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Politique, le choix de la semaine

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Auteur(s): RFI
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Chaque semaine, les reporters du service politique de RFI proposent une chronique de la vie politique détachée de l’actualité immédiate. Une chronique de reportage ou bien de décryptage, issue de leurs propres observations sur le terrain des leaders et de l’activité des partis qu’ils couvrent. La politique vue sous un angle original, pour éclairer parfois les coulisses, dresser des portraits ou bien approfondir un point d’actualité traité de manière plus factuelle à l’antenne.

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  • Édouard Philippe: la rupture à tout prix jusqu'au vote du budget de la Sécurité sociale
    Dec 13 2025

    Édouard Philippe a encore fait entendre une voix dissonante dans le bloc central à l'occasion du vote du budget de la Sécurité sociale. L'ancien Premier ministre avait déjà attaqué le président français Emmanuel Macron, il refuse désormais de soutenir Sébastien Lecornu sur le budget : Édouard Philippe joue une carte risquée.

    La carte jouée est risquée, mais s'inscrit dans sa stratégie de rupture avec Emmanuel Macron. Cette position a pris une autre dimension en octobre dernier quand il a évoqué la démission du chef de l'État comme une solution à la crise politique actuelle. Une déclaration choc, inattendue et largement critiquée. Pour un sénateur centriste, appeler à la démission du président, c'était mettre en cause les institutions et aller vers « un système révocatoire », rien de moins.

    Les sondages aussi ont sanctionné Édouard Philippe, sa cote de popularité a chuté à partir de cette déclaration. Personne n'a compris qu'il tienne un discours très proche de celui de l'extrême droite du Rassemblement national et l'extrême gauche de la France insoumise, qui ne cessent de réclamer le départ du président. Même chez les socialistes, un élu capé a jugé sa sortie « maladroite et inopérante, car c'est un ancien Premier ministre et un candidat à la présidentielle ».

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    « Son objectif, c'est d'accélérer le calendrier »

    Alors pourquoi récidiver sur le budget ? Un député Renaissance a une explication. Édouard Philippe est selon lui dans « une position maximaliste » et va « au bout de la logique qui est d'arriver à une situation pourrie ». Une ancienne juppéiste, pragmatique, analyse la stratégie d'Édouard Philippe : « Son objectif est d'accélérer le calendrier. Un budget de la Sécurité sociale pas voté, c'est un risque de dissolution. » Une manière de dire qu'il faut prendre ses critiques sur un budget qui creuse les déficits, comme un produit d'appel électoral pour d'éventuelles législatives ou surtout la présidentielle. Lors de celles-ci, le maire du Havre pense qu'il pourra défendre une ligne politique claire et cohérente avec ses convictions.

    Sauf que selon la même source, les Français risquent de ne retenir que son appel à la démission du président, un sparadrap qui va lui coller aux basques.

    Édouard Philippe a-t-il tout faux ?

    Un ancien ministre macroniste constate que parmi les candidats potentiels du bloc central pour 2027, Édouard Philippe est « en avance en termes de "présidentialité" » et qu'il est vu comme « plus autonome de Macron » qu'un Gabriel Attal. Ce qui semblerait valider sa stratégie.

    Mais, un député Renaissance croit au contraire qu'Édouard Philippe doit prendre garde à ne pas multiplier « les sorties mal calibrées » : « Il est dans la même barque que nous. Ceux qui gagnent dans le désordre, c'est Jordan Bardella et Marine Le Pen », dit-il.

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  • Élections municipales 2026: à gauche, l’impossible entente?
    Dec 6 2025

    C'est le dernier grand test politique avant la présidentielle 2027 et à trois mois des élections municipales, l’inquiétude commence à gagner les rangs des socialistes et écologistes, au pouvoir dans la plupart des grandes villes du pays. La décision du parti de la gauche radicale, la France insoumise, de miser pour la première fois sur ce scrutin qu’elle dédaignait jusque-là bouleverse en effet les équilibres et les alliances.

    Contenir coûte que coûte les listes insoumises en dessous des 10% : voilà l’objectif officieux mais principal de la plupart des municipalités sortantes de gauche. 10% c’est en effet le seuil minimal pour se maintenir au second tour, ouvrant la voie à deux scénarii que les édiles écologistes et socialistes contemplent avec crainte : une concurrence au second tour synonyme de défaite ou une fusion avec les Insoumis ce qui implique de partager le pouvoir avec un parti jugé trop remuant voire carrément infréquentable.

    « Cette stratégie de cavalier seul de LFI est mortifère », gronde l’eurodéputé écologiste David Cormand. Réponse des Insoumis : « depuis quand est-il interdit de se présenter à des élections ? » Et de pointer l’impasse dans laquelle s’est par exemple mis le Parti socialiste. « À Paris, le candidat du PS Emmanuel Grégoire annonce qu’il ne fera jamais d’alliance avec nous », explique le député Paul Vannier, « si les Socialistes venaient à perdre la ville, ce serait uniquement de leur faute », poursuit celui qui est aussi responsable des élections à LFI. Mais du côté du PS, on accuse les Insoumis de faire en sorte que tout rapprochement soit impossible, rappelant que leur candidate à Paris, la député Sophia Chikirou, a revendiqué ne plus vouloir voir un maire socialiste à la tête de la capitale.

    Une situation récurrente embarrassante pour les Écologistes

    Ces dissensions existent aussi à Marseille, que la gauche avait pourtant reprise en 2020 avec l’aide des Insoumis. Mais aussi dans des villes que la gauche souhaiterait conquérir, comme Toulouse, actuellement dirigée par la droite. Dans la Ville Rose, une alliance de l’ensemble des partis de gauche permettrait sans doute la victoire, mais là aussi, l’union semble compliquée.

    Mais les craintes sont particulièrement fortes dans les municipalités dirigées par les écologistes. Ceux-ci font en effet face à une équation impossible. Leurs grandes villes conquises en 2020, Lyon, Strasbourg ou encore Bordeaux, ne peuvent être conservées sans l’appui des socialistes. Mais il leur serait aussi difficile de les garder si les Insoumis venaient à être présents au second tour. L’état-major écologiste tente donc de ménager tout le monde. Le problème, c’est que leurs partenaires potentiels ne font pas toujours preuve de bonne volonté : « Nous, on soutient les sortants socialistes, mais la réciproque n’est pas encore vraie », s’agace David Cormand, qui dénonce aussi la décision de LFI de présenter une liste à Grenoble où elle était jusque-là alliée des écologistes. Sauf que du côté des Insoumis et des socialistes, la réponse est la même : « les écologistes doivent choisir leur camp ».

    Campagne très tendue à prévoir

    Ces municipales pourraient s'apparenter à « une lutte à mort » entre le PS et LFI, selon les mots d’un dirigeant socialiste. Le leader insoumis Jean-Luc Mélenchon ne cache d'ailleurs que ce scrutin est pour lui un « galop d’essai » de la présidentielle. L'objectif est donc d'affaiblir au maximum son ancienne maison socialiste, tout en écartant au passage les ambitions écologistes. Les Insoumis, qui ne dirigent aucune grande ville, n’ont pas grand-chose à perdre, contrairement à leurs anciens alliés. Et ils ont aussi en tête une autre échéance électorale : les sénatoriales, qui se tiendront à l’automne 2026. Pour espérer entrer dans la Chambre Haute, LFI a besoin d’engranger des grands électeurs, notamment des maires et conseillers municipaux, et donc d’être présente dans le maximum de municipalités.

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  • France: Jordan Bardella se prépare-t-il déjà à remplacer Marine Le Pen en 2027?
    Nov 29 2025

    Le Rassemblement national, toujours en tête des sondages pour les prochaines élections, traverse une période d’incertitudes autour de sa candidature à la présidentielle de 2027. Condamnée à cinq ans d’inéligibilité en mars 2024, Marine Le Pen voit planer le doute sur sa capacité à se présenter. De plus en plus d’indices laissent penser que Jordan Bardella est en train de se mettre en ordre de marche pour prendre le relais.

    Le signe le plus marquant ? Une série de sondages récents, très favorables au RN dans son ensemble, mais particulièrement flatteurs pour le président du parti. Le trentenaire arriverait en tête du premier tour, quel que soit son adversaire, et remporterait même le second tour dans la plupart des cas si l’élection avait lieu demain. Bien sûr, à deux ans de l’échéance, ces chiffres sont à prendre avec précaution. Ce qui frappe davantage, c’est que désormais dans les instituts de sondage, seul Jordan Bardella est testé comme candidat RN. Marine Le Pen, elle, a quasiment disparu des hypothèses. La principale intéressée a d’ailleurs esquissé ces dernières semaines un calendrier de retrait. Interrogée sur une radio nationale, la cheffe de file des députés RN a déclaré que si sa condamnation était confirmée en appel – décision attendue à l’été 2026 – elle passerait immédiatement le flambeau sans attendre un éventuel pourvoi en cassation qui, même s’il aboutissait avant 2027, interviendrait trop tard pour mener une campagne sereine.

    Jordan Bardella en campagne... pour son livre

    Pendant ce temps, Jordan Bardella sillonne la France pour promouvoir son deuxième livre, Ce que veulent les Français (plus de 40 000 exemplaires vendus). L’ouvrage ressemble à s’y méprendre à un programme présidentiel. Il parle beaucoup à la première personne, développe une vision et ne cite Marine Le Pen qu’une seule fois – un hommage court mais chaleureux à son « mentor ». À chaque dédicace, la foule est au rendez-vous : files d’attente interminables, selfies à la chaîne… et même un enfarinage, un rite de passage presque obligé pour tout prétendant sérieux à l’Élysée.

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    Ne pas enterrer Marine Le Pen

    Au sein du parti, pourtant, personne n’ose encore briser publiquement le tabou. « La période qui nous sépare de l’été prochain ne pose aucun problème », assure un proche de Marine Le Pen, qui continue d’afficher son « grand espoir » d’être relaxée en appel. Publiquement, la double finaliste de la présidentielle répète qu’elle n’a « absolument pas renoncé ». Le RN prend d’ailleurs soin, dans ses communications sur les bons sondages, d’afficher côte à côte les photos de Marine Le Pen et de Jordan Bardella.

    En privé, l’ambiance est différente. Plusieurs cadres et interlocuteurs récents décrivent une forme de résignation chez la présidente d’honneur du parti. « On a parfois l’impression qu’elle fait un peu semblant d’être suspendue au verdict et d’y croire encore », confie l’un d’eux – tout en reconnaissant que sa combativité reste intacte, notamment lors des débats budgétaires à l’Assemblée nationale.

    Chez les alliés ciottistes de Reconquête comme au Palais-Bourbon, on est plus direct. On se prépare ouvertement à une campagne Bardella. Les adversaires du RN, eux, ont bien compris la séquence. Ils attaquent déjà durement le jeune président du parti sur son manque d’expérience et mettent en doute sa capacité à tenir une campagne présidentielle de longue haleine. Pour le Rassemblement national, l’exercice consiste donc, pour l’instant, à marcher sur un fil : maintenir l’unité derrière Marine Le Pen tant que l’espoir juridique existe, tout en laissant Jordan Bardella monter doucement en première ligne. Un numéro d’équilibriste qui pourrait durer encore de longs mois.

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