Épisodes

  • 2025, une année record pour les exportations chinoises d'acier
    Dec 17 2025

    En 2025 les exportations d'acier de la Chine s'annoncent records. Sur les onze premiers mois de l'année, les volumes exportés ont déjà atteint plus de 100 millions de tonnes. L'acier chinois inonde toujours le monde – les exportations ont plus que doublé ces cinq dernières années – mais les destinataires ne sont plus tout à fait les mêmes.

    L'acier chinois à bas prix fait l'objet de plusieurs enquêtes antidumping lancées par des pays dont les producteurs crient à la concurrence déloyale. Plusieurs États ont aussi décidé d'instaurer des droits de douane sur l'acier chinois. On peut citer les États-Unis, le Vietnam ou encore la Corée du Sud.

    Ces mesures protectionnistes ont été compensées par une demande issue de marchés sur lesquels il y a moins de restrictions. C'est le cas en Asie du Sud-Est – aux Philippines, en Thaïlande et en Indonésie – et en Afrique où la demande s'est consolidée.

    L'engouement pour l'acier chinois s'observe surtout au Moyen-Orient. L'Arabie saoudite s'est imposée comme la destination phare de 2025. Sur les neuf premiers mois de l'année, les expéditions vers le royaume ont bondi de plus de 40 % selon les calculs de l'agence Bloomberg.

    Production en baisse depuis six mois

    Si les exportations de Chine atteignent des records, la production dans le pays s'est plutôt stabilisée sur la dernière décennie. Elle est même en baisse depuis six mois consécutifs. En novembre, elle a diminué de plus de 4 % par rapport à octobre et atteint son plus bas niveau en près de deux ans, soit 69,8 millions de tonnes.

    Cette baisse s'explique par une baisse des marges. Selon l'agence Reuters, qui cite des données du cabinet Mysteel, fin novembre environ la moitié des aciéries chinoises étaient rentables, contre les deux tiers fin octobre.

    La Chine a cependant toujours une capacité de production d'un milliard de tonnes par an. Une surcapacité accentuée par la faible demande intérieure liée au ralentissement prolongé du marché de l'immobilier.

    Les estimations font état d'une baisse de 2 % de la demande en Chine cette année et de 1 % l'année prochaine. Une contrainte pour les producteurs qui n'ont pas d'autre choix que d'exporter toujours d'énormes volumes.

    Encadrement des exportations chinoises

    La Chine vient cependant de décider d'encadrer ses exportations d'acier à partir de janvier prochain. Les exportateurs seront soumis à l'obtention d'une licence pour exporter une gamme de 300 produits. L'octroi de ces licences se fera en fonction de leurs contrats d'exportation et après étude des certificats de qualité des produits concernés.

    Cette mesure va-t-elle permettre un meilleur équilibre entre l'offre et la demande mondiale, comme le dit l'Association chinoise du fer et de l'acier (China Iron and Steel Association) ? Dans l'immédiat, la portée et l'impact de cette décision restent très difficiles à évaluer.

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  • La Chine suspend ses exportations d'engrais phosphatés jusqu'à l'été 2026
    Dec 16 2025

    Pékin appelle les producteurs à suspendre les exportations de fertilisants phosphatés jusqu’à l’été 2026, officiellement pour sécuriser les semis de printemps. Derrière cette décision technique se cache une bataille stratégique sur les prix, la dépendance aux importations et la sécurité alimentaire.

    L'appel de Pékin a un objectif affiché : privilégier le marché intérieur et éviter une flambée des prix à l’approche des semis de printemps. La décision a été actée lors d’une réunion organisée le 11 décembre sous l’égide de la Commission nationale du développement et de la réforme, le puissant organe de planification économique.

    Producteurs, distributeurs et autorités y ont tiré la sonnette d’alarme : dans plusieurs régions, les prix deviennent instables et compliquent la constitution des stocks, alors même que la production nationale reste élevée.

    Le soufre en cause

    Cette volatilité a une cause majeure : le soufre. Matière première indispensable à la fabrication des engrais phosphatés, son prix a explosé. Début décembre, il atteignait plus de 4 100 yuans la tonne (environ 495 euros) dans les ports chinois, un niveau proche d’un record sur dix ans, soit une hausse de près de 200 % sur un an.

    La Chine est particulièrement exposée. Près de la moitié de sa consommation de soufre dépend des importations. Or, le marché mondial est sous tension. La Russie, autrefois deuxième producteur mondial, a vu sa production perturbée par des attaques sur ses raffineries et a instauré une interdiction temporaire d’exportation.

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    Implications mondiales

    Dans le même temps, les tensions persistantes sur l’offre pétrolière au Moyen-Orient alimentent la hausse des prix internationaux. En conséquence, les coûts de production s’envolent et se répercutent en aval. En novembre, les prix de certains engrais phosphatés ont bondi d’environ 500 yuans la tonne en quelques semaines, restant à des niveaux élevés en décembre.

    Face à ce risque, Pékin demande aux entreprises de maintenir des cadences élevées, de renoncer aux exportations, d’éviter toute spéculation et de stabiliser les prix jusqu’à la fin de la saison des semis.

    L’enjeu dépasse l’agriculture : pour les autorités chinoises, des engrais abordables sont un pilier de la sécurité alimentaire nationale, devenue priorité absolue depuis la pandémie et les tensions géopolitiques mondiales.

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  • L'hydrogène vert, un marché qui n'a toujours pas décollé en 2025
    Dec 15 2025

    Durant les premières années qui ont suivi le Covid-19, l’hydrogène vert, produit à partir d’énergies renouvelables, était apparu comme une alternative crédible au gaz naturel et au pétrole à l’horizon 2030/2035, c'est-à-dire comme la possibilité d’avoir une énergie décarbonée pour le transport ou les industries. Aujourd’hui, cette idée semble bien lointaine.

    Pas une région du monde n’a atteint ses objectifs de production et le marché de l’hydrogène reste embryonnaire. Sur dix projets lancés, un seul voit généralement le jour selon la présidente du conseil de l’hydrogène, un lobby qui réunit de grands groupes industriels et pétroliers.

    Pour prendre le cas de l’Europe, l’Agence de l’Union européenne pour la coopération des régulateurs de l’énergie a dressé un constat sans appel début décembre. L’Union européenne n’atteindra pas l’objectif qu’elle s’est fixé pour 2030 et en est même très loin.

    Un marché qui ne décolle pas

    La liste des raisons qui expliquent que ce marché ne décolle pas est malheureusement très longue. En tête de ces facteurs : le coût de l'énergie. L’hydrogène est un gaz obtenu en décomposant les molécules d’eau grâce à un courant électrique. C’est ce qu’on appelle l’électrolyse. Aujourd’hui, il est plus rentable de faire de l’hydrogène gris, c'est-à-dire d’utiliser un combustible fossile, comme source primaire d’énergie. L’hydrogène gris est deux fois moins cher que l’hydrogène vert. Mais comme il émet des gaz à effet de serre, son processus de fabrication est beaucoup moins vertueux.

    Parmi les autres freins identifiés, on trouve la complexité de la réglementation pour raccorder les énergies renouvelables aux réseaux électriques. S'ajoute à cela la lenteur de l’adoption, au niveau national, d'un objectif de production de carburant dit « renouvelable » pouvant être fabriqué à partir d’hydrogène. Et comme tout est compliqué, la construction des réseaux nécessaires au transport de l’hydrogène a aussi pris beaucoup de retard.

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    Des dizaines de projets abandonnés ou mis en pause

    Les investisseurs revoient leurs ambitions à la baisse. Le Financial Times a fait les comptes : 60 projets majeurs ont été abandonnés ou mis sur pause en 2025 dans le monde, l’équivalent de quatre fois la capacité de production globale actuelle.

    Parmi les groupes qui ont fait machine arrière, on peut citer BP, Exxon, Shell ou encore Arcelor-Mittal. Oman, l'Australie, la Norvège, les États-Unis, la Chine : pas une région n'est épargnée.

    Il faudra faire preuve de patience pour voir un marché économiquement viable émerger. Le scénario retenu par l’Agence internationale des énergies renouvelables (AIE) fixe 2050 comme horizon crédible. À cette date, la demande en hydrogène vert sera plus forte, tout comme celle des productions qui utilisent de l’hydrogène pour être fabriquées, comme l’acier vert ou l’ammoniac que l'on retrouve dans les engrais azotés.

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  • Des vents contraires soufflent sur les cours de l'huile de palme
    Dec 14 2025

    Le marché de l’huile de palme navigue en pleine incertitude. Des stocks élevés en Malaisie auraient tendance à tirer les prix vers le bas, mais la restructuration de la filière indonésienne annonce des perturbations d'approvisionnement.

    L'Indonésie a lancé une profonde réforme structurelle cette année qui consiste en la saisie de plantations considérées comme illégales. Une grande partie des surfaces concernées ont été transférées à une société d'État : Agrinas Palma Nusantara. Cette vaste opération de nationalisation concernerait déjà 30% de la superficie totale des plantations du pays, soit plus de 3,7 millions d'hectares, avec un objectif de 4 millions d'hectares d'ici la fin de l'année, selon l'agence Reuters.

    Ces changements de propriétaire peuvent entrainer des perturbations sur les surfaces touchées, mais également une baisse de la fertilisation des sols et des rendements ailleurs. « Des grosses sociétés, mais aussi des petits planteurs, se demandent pourquoi dépenser de l'argent pour des zones qui risquent de se faire confisquer », explique Nicolas Turnbull, agronome et entrepreneur du secteur.

    Le risque est celui d'un ralentissement progressif de la production, dont la croissance est déjà affectée par le vieillissement des arbres. À cela, il faut ajouter les inondations récentes qui pourraient avoir un impact sur la production du mois de décembre.

    Huile de palme pour le biodiesel

    Par ailleurs, le programme biodiésel du pays est un autre facteur susceptible de restreindre les volumes indonésiens mis sur le marché. Ce projet B50 est un projet qui vise à faire grimper à partir de 2027 à 50% la part de biocarburant dans le diesel national.

    Si les producteurs sont contraints de vendre plus localement, les volumes disponibles à l'export se réduiront, ce qui sera inévitablement un facteur de tension sur les prix. L'Indonésie fournit en effet 60 % de l'offre mondiale.

    Des prix pourtant loin de s'envoler

    Pour l'instant, les prix ne s'envolent pas, bien au contraire. C'est en raison notamment de la situation en Malaisie, le deuxième producteur mondial. La production du pays cette année s'annonce record, on parle de 20 millions de tonnes, et les stocks sont au plus haut depuis six ans, à 2,8 millions de tonnes. Selon Nicolas Turnbull, «cette tendance s'explique par une météo favorable ces deux dernières années et une meilleure disponibilité de la main d'œuvre ».

    La baisse des exportations, de 15 % en novembre et de plus de 10 % sur le début du mois de décembre, est un autre paramètre qui joue sur la stagnation des prix. Ce signal baissier se reflète dans les cours, et ce sera le cas jusqu'à ce que les nouvelles d'Indonésie ou la reprise de la demande indienne, tendent à nouveau le marché. Les importations indiennes sont très sensibles aux prix, et sont attendues en hausse : depuis le mois dernier, l'huile de palme étant redevenue moins chère que celle de soja, et donc plus intéressante.

    Selon plusieurs analystes, les prix pourraient se stabiliser au deuxième trimestre 2026, puis remonter pour atteindre 5 000, voire 5 500 ringgits - soit 1 330 dollars environ- en fin d'année, ce qui serait un sommet en trois ans.

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  • Quel que soit le scénario, le pétrole ne manquera pas en 2026
    Dec 11 2025
    Le monde ne manquera pas de pétrole en 2026, ce n'est pas une surprise, mais ce qui pourrait surprendre, c'est le décalage entre l'offre et les besoins des consommateurs. Pour le géant Trafigura, l'offre pourrait littéralement exploser. Trafigura n'a pas plus de boule de cristal que les autres analystes pour qualifier le niveau de l'offre en 2026, mais dans une vidéo diffusée cette semaine, son chef économiste Saad Rahim fait bien comprendre qu'on s'achemine vers un excédent conséquent. Parmi les raisons qui alimentent ces prévisions, il y a la mise en service l'année prochaine de grands projets, en particulier au Brésil et au Guyana, rappelle le Financial Times. Cette tendance n'est pour l'instant pas influencée par le constat que l'offre mondiale n'a pas augmenté ces deux derniers mois, comme l'indique le dernier rapport mensuel de l'AIE : selon le document, l'offre a baissé de 610 000 barils/jour en novembre, par rapport à octobre, et baissé de 1,5 million de barils/jour par rapport à septembre. Cette chute serait liée, selon l'Agence, à d'importantes interruptions de production imprévues au Koweït et au Kazakhstan, tandis que la production de Russie et du Venezuela, frappés par les sanctions, a fortement diminué. L'inconnue Opep+ L'Agence internationale de l'énergie prévoit une augmentation de l'offre mondiale en pétrole de 3 millions de barils par jour en 2025 et de 2,4 millions de barils par jour supplémentaires en 2026. La perspective de voir le monde inondé de pétrole en 2026 est cependant suspendue à plusieurs inconnues, à commencer par la stratégie des pays de l'OPEP+ qui ont recommencé à produire plus ces derniers mois avant d'annoncer une pause dans leurs ajustements de production au premier trimestre prochain. Tout dépendra aussi de l'évolution de la production américaine et d'un éventuel renforcement des sanctions existantes sur certaines origines de brut. Une demande qui n'est pas à la hauteur Si les prévisions de production varient d'un organisme à l'autre, tous s'accordent pour dire que la demande ne sera pas à la hauteur. Même si elle devait être deux fois plus forte que les projections actuelles, elle ne suffirait pas à absorber les volumes de pétrole mis sur le marché, résume le chef économiste de Trafigura. L'économie mondiale peine à décoller, et les analystes anticipent une demande chinoise de pétrole qui augmentera moins vite l'année prochaine. Le pays a beaucoup acheté cette année pour profiter des prix en baisse et remplir ses stocks stratégiques, mais personne ne sait si les importations continueront à ce rythme. Des prix toujours en baisse en 2026 ? Le niveau d'excédent est une donnée capitale, car s'il est effectivement en hausse, les prix pourraient encore baisser. Les perspectives pour l'année prochaine ne sont pas différentes de la tendance 2025, année qui a vu le prix du Brent chuter de plus de 15%. En octobre, Trafigura, qui traite chaque jour plus de six millions de barils de pétrole, comme le rappelle le journal Les Echos, tablait sur des prix qui pourraient flirter avec les 50 dollars le baril pendant les fêtes de fin d'année avant de remonter. Les marchés ne réagissent pas qu'à l'abondance, ils sont aussi influencés par les stocks mondiaux : ils ont atteint en octobre leur plus haut niveau en quatre ans, selon l'Agence internationale de l'énergie (AIE).
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  • Les obstacles à l'exportation du cobalt congolais pèsent sur le marché mondial
    Dec 10 2025

    Les cours du cobalt continuent de grimper et illustrent le stress du marché qui est privé du minerai bleu congolais depuis plus de neuf mois. Les prémices d'une reprise des exportations se font sentir, mais la complexité des modalités d'application des nouvelles règles mises en place par les autorités reste le sujet qui domine le secteur.

    Les exportations auraient dû reprendre mi-octobre, mais ce n’est qu’il y a deux jours que des informations ont filtré sur l'expédition imminente et à titre expérimental d’une première cargaison du négociant Glencore qui réponde aux critères imposés par le régime des quotas.

    Cette nouvelle règlementation, jugée complexe par de nombreux acteurs de la filière, a empêché jusque-là le commerce de cobalt congolais de reprendre. Aux procédures administratives récentes, il faut ajouter le manque de personnel pour effectuer les vérifications des analyses de chaque camion, ainsi que des problèmes logistiques liés à la saison des pluies et à la mobilisation des camions pour l'exportation de cuivre, explique Chris Welch, analyste du marché du cobalt pour Argus Media.

    Des quotas décalés par rapport aux besoins

    Les importateurs comptaient sur la remise en circulation d'un peu plus de 18 000 tonnes au quatrième trimestre, mais il est peu probable que ces volumes soient atteints. Si les 7 250 tonnes prévues pour décembre devaient être expédiées, cela resterait bien en deçà des 10 000 tonnes par mois nécessaires à l'équilibre du marché, pointe l’expert d’Argus Media.

    Les incertitudes s'accumulent, et expliquent la hausse des prix : depuis l'arrêt des exportations, le prix de l'hydroxyde de cobalt, le principal produit exporté par la RDC, a quadruplé. Cette tendance est soutenue par les retards observés qui impliquent que les premières exportations d’hydroxyde arriveront au mieux en Chine d’ici mars-avril, explique Chris Welch.

    Quand les exportations seront à nouveau fluides, elles seront limitées par les quotas qui correspondent à 40-45 % seulement du volume exporté l'année en 2024. Or la demande d’alliage de cobalt reste soutenue, notamment dans le secteur aérospatial, et ce, malgré la hausse des prix.

    Approvisionnement critique

    La RDC produit 70% du cobalt mondial, et les acheteurs peinent de plus en plus à s'approvisionner : ils ont déjà puisé dans leur stock au cours des premiers mois qui ont suivi l’annonce de l'arrêt des exportations.

    Selon certaines sources rapportées par Argus Media, les acheteurs chinois, en quête du moindre volume de cobalt, combleraient en partie leur déficit avec du cobalt russe, vendu à prix avantageux. Mais les volumes sont limités et ne compenseront pas la pénurie liée à la nouvelle stratégie mise en place par la RDC, même si le producteur russe Nornickel a annoncé cette semaine avoir relancé en totalité sa production de métal de cobalt, qui avait été ralentie suite à un incendie il y a trois ans.

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  • Le riz indien à prix cassé, nouvelle cible du président américain
    Dec 10 2025
    En marge de l'annonce de son plan agricole, Donald Trump a ouvert un nouveau front de bataille avec l'Inde : le président américain a dénoncé les prix que l'Inde pratique pour vendre son riz dans le monde et en particulier aux États-Unis. « Ils ne devraient pas déverser ces déchets » c'est avec ses mots que Donald Trump a parlé du riz indien. L'Inde est le premier pays exportateur de riz et met sur le marché mondial d'énormes quantités, soit entre 17 et 20 millions de tonnes en moyenne et probablement plus cette année. Mais ce riz indien est loin d'inonder les États-Unis, qui ne représentent que le 24ème marché pour l'Inde. Les importations américaines, elles, sont en augmentation depuis quarante ans et devraient encore cette années être en hausse de 3% selon le ministère américain de l'Agriculture (USDA).Aujourd'hui les États-Unis achètent environ un million et demi de tonnes sur le marché international dont 350 000 tonnes environ d'origine indienne rappelle Patricio Mendez del Villar économiste au Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (Cirad). Il s'agit essentiellement de riz basmati, un riz réputé pour son parfum. Des importations basées sur le riz basmati Le riz aromatique américain ne suffit pas à répondre à la demande locale. On peut donc difficilement dire que le riz indien fait concurrence au riz américain répond la Fédération indienne des exportateurs de riz (IREF) à Donald Trump. Selon l'organisme, la demande américaine n'a même pas été freinée par l'instauration, fin août, de droits de douane qui se montent désormais à 50%, preuve « de la popularité grandissante de la cuisine indienne, notamment de plats comme le biryani, où le riz basmati est un ingrédient essentiel et difficilement remplaçable ». De manière plus terre à terre, le maintien des flux pourrait aussi être dû au contournement des taxes : certains opérateurs indiens font transiter le riz par leur filiale européenne pour échapper aux droits de douane, relève un négociant en riz. Le riz américain en difficulté Les producteurs américains se disent en très grande difficulté et assurent que ce qu'ils traversent n'est pas une «simple crise ». Ils l'ont répété lundi aux côtés de Donald Trump, lors de l'annonce de son plan de soutien à l'agriculture. Ce sont eux qui ont alerté le patron de la Maison Blanche sur le dumping de riz pratiqué par certains pays, pratique qu'ils qualifient de «tricherie», en raison des subventions accordées par plusieurs pays asiatiques à leur filière. Ce qui est vrai c'est que le secteur américain pâtit de la baisse générale des cours mondiaux, liée au retour massif de l'Inde sur le marché depuis un an, après des mois de restriction des volumes exportés. Ce retour a entrainé une suroffre et ne facilite pas les exportations américaines, principalement destinées à l'Amérique centrale et au Japon. Ces difficultés expliquent peut-être la diatribe de Donald Trump mais on ne peut pas exclure qu'il ait aussi voulu faire monter la pression avant l'arrivée, ces 10 et 11 décembre, d'un représentant au commerce américain à New Dehli. Un déplacement qui s'inscrit dans le cadre des discussions sur les droits de douane imposés à l'Inde par Washington au mois d'août, en rétorsion aux achats indiens de pétrole russe. À lire aussiL'abondance de riz fait chuter les prix mondiaux toujours plus bas
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  • Libye: une vingtaine de blocs pétroliers et gaziers bientôt attribués à des compagnies étrangères
    Dec 8 2025

    Les compagnies pétrolières étrangères ont été plusieurs à répondre au dernier appel d'offres libyen, émis au mois de mars 2025. Elles sauront début 2026 si elles ont été retenues. Le calendrier a été précisé ce week-end du 6-7 décembre lors d'un Forum international sur les hydrocarbures qui se tenait dans la capitale Tripoli.

    Cela fait des mois que les majors pétrolières manifestent un nouvel intérêt pour le pays, et même de longs mois, puisque la compagnie italienne Eni a repris ses activités depuis 2024 déjà. Cette année, Shell et BP ont confirmé en juillet avoir signé des accords avec la compagnie nationale libyenne, NOC. Exxon a pour sa part acté sa volonté de se réengager en Libye au mois d'août, via la signature d'un accord d'exploration gazière.

    Trente-sept compagnies ont été pré-qualifiées pour l'appel d'offres public, lancé en mars. Une vingtaine de blocs d'exploration offshore et onshore sont à attribuer. Une opportunité que les majors pétrolières ne veulent manifestement pas manquer.

    Les atouts libyens

    C'est le premier appel d'offres lancé depuis 18 ans par la Libye, ce qui explique peut-être l'intérêt qu'il a suscité, mais pas seulement. Car la Libye propose désormais des accords de partage de production plus avantageux qu'avant. C'est ce qu'a confié il y a peu le président de Chevron, Mike Wirth, selon le Financial Times. Les réserves du pays font par ailleurs toujours partie des plus importantes du continent africain.

    Le contexte mondial est également un moteur pour les investisseurs : la demande en pétrole s'annonce plus forte que prévue dans les prochaines années, au vu du retard mondial pris dans la transition vers les énergies plus propres. Et qui dit demande, dit nécessité de nouvelles découvertes pétrolières, les champs actuellement exploités ayant une durée de vie limitée.

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    Objectif : 2 millions de barils par jour

    Pour la Libye, cet appel d'offre est l'opportunité de redresser la production et de moderniser le secteur énergétique. Tripoli s'est fixé un objectif de production de 2 millions de barils par jour d'ici la fin de la décennie – contre 1,4 million aujourd'hui. Or, une partie de la production se trouve dans la région de l'Est, sous tutelle du général Haftar.

    Attirer de nouvelles compagnies internationales, et se positionner comme une alternative au pétrole russe, permet aux autorités de Tripoli de renforcer leur zone d'influence. Dans le cadre de cette opération de séduction, elles sont allées faire la promotion du potentiel pétrolier libyen à Washington, fin novembre.

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