Épisodes

  • Édouard Philippe: la rupture à tout prix jusqu'au vote du budget de la Sécurité sociale
    Dec 13 2025

    Édouard Philippe a encore fait entendre une voix dissonante dans le bloc central à l'occasion du vote du budget de la Sécurité sociale. L'ancien Premier ministre avait déjà attaqué le président français Emmanuel Macron, il refuse désormais de soutenir Sébastien Lecornu sur le budget : Édouard Philippe joue une carte risquée.

    La carte jouée est risquée, mais s'inscrit dans sa stratégie de rupture avec Emmanuel Macron. Cette position a pris une autre dimension en octobre dernier quand il a évoqué la démission du chef de l'État comme une solution à la crise politique actuelle. Une déclaration choc, inattendue et largement critiquée. Pour un sénateur centriste, appeler à la démission du président, c'était mettre en cause les institutions et aller vers « un système révocatoire », rien de moins.

    Les sondages aussi ont sanctionné Édouard Philippe, sa cote de popularité a chuté à partir de cette déclaration. Personne n'a compris qu'il tienne un discours très proche de celui de l'extrême droite du Rassemblement national et l'extrême gauche de la France insoumise, qui ne cessent de réclamer le départ du président. Même chez les socialistes, un élu capé a jugé sa sortie « maladroite et inopérante, car c'est un ancien Premier ministre et un candidat à la présidentielle ».

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    « Son objectif, c'est d'accélérer le calendrier »

    Alors pourquoi récidiver sur le budget ? Un député Renaissance a une explication. Édouard Philippe est selon lui dans « une position maximaliste » et va « au bout de la logique qui est d'arriver à une situation pourrie ». Une ancienne juppéiste, pragmatique, analyse la stratégie d'Édouard Philippe : « Son objectif est d'accélérer le calendrier. Un budget de la Sécurité sociale pas voté, c'est un risque de dissolution. » Une manière de dire qu'il faut prendre ses critiques sur un budget qui creuse les déficits, comme un produit d'appel électoral pour d'éventuelles législatives ou surtout la présidentielle. Lors de celles-ci, le maire du Havre pense qu'il pourra défendre une ligne politique claire et cohérente avec ses convictions.

    Sauf que selon la même source, les Français risquent de ne retenir que son appel à la démission du président, un sparadrap qui va lui coller aux basques.

    Édouard Philippe a-t-il tout faux ?

    Un ancien ministre macroniste constate que parmi les candidats potentiels du bloc central pour 2027, Édouard Philippe est « en avance en termes de "présidentialité" » et qu'il est vu comme « plus autonome de Macron » qu'un Gabriel Attal. Ce qui semblerait valider sa stratégie.

    Mais, un député Renaissance croit au contraire qu'Édouard Philippe doit prendre garde à ne pas multiplier « les sorties mal calibrées » : « Il est dans la même barque que nous. Ceux qui gagnent dans le désordre, c'est Jordan Bardella et Marine Le Pen », dit-il.

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  • Élections municipales 2026: à gauche, l’impossible entente?
    Dec 6 2025

    C'est le dernier grand test politique avant la présidentielle 2027 et à trois mois des élections municipales, l’inquiétude commence à gagner les rangs des socialistes et écologistes, au pouvoir dans la plupart des grandes villes du pays. La décision du parti de la gauche radicale, la France insoumise, de miser pour la première fois sur ce scrutin qu’elle dédaignait jusque-là bouleverse en effet les équilibres et les alliances.

    Contenir coûte que coûte les listes insoumises en dessous des 10% : voilà l’objectif officieux mais principal de la plupart des municipalités sortantes de gauche. 10% c’est en effet le seuil minimal pour se maintenir au second tour, ouvrant la voie à deux scénarii que les édiles écologistes et socialistes contemplent avec crainte : une concurrence au second tour synonyme de défaite ou une fusion avec les Insoumis ce qui implique de partager le pouvoir avec un parti jugé trop remuant voire carrément infréquentable.

    « Cette stratégie de cavalier seul de LFI est mortifère », gronde l’eurodéputé écologiste David Cormand. Réponse des Insoumis : « depuis quand est-il interdit de se présenter à des élections ? » Et de pointer l’impasse dans laquelle s’est par exemple mis le Parti socialiste. « À Paris, le candidat du PS Emmanuel Grégoire annonce qu’il ne fera jamais d’alliance avec nous », explique le député Paul Vannier, « si les Socialistes venaient à perdre la ville, ce serait uniquement de leur faute », poursuit celui qui est aussi responsable des élections à LFI. Mais du côté du PS, on accuse les Insoumis de faire en sorte que tout rapprochement soit impossible, rappelant que leur candidate à Paris, la député Sophia Chikirou, a revendiqué ne plus vouloir voir un maire socialiste à la tête de la capitale.

    Une situation récurrente embarrassante pour les Écologistes

    Ces dissensions existent aussi à Marseille, que la gauche avait pourtant reprise en 2020 avec l’aide des Insoumis. Mais aussi dans des villes que la gauche souhaiterait conquérir, comme Toulouse, actuellement dirigée par la droite. Dans la Ville Rose, une alliance de l’ensemble des partis de gauche permettrait sans doute la victoire, mais là aussi, l’union semble compliquée.

    Mais les craintes sont particulièrement fortes dans les municipalités dirigées par les écologistes. Ceux-ci font en effet face à une équation impossible. Leurs grandes villes conquises en 2020, Lyon, Strasbourg ou encore Bordeaux, ne peuvent être conservées sans l’appui des socialistes. Mais il leur serait aussi difficile de les garder si les Insoumis venaient à être présents au second tour. L’état-major écologiste tente donc de ménager tout le monde. Le problème, c’est que leurs partenaires potentiels ne font pas toujours preuve de bonne volonté : « Nous, on soutient les sortants socialistes, mais la réciproque n’est pas encore vraie », s’agace David Cormand, qui dénonce aussi la décision de LFI de présenter une liste à Grenoble où elle était jusque-là alliée des écologistes. Sauf que du côté des Insoumis et des socialistes, la réponse est la même : « les écologistes doivent choisir leur camp ».

    Campagne très tendue à prévoir

    Ces municipales pourraient s'apparenter à « une lutte à mort » entre le PS et LFI, selon les mots d’un dirigeant socialiste. Le leader insoumis Jean-Luc Mélenchon ne cache d'ailleurs que ce scrutin est pour lui un « galop d’essai » de la présidentielle. L'objectif est donc d'affaiblir au maximum son ancienne maison socialiste, tout en écartant au passage les ambitions écologistes. Les Insoumis, qui ne dirigent aucune grande ville, n’ont pas grand-chose à perdre, contrairement à leurs anciens alliés. Et ils ont aussi en tête une autre échéance électorale : les sénatoriales, qui se tiendront à l’automne 2026. Pour espérer entrer dans la Chambre Haute, LFI a besoin d’engranger des grands électeurs, notamment des maires et conseillers municipaux, et donc d’être présente dans le maximum de municipalités.

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  • France: Jordan Bardella se prépare-t-il déjà à remplacer Marine Le Pen en 2027?
    Nov 29 2025

    Le Rassemblement national, toujours en tête des sondages pour les prochaines élections, traverse une période d’incertitudes autour de sa candidature à la présidentielle de 2027. Condamnée à cinq ans d’inéligibilité en mars 2024, Marine Le Pen voit planer le doute sur sa capacité à se présenter. De plus en plus d’indices laissent penser que Jordan Bardella est en train de se mettre en ordre de marche pour prendre le relais.

    Le signe le plus marquant ? Une série de sondages récents, très favorables au RN dans son ensemble, mais particulièrement flatteurs pour le président du parti. Le trentenaire arriverait en tête du premier tour, quel que soit son adversaire, et remporterait même le second tour dans la plupart des cas si l’élection avait lieu demain. Bien sûr, à deux ans de l’échéance, ces chiffres sont à prendre avec précaution. Ce qui frappe davantage, c’est que désormais dans les instituts de sondage, seul Jordan Bardella est testé comme candidat RN. Marine Le Pen, elle, a quasiment disparu des hypothèses. La principale intéressée a d’ailleurs esquissé ces dernières semaines un calendrier de retrait. Interrogée sur une radio nationale, la cheffe de file des députés RN a déclaré que si sa condamnation était confirmée en appel – décision attendue à l’été 2026 – elle passerait immédiatement le flambeau sans attendre un éventuel pourvoi en cassation qui, même s’il aboutissait avant 2027, interviendrait trop tard pour mener une campagne sereine.

    Jordan Bardella en campagne... pour son livre

    Pendant ce temps, Jordan Bardella sillonne la France pour promouvoir son deuxième livre, Ce que veulent les Français (plus de 40 000 exemplaires vendus). L’ouvrage ressemble à s’y méprendre à un programme présidentiel. Il parle beaucoup à la première personne, développe une vision et ne cite Marine Le Pen qu’une seule fois – un hommage court mais chaleureux à son « mentor ». À chaque dédicace, la foule est au rendez-vous : files d’attente interminables, selfies à la chaîne… et même un enfarinage, un rite de passage presque obligé pour tout prétendant sérieux à l’Élysée.

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    Ne pas enterrer Marine Le Pen

    Au sein du parti, pourtant, personne n’ose encore briser publiquement le tabou. « La période qui nous sépare de l’été prochain ne pose aucun problème », assure un proche de Marine Le Pen, qui continue d’afficher son « grand espoir » d’être relaxée en appel. Publiquement, la double finaliste de la présidentielle répète qu’elle n’a « absolument pas renoncé ». Le RN prend d’ailleurs soin, dans ses communications sur les bons sondages, d’afficher côte à côte les photos de Marine Le Pen et de Jordan Bardella.

    En privé, l’ambiance est différente. Plusieurs cadres et interlocuteurs récents décrivent une forme de résignation chez la présidente d’honneur du parti. « On a parfois l’impression qu’elle fait un peu semblant d’être suspendue au verdict et d’y croire encore », confie l’un d’eux – tout en reconnaissant que sa combativité reste intacte, notamment lors des débats budgétaires à l’Assemblée nationale.

    Chez les alliés ciottistes de Reconquête comme au Palais-Bourbon, on est plus direct. On se prépare ouvertement à une campagne Bardella. Les adversaires du RN, eux, ont bien compris la séquence. Ils attaquent déjà durement le jeune président du parti sur son manque d’expérience et mettent en doute sa capacité à tenir une campagne présidentielle de longue haleine. Pour le Rassemblement national, l’exercice consiste donc, pour l’instant, à marcher sur un fil : maintenir l’unité derrière Marine Le Pen tant que l’espoir juridique existe, tout en laissant Jordan Bardella monter doucement en première ligne. Un numéro d’équilibriste qui pourrait durer encore de longs mois.

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  • Macron ne renonce pas à exister
    Nov 22 2025

    Quel rôle pour Emmanuel Macron ? Depuis la dissolution, Emmanuel Macron est hors-jeu dans le débat politique national, obligé de laisser « carte blanche » à son Premier ministre Sébastien Lecornu pour éviter une censure. Mais il essaie malgré tout de rester présent aux oreilles des Français. Le président de la République ne cesse d’envoyer des messages.

    Une petite phrase par-ci, une réunion par là. Emmanuel Macron essaie encore et toujours de se créer des occasions de participer au débat national. Récemment, il a lancé un cycle de rencontres publiques avec les lecteurs des titres de la presse quotidienne régionale autour de la question des réseaux sociaux et de la démocratie. Il a organisé une édition française du sommet Choose France, son grand rendez-vous économique, lors de laquelle il a pris soin d’essayer de rassurer les patrons inquiets des conséquences de l’instabilité politique lors d’un diner, mais aussi de s’adresser à ses concitoyens dans une vidéo.

    Un exercice de communication dont le président est friand, moins solennel qu’une allocution et qui lui a permis de vanter le bilan de sa politique économique de l’offre alors qu'elle est consciencieusement détricotée par les oppositions dans le débat budgétaire. « Est-ce que je suis satisfait tous les jours de ce qui est voté au Parlement ? Non. Mais est-ce que je pense que la recherche d’un compromis est nécessaire ? Oui », a lancé Emmanuel Macron qui a fait valoir ses convictions et en même temps son incapacité à les imposer.

    « Est-ce que je suis satisfait tous les jours de ce qui est voté au Parlement ? Non. »

    Le président s’est aussi emparé de la question du narcotrafic. Un peu à la Sarkozy, il a organisé une réunion avec tous les ministres concernés à l’Élysée après un fait divers dramatique, l’assassinat du jeune frère d’un militant engagé dans la lutte contre les trafiquants de drogue à Marseille, Amine Kessaci. Emmanuel Macron a diligenté ses ministres sur place et a promis de s’y rendre en décembre. Et il a stigmatisé dans la foulée les consommateurs de drogue avec une phrase qui a utilement été rapportée et qui met en cause « les bourgeois des centres-villes qui financent le narcotrafic ». Des propos qui ont fait beaucoup parlé.

    « Il met en scène sa propre impuissance »

    Mais est-ce que sa voix porte ? C’est toute la question. Un député socialiste est cinglant : « Le problème d’Emmanuel Macron, dit-il, c’est qu’il a du mal à comprendre la situation dans laquelle il est. Il pense sûrement qu’en réapparaissant, il va retrouver un crédit. Mais il met en scène sa propre impuissance ». Une ministre de son camp n’est pas plus positive et déclare : « Les gens ont du mal avec lui. Il a créé un truc de détestation ». Une manière de dire que les efforts d'Emmanuel Macron pour jouer encore un rôle risquent d’être vains.

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  • Faut- il arrêter la vente d’alcool à la buvette de l'Assemblée nationale?
    Nov 15 2025

    En pleine discussion budgétaire en France, un débat inattendu s’est invité dans les couloirs de l’Assemblée : un débat autour de la consommation d’alcool à la buvette de l'Assemblée.

    Tout est parti d’un rapport de 70 pages écrit par le député écologiste Emmanuel Duplessy, et rendu public début novembre 2025. Dans ce document, le député fait une série de recommandations sur le budget de fonctionnement, entre autres, de l’Assemblée, avec des possibilités d’économies. Et il livre notamment deux recommandations qui ont fait beaucoup parler.

    Utilisation des frais de mandat possible

    La première : en finir avec la vente d’alcool à la buvette de l’Assemblée « par mesure d'exemplarité ». La deuxième : ne plus autoriser les députés à utiliser leurs frais de mandat pour régler leurs consommations. Pourquoi une consommation d’alcool pourrait être « prise en charge par les deniers publics ? », s’interroge l’élu écologiste.

    Certains députés se disent prêts à revoir les règles. « Il faut voir comment faire côté administratif, mais c'est clair que l’achat d’alcool à la buvette pourrait passer sur un crédit personnel », concède un élu Insoumis. Une élue du PS, elle, ne voit pas le problème et relativise : « Ce sont juste des notes de frais de repas, et dans le repas, eh bien, il peut y avoir parfois de l’apéro. Tout ça est très Français, j'imagine comme comportement ».

    « S'il n'y a plus d'alcool à la buvette, certains iront en boire ailleurs »

    Sur l'interdiction pure et simple de l'alcool à la buvette, là aussi, il y a de la résistance. Et on n'est pas du tout sur une fracture gauche / droite, puisqu’on trouve des députés sceptiques dans les deux camps. « On n'est pas alcooliques, on n’est pas saouls dans l’hémicycle, donc je ne vois pas où est le problème », explique sourire aux lèvres un député du camp présidentiel. « S’il n’y a pas d’alcool à la buvette, certains iront en chercher ailleurs ou même en boire dans leur bureau » confie de son côté une députée du PS qui assure être plutôt adepte du coca light à la buvette. Autre argument, celui-là, d’un député LFI : « Quand votre boulot commence à 9 heures et se termine à minuit, comme depuis quatre semaines, interdire l’alcool, pour ceux qui aiment prendre un verre, ça revient à dire : aucun moment de détente ».

    Une potentielle source d'économies limitée

    Précision importante : le député, Emmanuel Duplessy, assure ne jamais avoir assisté à un débordement lié à un problème d’alcool à l’Assemblée. Il reconnaît aussi que si l'alcool était exclu des notes de frais, la source d'économies serait limitée : l'année dernière, le chiffre d'affaires des ventes d'alcool à la buvette de l'Assemblée s'élevait à moins de 100 000 euros. Et ce montant ne correspond pas forcément à des commandes payées par des députés, car les ministres, collaborateurs et conseillers ministériels ont aussi accès au lieu.

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  • Bruno Retailleau essaie de rallumer la flamme en vue de la présidentielle de 2027
    Nov 8 2025

    Après un passage remarqué au ministère de l’Intérieur et une percée fulgurante dans les sondages, Bruno Retailleau est brutalement retourné dans l’ombre suite à sa sortie fracassante du gouvernement Lecornu I. Désormais chef à plein temps des Républicains, le Vendéen tente de retrouver la lumière. Il opère un retour cette semaine pour mettre fin à une mauvaise passe en lançant un tour de France pour préparer 2027.

    Le service politique de RFI a rencontré le patron des Républicains cette semaine, dans son bureau parisien. Ce n’était pas pour parler politique pure, mais pour préparer la commémoration des dix ans des attentats du 13-Novembre. Pourtant, une rencontre reste toujours l’occasion d’un ressenti. Et c’est assez visible, Bruno Retailleau a perdu de sa vigueur. Celle du temps où il était un ministre en vue, au discours ferme et aux petites phrases explosives. Son entourage le confirme : « Il est un peu éteint » « Une chute d’adrénaline », que l’on juge « logique ». Il est passé, c’est vrai, en quelques jours, de réunions de la plus haute importance à des comités stratégiques. « La lumière va se rallumer », veut croire un proche. S’il est fatigué, il n’est pas abattu. Et il s’apprête à retrouver bientôt les bancs du Sénat, où, sans reprendre la direction du groupe, il devrait peser sur les débats budgétaires en cours, qu’il dépeint comme un « hold-up fiscal ».

    Un chef à l'autorité fragilisée

    Bruno Retailleau est aussi le patron d’un parti, LR, affaibli. Car la séquence « sortie du gouvernement » a aussi ébranlé en interne. Un certain Laurent Wauquiez, chef des députés LR et adversaire de Bruno Retailleau pour la présidence du parti, ne cache pas en off avoir cherché à le « pousser à la faute ». Plaidant tantôt pour, tantôt contre la participation au gouvernement, puis pour, puis contre la censure. Bref, toujours dans le contre-pied de celui qu’il a pourtant très largement battu, à près de 75%. C'est ainsi que désormais, Laurent Wauquiez se range dans le camp de ceux qui demandent l’organisation d’une grande primaire, allant du centre droit de Gérald Darmanin à l’extrême droite de Sarah Knafo, pour désigner un candidat en 2027. « Ça n’a aucun sens », pour les « rétaillistes », qui, eux, lancent des travaux de consultation des militants pour définir la méthode d’ici janvier, et un candidat LR après les municipales. Une primaire fermée ? Ou une sélection naturelle en fonction des sondages ? Les deux sont sur la table.

    Retailleau veut jouer un rôle

    Et Bruno Retailleau, évidemment, jouera un rôle. Il a entamé un tour de France, à raison d’un meeting par semaine. Il compte se poser comme le grand espoir de la droite, avec un « projet de redressement », au cœur duquel il place la valeur travail, l’assimilation des étrangers, ou la remise en cause de l’État de droit, devenu à ses yeux un cadre idéologique. La présidentielle, c’est dans 17 mois. Dix-sept mois pour créer l'événement, car désormais Bruno Retailleau sans l’exposition qu’offrait le ministère de l’Intérieur.

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  • Examen du Budget sans 49.3: vraie révolution ou «comédie»?
    Nov 2 2025

    Direction l’Assemblée nationale dans la chronique politique. L’Assemblée, où depuis la semaine dernière, les députés se retrouvent dans une situation inédite. Ils examinent le projet de budget 2026 — jusque-là, rien de bien nouveau ! — Sauf qu’ils ont en tête la promesse du Premier ministre : ne pas recourir à l’article 49.3.

    L'abandon du 49.3, un engagement pris « pour garantir que le débat vivra et ira jusqu’au vote » avait défendu Sébastien Lecornu lors de son Discours de politique générale. Un engagement pris aussi pour éviter la censure du Parti socialiste.

    Le pouvoir de retour au Parlement ?

    Le Premier ministre avait alors utilisé le mot « rupture ». Les débats ont commencé il y a plusieurs jours, est-ce que cela a vraiment transformé les échanges ? Ce qui est sûr, c’est qu’on n’avait pas vu autant de députés dans l’hémicycle pour un débat budgétaire depuis plusieurs années. Et il y a, ici ou là, un certain enthousiasme.

    Pour une élue du PS, « Cette situation rend les débats plus dynamiques et les masques tombent », chaque parti étant davantage amené à se positionner sur chaque sujet en votant. « L’abandon du 49.3 redonne du pouvoir au Parlement », reconnaît aussi un élu MoDem. On trouve également de l’enthousiasme du côté de l’Élysée. Un proche du président l’affirme : « Après des mois d’invectives, le sérieux est de retour dans l’hémicycle. »

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    « Des dérapages dans tous les sens »

    Mais toute la classe politique ne partage pas cette « positive attitude », comme la droite et le centre droit, par exemple. Il faut dire que, ces derniers jours, une taxe sur les multinationales, qui rapporterait 26 milliards d’euros, a été votée : un véritable cauchemar fiscal pour ce côté-là de l’hémicycle. « Les débats sont intéressants, mais il y a des dérapages dans tous les sens », résume un élu Horizons.

    « Cet abandon du 49.3 ne change pas fondamentalement les choses », m’explique, de son côté, un élu LR, qui voit surtout en ce moment une « mainmise du PS sur le budget ». Avant de conclure : « Si ça continue comme ça, je ne vois pas comment on peut adopter un projet de loi qui tienne la route. » Un propos qui donne du grain à moudre à La France insoumise et au Rassemblement national.

    Le parti de la gauche radicale et celui d’extrême droite attaquent en effet frontalement cette nouvelle configuration. « Cet examen va finir en budget Frankenstein », tacle LFI. « On assiste à une comédie parlementaire », dixit le Rassemblement national. En fait, les deux partis pensent que le budget ne sera pas voté et que le gouvernement finira par le faire passer par ordonnances. Un député du bloc central analyse : « Les forces politiques modérées débattent en responsabilité… et ça démonétise les extrêmes, qui veulent radicaliser les positions de chacun. »

    À ce stade des débats, en tout cas, le gouvernement se défend vivement de vouloir utiliser les ordonnances.

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  • Edouard Philippe - Horizons : friture sur la ligne
    Oct 26 2025

    L'ancien Premier ministre Edouard Philippe a les yeux rivés sur la prochaine élection présidentielle et ses proches s'interrogent sur sa stratégie. D'ailleurs ces dernières semaines il y avait comme un parfum de cacophonie au sein du parti Horizons ?

    Tout d’abord, les faits. Début octobre en pleine crise politique, le fondateur d'Horizons demandait à Emmanuel Macron d'organiser une « élection présidentielle anticipée », seulement après l'adoption d'un budget, car une « démission immédiate et brutale aurait un impact terrible ». La formation des gouvernements Lecornu 1 et 2 arrive et la ligne du parti est la suivante : un soutien, mais sans participation. Mais quelques jours plus tard, le premier gouvernement Lecornu est annoncé et trois ministres Horizons sont nommées. Scénario identique pour Lecornu 2 : Naïma Moutchou, Charlotte Parmentier-Lecoq et Anne le Hénanff sont bien présentes.

    Au sein du parti, ça commence à tanguer. L'ancien Premier ministre aurait finalement donné son accord pour leur entrée, mais sans en avertir le Bureau politique. Le parti se défend en expliquant que c'est à titre personnel que les trois ministres Horizons ont accepté. Pour un proche d'Edouard Philippe, « le Premier ministre Sébastien Lecornu aurait offert des portefeuilles que les trois concernées ne pouvaient pas refuser avec des sujets qui leur tenaient à cœur ». Puis vient l'étape de la censure et, cette fois, c'est Christelle Morançais vice-présidente du parti et présidente de la région Pays de La Loire qui, dans une initiative personnelle, se prononce en faveur de la censure d'un gouvernement « qui brade l'avenir des français sur l'autel d'intérêts partisans ». Les députés Horizons quant à eux n'ont pas envisagé un seul instant de voter cette censure et ont très mal accueilli l'idée.

    Quelle est la stratégie d'Edouard Philippe et de son parti ?

    Pour le moment, elle est assez illisible. Soldat loyal et « droit dans ses bottes » comme il aime le dire, cette crise politique a marqué un tournant pour l’ancien Premier ministre mais aussi pour son parti. Pour la première fois, des désaccords se sont faits jour au sein même du groupe à l'Assemblée. Il faut ajouter à cela la suspension de la réforme des retraites par Sébastien Lecornu qui a encore plus accentué les tensions au sein du parti d'Edouard Philippe. Il y a un an déjà, en septembre 2024, en pleine instabilité politique alors même que la France n’avait pas de Premier ministre, le maire du Havre faisait preuve d’un sens du timing hors du commun en annonçant sa candidature pour la présidentielle 2027. Le Havrais cultive le credo « loyal mais libre » mais cette fois il largue les amarres et se démarque bien de la Macronie et acte la rupture.

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    Est-ce que ça porte ses fruits ?

    Pour le moment pas vraiment. Dans un sondage publié il y a quelques jours, l'ancien Premier ministre est en recul face au Rassemblement national qui s'impose. Il souffre de la fragilisation du bloc central, mais aussi du manque de clarté de la ligne de son parti. Pour les sondeurs, Edouard Philippe paie aussi sans doute sa stratégie d’être parti très tôt dans la course pour 2027.

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