
Chapitre 2 - 18 octobre 2022, 418 ppm, +1,1 °C
Échec de l'ajout au panier.
Échec de l'ajout à la liste d'envies.
Échec de la suppression de la liste d’envies.
Échec du suivi du balado
Ne plus suivre le balado a échoué
-
Narrateur(s):
-
Auteur(s):
À propos de cet audio
Gouvernail 602 est un livre de Marek Baari. Rendez-vous sur marekbaari.com pour retrouver le texte intégral, et pouvoir télécharger l’œuvre en de multiples formats de lecture. Licence Creative Commons CC BY-NC-ND 4.0
Ceci est le chapitre 2 du livren, en version audio :
"fondationwebuni.com/forum
hern_hardin 18/10/22 [9 commentaires]
Il est devenu ardu de croire encore à quelque chose, n’est-ce pas ? Comment avoir confiance en l’avenir lorsque l’histoire que l’on se raconte ne permet plus de rêver ? L’époque est à la défiance. C’est la terreur de tous les mythes. Ne plus être cru, ne plus provoquer d’espérance.
Dieu est mort depuis longtemps, plusieurs centaines d’années. Pas le Dieu absolu et mystique, qui restera toujours une idée floue, rassurante. Je parle du Dieu des livres, celui des lois, des églises. Plus jamais il ne sera là pour gouverner par la terreur qu’il inspire, et pour organiser, par l’intermédiaire de représentants qui se l’approprient, une société pyramidale. Ce Dieu-là est bien mort. Certains tentent de le maintenir encore en vie, résistance fugace et sursaut du passé, vieux remèdes, immobilisme psychologique qui semble réconfortant, mais qui n’est qu’un leurre qu’on entretient pour éviter de devoir changer. Notre merveilleuse science l’a définitivement cloué et enterré. Sa messe est dite, il ne pourra pas ressusciter.
Je m’en réjouis, comme vous peut-être, même si certains en tremblent de manque, mais je reconnais aussi qu’il a laissé un grand vide. Ce vide fut comblé par le mythe de l’Homme. C’est l’humanité en marche, omnipotente, qui fut sa propre boussole démiurgique pendant les derniers siècles. Pourtant, ce mythe-là aussi est en train de tomber. Pourquoi ?
Parce que les êtres-fictions constatent qu’ils sont peut-être les pires fossoyeurs du vivant, et ce faisant d’eux-mêmes. Notre génération, contrairement à celle de nos parents, n’a plus de narration positive à propos du futur. Ils avaient l’humanisme libéral, la croissance, le développement technologique, les USA, un sentiment de progrès, de développement, et étaient sereins en pensant aux lendemains, confiants dans le fait que leurs enfants vivraient dans un monde meilleur que leur présent.
Nous n’avons plus de modèle. Ni USA, ni Russie, ni Chine. Les nationalismes en Europe refont surface. Nous craignons les conséquences du réchauffement climatique. Nous avons peur de l’avenir, car l’histoire que nous nous racontons le concernant a changé. Pourtant le futur, lui, n’a pas changé. Nos parents n’avaient juste pas connaissance et conscience des conséquences de leurs actes. Nous savons. Le futur, lui, reste le même. L’histoire que nous nous racontons à nous-mêmes change. Nos modèles changent. Nos aspirations changent. Un vide se crée tant qu’une nouvelle narration positive et collective de l’avenir ne se met pas en place. En attendant c’est le règne des peurs, des errements, des replis réactionnaires négationnistes et des nouveaux dogmes collapsologistes.
Tout change petit à petit, la vie se faisant aider de la mort, cela a toujours été ainsi. Alors je babille pour vous, vénérables animaux, toutes choses grouillantes et toutes bêtes. Bactéries, bacilles, insectes et nénuphars. Méduses, mammifères, champignons et léopards. Noms fantasmatiques, mélodieux qui courent à nos oreilles et nous chantent un hymne fascinant, celui de la force de la vie. Vous en êtes tous les représentants et les composants. Seule la lucidité insuffisante est une malédiction, celle qui ne fait que la moitié du chemin. Ensemble, parcourons-le gaiement et essayons de faire pleine lumière sur la réelle beauté de tout ce qui est, et pourra être."
Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.