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Le roman de Pip Williams, La Collectionneuse de mots oubliés, raconte l’histoire d’Esme, fille d’un grand lexicographe travaillant à la création du premier dictionnaire d’Oxford. Dans la société étriquée de la fin du XIXᵉ siècle, où le savoir se construit et se finance par des hommes blancs et bourgeois, Esme découvre très tôt que certains mots n’ont pas leur place dans les colonnes du dictionnaire. Des mots délaissés ou interdits parce que jugés vulgaires, pas dignes d'intérêt ou trop féminins.
Alors Esme les collecte en secret, convaincue que si les mots disparaissent des dictionnaires, ils risquent aussi de disparaître de nos mémoires.

Et derrière cette entreprise lexicale, on est en droit de se demander : à qui appartient la langue ? Qui décide de ce qui est légitime ou non ? Et quelles injustices naissent de ces exclusions ?

Aujourd’hui, nous accueillons Diane, qui a quitté l’Éducation nationale pour créer la Fresque de la langue française, un atelier ludique et pédagogique qui invite à explorer l’histoire et l’évolution de notre langue, tout en mettant en lumière ses enjeux sociaux. Car si les mots façonnent notre vision du monde, c’est en s’appropriant leur usage que l’on peut transformer nos relations et notre société.

Sources :

• Le français est à nous, Petit manuel d'émancipation linguistique, Maria Candéa et Laélia Véron, 2019

• L'académie contre la langue française, Eliane Viennot, 2016

• Le cerveau pense-t-il au masculin ? Cerveau, langage et représentations sexistes, Pascal Gygax, Sandrine Zufferey, Ute Gabriel, 2021

• La collectionneuse de mots oubliés, Pip Williams, 2022

• Le podcast “Parler comme jamais”

• https://fresquedelalanguefrancaise.org

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Dans son essai Pourquoi les lesbiennes sont invisibles, Marie Docher, photographe, explore les mécanismes qui rendent les lesbiennes si peu représentées, mal représentées, voire absentes de nos imaginaires collectifs. Elle écrit notamment :

« La dernière question que je posais à chacune avant de réaliser les photos était : « Avec quelles représentations t’es-tu construite ?» Nous en avons eu tellement peu à disposition que ce vide nous a façonnées. Construites par le vide, construites par des bricolages, de multiples négociations avec des bribes de films, de romans et une montagne d’hétérosexualité très souvent problématique. Nous en avons souvent été réduites à aimer ce qui nous dépréciait. [...] La norme est omniprésente, surpuissante dans toute la culture, la société, et s’impose massivement jusqu’à rendre aveugle à l’altérité, à la différence.»

Cette question de la représentation, de la possibilité de se reconnaître dans une histoire, est au cœur du témoignage de Lucie. Elle nous parle d’un roman grâce auquel elle a pu, enfin, se reconnaître et se construire.

Livres cités :

- 6h22 Place 108, Clémence Albérie, 2016
- Pourquoi les lesbiennes sont invisibles, Marie Docher, 2025

Musique :

Vacs In The Morning de Martijn Schmit

Source: https://soundcloud.com/martijn-schmit

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Dans son roman La moustache, Emmanuel Carrère raconte l’histoire d’un homme plutôt privilégié, le genre de personne à qui il ne peut rien arriver. Il porte sa moustache depuis dix ans, sans jamais l’avoir enlevée. Un jour, pour surprendre sa femme, il décide de la raser alors qu’elle est allée faire des courses. Lorsqu’elle revient, elle ne fait aucun commentaire. Quand le soir ils vont dîner chez des ami·es, ils ne disent rien non plus. Le personnage demande alors pourquoi personne ne remarque qu’il a rasé ladite moustache.

Et on lui certifie qu’il n’a jamais eu de moustache. Il cherche des photos de vacances à Java pour apporter la preuve de ce qu’il dit mais c’est pire, puisqu’on lui certifie qu’il n’est jamais parti à cet endroit-là.

Est-ce que c’est une plaisanterie ? Un complot ? Une distorsion absurde de la réalité ?

Remy va évoquer un sujet bien plus grave qu’une simple moustache. Mais quelque chose est certain : alors que tout lui souriait, que son quotidien ressemblait à celui de beaucoup d’adolescents, un événement va venir tout renverser.

Et il va devoir faire le chemin inverse du personnage de La moustache : apprendre à passer de l’absurde au réel.

Livres cités :

- Patients, Grand Corps Malade, 2012

- La Moustache, Emmanuel Carrère, 1986

Musique :

Memories de Atch

Source: https://soundcloud.com/atch-music/memories

Licence: https://creativecommons.org/licenses/by/3.0/deed.fr

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