
«Stop Killing Games»: nos jeux vidéo nous appartiennent-ils vraiment?
Échec de l'ajout au panier.
Échec de l'ajout à la liste d'envies.
Échec de la suppression de la liste d’envies.
Échec du suivi du balado
Ne plus suivre le balado a échoué
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« Arrêtez de tuer les jeux vidéo », c'est la demande formulée par plus d’un million de joueurs dans la pétition « Stop Killing Games » du même nom qui vise à empêcher les éditeurs de supprimer l'accès à des jeux qu'ils ont achetés. RFI revient sur le contexte de cette pétition qui a pris récemment de l'ampleur.
Imaginez : vous achetez un jeu vidéo, vous y investissez du temps, de l'argent. Un jour, sans prévenir, l'éditeur décide de couper les serveurs et votre jeu disparaît. Impossible d'y rejouer, même hors ligne. C'est exactement ce qui est arrivé avec The Crew en 2024 lorsque Ubisoft a fermé les serveurs du jeu. L'éditeur avait alors été poursuivi en justice par deux joueurs en Californie qui l'accusaient d'avoir trompé les consommateurs en leur vendant le jeu, même s'ils n'achetaient en réalité qu'une simple licence d'utilisation.
Ubisoft, de son côté, a justifié la fermeture des serveurs de The Crew, vieux de dix ans, par des contraintes techniques et de licences. Et si l'entreprise a bien proposé des remboursements, ils n'étaient valables que pour les achats récents, laissant de nombreux joueurs historiques hors jeu.
La préservation des jeux vidéo : une question qui fait débatCette affaire met en lumière une question cruciale dans l'industrie du jeu vidéo : quand vous achetez un jeu, surtout en version numérique, possédez-vous vraiment le jeu, ou juste le droit d'y jouer tant que l'éditeur le permet ? C'est une différence fondamentale qui peut avoir de lourdes conséquences pour les joueurs. C'est pourquoi le mouvement « Stop Killing Games » (« Arrêtez de tuer les jeux vidéo ») prend de l'ampleur.
L'objectif ? Que les éditeurs intègrent des modes hors ligne à leurs jeux comme Suicide Squad : Kill the Justice League l'a fait, ou qu'ils fournissent les outils nécessaires aux communautés pour maintenir les jeux après l'arrêt des serveurs.
Le lobby européen de l'industrie du jeu vidéo, Video Games Europe, qui représente des mastodontes comme Microsoft ou Epic Games, a publié une réponse de cinq pages. Selon eux, imposer de telles obligations légales mettrait des limites trop lourdes aux développeurs, augmenterait des coûts de production déjà astronomiques, et pourrait même poser des problèmes de sécurité et de confidentialité pour les joueurs. Ils affirment que les entreprises sont déjà engagées dans des efforts de préservation.
Des solutions pour sauvegarder le patrimoine du jeu vidéo existentEn France, depuis 1992, la Bibliothèque nationale française (la Bnf) oblige les éditeurs de jeux vidéo à y déposer leur production. C'est ainsi qu'ont été collectés plus de 22 000 titres accessibles au public, mais pour certains, ce n'est pas suffisant. Si les jeux sont sauvegardés, mais les serveurs coupés, il ne sera pas possible d'y avoir accès.
Quand on pense que créer un jeu vidéo requiert des années de travail et des centaines de personnes, on peut effectivement se demander si le faire disparaître à tout jamais est vraiment la voie à suivre. L'actuel vice-président du Parlement européen, Nicolae Ștefănuță, a d'ailleurs apporté son soutien et signé la pétition en clamant « qu'un jeu, une fois vendu, appartient au client, pas à l'entreprise ». Et si vous êtes du même avis, la pétition est disponible en ligne.
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