propos de cet audio

Chaque année, la liberté de la presse est soumise à une pression croissante à travers le monde. Selon le dernier rapport de l'ONG Reporter sans Frontière, publié en mai 2024, plus de la moitié de la population mondiale vit dans des environnements extrêmement hostiles à la liberté d'expression journalistique, où exercer ce métier représente un danger pour la vie et la liberté. Pour illustrer ce constat alarmant, la chronique « Menaces sur l'Information » vous invite à découvrir les défis auxquels sont confrontés les journalistes dans le monde, à travers des portraits de ceux qui ont affronté la répression de la liberté d'expression et qui y ont parfois laissé la vie. Chaque récit met en lumière les enjeux cruciaux de notre époque pour une presse libre et indépendante.

Diffusion : tous les samedis à 6h17, 7h53 et 18h17 TU.

France Médias Monde
Sciences sociales
Épisodes
  • Guinée: sous Mamadi Doumbouya, les principaux médias audiovisuels privés sont fermés et les acteurs menacés
    Dec 13 2025
    En Guinée, la présidentielle est prévue pour le 28 décembre. Après avoir renversé Alpha Condé il y a quatre ans, le 5 septembre 2021, le général Mamadi Doumbouya, qui assure la présidence de la transition, est candidat en indépendant. Avec la disqualification des principaux partis d’opposition, le chef de la junte du CNRD est vu comme le grand favori de ce scrutin. Depuis son arrivée au pouvoir, la majeure partie des voix critiques et d’opposition sont soit en prison, soit en exil, sans compter les enlèvements en série de politiciens, magistrats ou militants pro-démocratie. Dans ce contexte, la presse guinéenne a été particulièrement touchée, surtout depuis la fermeture totale des principaux médias audiovisuels privés l’an dernier. C’est dans une discrète rue du sud de Paris que se trouve la Maison des journalistes, structure associative qui accueille, soutient et accompagne des reporters du monde entier persécutés dans leur pays d’origine. Le Guinéen, Abdoulaye Oumou Wow, 35 ans, fréquente les lieux depuis l’an dernier. « C'est vrai que je suis journaliste, mais je suis également activiste de la société civile et des défenseurs des droits de l'Homme. J'étais secrétaire générale de l'Association des blogueurs de Guinée, qui regroupe des journalistes indépendants, mais aussi des blogueurs guinéens vivant en Guinée un peu partout dans le monde. Et dans ce cadre, j'ai milité dans le Front national pour la défense de la Constitution dont je suis l'un des membres fondateurs. » « J'étais activement recherché et mon domicile a été même attaqué » C’est le FNDC, issu de la société civile, qui a fragilisé le pouvoir du président Alpha Condé en mobilisant des centaines de milliers de manifestants contre son troisième mandat illégal avant sa chute par celui-là même qu’il avait parachuté à la tête des Forces spéciales : un certain colonel Mamadi Doumbouya. Mais la lune de miel entre le FNDC et la nouvelle junte du CNRD tourne court. « En 2022, je n'avais plus la possibilité de rester parce que beaucoup de mes camarades ont été arrêtés. J'étais activement recherché et mon domicile a été même attaqué deux semaines après le baptême de ma seconde fille. Donc, j'étais dans l'obligation de quitter le pays et j'ai quitté le pays pour le Sénégal fin 2022. Je suis arrivé en France en 2023. » « Quand l'État veut te faire taire, il te fera taire » Dans son exil parisien, Abdoulaye Oumou Sow poursuit son métier de journaliste et fonde le site d’information militant Kouma Media - « la parole » en langue bambara. Tous n’auront pas cette chance. L’année suivante, ses camarades Foniké Menguè et Billo Bah sont enlevés à leur domicile sous les yeux de leurs épouses et de leurs voisins qui attestent que les ravisseurs sont des gendarmes. Pour la presse en Guinée, le coup de grâce viendra en mai 2024 lorsque le ministre de l’Information décide de fermer totalement les radios et télévisions privées nationales pour « non-respect du cahier des charges », mettant 700 personnes au chômage dans un climat d’« agressions, arrestations et menaces » permanentes, dénonce RSF. Triste ironie : c’est Fanah Soumah, présentateur vedette du JT fraîchement nommé ministre, qui justifie sa décision devant des journalistes à Nzérékoré. « Moi-même, je suis allé dans plusieurs médias. Ce sont mes petits, ce sont mes amis, les patrons des médias. Avec certains, on a même fait ensemble La Mecque pendant deux semaines pour leur dire de faire attention. Nous ne sommes pas des extraterrestres, nous ne pouvons pas affronter l'État. On n'est pas plus puissant que l'État. Quand l'État veut te faire taire, il te fera taire. Tu ne peux rien. » À lire aussiGuinée: un an après leur fermeture, la situation des médias reste inquiétante Les attaques contre la presse se multiplient Depuis, les attaques contre la presse se multiplient. Il y a deux mois, le journaliste en exil Babila Keita annonçait le kidnapping aux aurores de son père qui se préparait pour la mosquée. « C'est moi qu'ils veulent avoir. Ils n'ont qu'à laisser mon père. Je rentre à Conakry, mais que je sois informé que mon père a retrouvé sa famille. » Et, voilà un an que son confrère Habib Marouane Camara est porté disparu, enlevé lui aussi par des gendarmes selon les témoins. À lire aussiForum sur l'avenir de la presse en Guinée: statu quo concernant l'interdiction des 3 grands groupes audiovisuels
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    3 min
  • Turquie: le journaliste Fatih Altayli condamné à quatre ans de prison pour «menace» envers Erdogan
    Dec 6 2025

    En Turquie, le journaliste Fatih Altayli a été condamné, le 26 novembre dernier, à quatre ans et deux mois de prison pour « menace » envers le président Recep Tayyip Erdogan. Ce commentateur très populaire sur les réseaux sociaux avait été arrêté et écroué en juin dernier pour avoir fait référence aux sultans qu’on assassinait sous l'empire ottoman lorsqu’ils ne plaisaient pas à la population. Cette phrase n’a visiblement pas plu aux autorités, dans un des pires pays pour la liberté de la presse.

    Un fauteuil vide, avec ce simple mot « Adalet », « Justice » en turc, apparait sur ses réseaux sociaux. C’est de ce fauteuil que Fatih Altayli menait ses interviews pour sa chaine YouTube suivie par 1,7 million d’abonnés. Même en prison, le célèbre journaliste a continué son métier, jusqu’à très récemment, selon Erol Onderoglu, représentant de Reporters sans frontières en Turquie. « Pendant les cinq premiers mois de sa détention, il parvenait à réaliser dans des circonstances carcérales ses émissions, puisqu'il arrivait à retransmettre des extraits d'interviews qu'il avait pu réaliser avec le maire métropolitain d'Istanbul, Imamoglu, qui occupe la même prison de Silivri Marmara, en périphérie nord d'Istanbul. Non seulement son équipe est restée extrêmement solidaire avec Altayli, mais des dizaines de journalistes ont pris le relais en occupant ce fauteuil, cette chaise de Monsieur Altayli en son absence et en faisant en sorte que son émission reste opérationnelle en faveur de l'opinion publique ».

    Une référence historique interprétée comme une menace

    Depuis sa condamnation le 26 novembre à quatre ans et deux mois de prison, Fatih Altayli s’est tu. Il a fait appel de la décision de justice et prépare sa défense. Le 22 juin, le journaliste, une des plus populaires de Turquie est arrêté après la diffusion d’une émission dans laquelle il fait une référence historique aux sultans ottomans qu’on éliminait lorsqu’ils n’étaient pas appréciés. Une référence considérée comme une menace contre le président Erdogan. Une phrase sortie de son contexte, se défend Fatih Altayli. « En 40 ans d’exercice professionnel je n’ai jamais menacé qui que ce soit », dit-il devant les juges

    Une sentence « d’une sévérité rare »

    Pour Erol Onderoglu, la sentence prononcée contre Fatih Altayli est d’une sévérité rare. Elle a pour but de museler le peu de voix libres qu’il reste en Turquie. « Ces dix dernières années, pour motif de réforme judiciaire, la hiérarchie judiciaire a été soumise au contrôle du gouvernement sous cette présidence dite "d'hyper-présidence". Et bien aujourd'hui, nous assistons à des condamnations scandaleuses. Monsieur Fatih Altayli incarne le symbole des journalistes critiques. C'est aussi une manière assez efficace pour intimider l'opinion publique, républicaine ou contestatrice ».

    Vingt journalistes ont été emprisonnés en Turquie en 2025. Parallèlement à une vague de répression contre l’opposition politique. Dans le classement de Reporters sans frontières, la Turquie figure à la 159e place sur 180.

    À lire aussiTurquie: le journaliste Fatih Altayli arrêté et écroué pour «menace» envers le président Erdogan

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    3 min
  • Blackout en Tanzanie : quand l’info disparaît des écrans
    Nov 29 2025

    En Tanzanie, les violences post-électorales ont laissé des dizaines de familles sans nouvelles de leurs proches. Mais dans les médias du pays, presque rien : pas d’images, pas de chiffres et toujours aucun bilan officiel trois semaines après le scrutin. Entre coupures d’internet, pressions juridiques et autocensure, un véritable blackout s’est installé dans les rédactions au point que le travail d’enquête repose désormais sur les défenseurs des droits humains.

    À lire aussiViolences post-électorales en Tanzanie: plus d’une centaine de jeunes ont été libérés

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    3 min
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