Épisodes

  • Comprendre la nature du populisme avec Marc Lazar
    Dec 7 2025

    Dans ce nouveau numéro du magazine IDÉES, Pierre-Édouard Deldique cherche à comprendre la nature du populisme, un des phénomènes de notre temps, avec son invité, le sociologue et historien Marc Lazar, auteur d’un nouvel essai qui s’intitule «Pour l’amour du peuple. Histoire du populisme en France, XIXᵉ-XXIᵉ siècle» (Gallimard), un essai qui retrace un siècle et demi de mouvements qualifiés d’«antisystème» et interroge la pertinence du terme «populisme» dans l’histoire politique française.

    Dès le début de l’émission, Marc Lazar, qui est aussi un expert reconnu de la vie politique italienne, nous propose une définition du populisme. Moins simple qu’il n’y paraît.

    L’ouvrage couvre la période qui va du boulangisme sous la IIIè République jusqu’aux mobilisations contemporaines des «Gilets jaunes». Marc Lazar met en parallèle des figures et mouvements très différents : Boulanger, Marine Le Pen, Mélenchon, Bernard Tapie, les maoïstes, etc., autant de personnages, autant de populismes, pourrait-on dire.

    Fil rouge de ces personnalités politiques ? La référence au peuple comme entité unifiée et la dénonciation des élites, deux traits constitutifs du discours populiste.

    L’auteur s’interroge : «Cette récurrence pose question» note-t-il.

    Avec sa clarté et sa précision habituelles, Marc Lazar analyse au micro, et dans son livre, le caractère multiple et controversé du terme «populisme». Ses acteurs poursuivent, en effet, des objectifs politiques souvent contradictoires : certains prônent une démocratie directe, d’autres un autoritarisme charismatique autour du «grand leader».

    Selon cet expert, les populismes ne sont pas des accidents, mais des forces profondes qui imposent des transformations durables à la vie politique française et européenne. Ils révèlent une crise de la représentation et une défiance croissante envers les institutions. En cela, ils représentent un danger.

    Clairement, le populisme n’est pas une nouveauté dans la politique française, mais une réponse récurrente aux crises de la démocratie représentative.

    Comme l’écrit Marc Lazar, le populisme en France constitue : «un phénomène à éclipses et un spectre qui hante la politique».

    Programmation musicale :

    Olivier Calmel (compositeur)

    - Suite Métamorphique - El Camino

    - Suite Métamorphique - El Diablo.

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    46 min
  • Les banlieues françaises, ces oubliées, selon la revue Esprit
    Nov 30 2025

    Rendez-vous avec la revue «Esprit» dans ce numéro d’Idées, pour parler du numéro de novembre intitulé «Banlieues, les oubliées de la République». Pierre-Édouard Deldique reçoit Anne Dujin sa rédactrice en chef. Dans son dossier du mois, «Esprit» nous propose, en effet, une réflexion critique sur la manière dont certaines banlieues françaises sont perçues et traitées dans le débat public, par les hommes politiques ou les journalistes.

    Coordonné par le chercheur indépendant Hacène Belmessous, il revient sur vingt ans de dépolitisation et d’occultation, selon lui, d’une histoire sociale et politique.

    Le numéro s’ouvre sur le rappel des révoltes de l’automne 2005, déclenchées après la mort de deux jeunes à Clichy-sous-Bois. Vingt ans plus tard, «Esprit» constate que les banlieues ne sont plus évoquées qu’à travers des considérations sécuritaires, culturelles, effaçant leur dimension politique et sociale. Il faut dire que le narcotrafic pose aujourd’hui de redoutables questions dans certains quartiers, à Marseille notamment, mais on ne peut réduire les banlieues au trafic de drogue.

    À écouter aussiClichy-sous-Bois: la délicate reconstruction 20 ans après la mort de Zyed et Bouna

    Selon la revue, cette dépolitisation s’apparente à une stratégie qui invisibilise les luttes, les aspirations et les réalités vécues par des millions d’habitants.

    Les articles coordonnés par Hacène Belmessous montrent comment l’État et les médias ont contribué, selon leurs auteurs, à réduire les banlieues à des espaces de danger ou de déficit culturel, plutôt qu’à des lieux de citoyenneté et de créativité sociale.

    Le dossier (qui se compose également d’entretiens, avec le sociologue François Dubet notamment) insiste sur la nécessité de réinscrire les banlieues dans l’histoire de la République, en reconnaissant leur rôle dans les transformations sociales et politiques contemporaines.

    Les auteurs dénoncent la tendance à essentialiser les habitants des banlieues, en les réduisant à des catégories stigmatisées (jeunes, immigrés, musulmans). Ils mettent en lumière la richesse des expériences locales, des mobilisations associatives et des initiatives culturelles qui témoignent d’une vitalité démocratique ignoré.

    Comme dans chaque numéro, la revue «Esprit» propose des articles sur d’autres thèmes, en plus du dossier. On notera, par exemple, une intéressante analyse sur l’emprisonnement de Nicolas Sarkozy ou bien encore sur les relations entre la France et Israël.

    Programmation musicale :

    - Gogo Penguin - Living Bricks in Dead Mortar

    - IAM - Eldorado (Instrumental).

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    39 min
  • La philosophe Camille Froidevaux Metterie et les théories féministes
    Nov 23 2025

    Cette semaine, dans IDÉES, Pierre-Edouard Deldique reçoit la philosophe Camille Froidevaux-Metterie, la conceptrice d’un livre majeur intitulé sobrement : «Théories féministes». Il s’agit d’une œuvre collective de plus de cent textes écrits par des auteures et chercheuses du monde entier.

    L’ouvrage se présente comme une cartographie des pensées féministes à travers les siècles toutes orientées vers le même but car «le féminisme se caractérise par un foisonnement de théories mises au service d’un projet commun : renverser l’ordre patriarcal du monde» écrit notre invitée.

    Durant l’émission, Camille Froidevaux-Metterie parle avec passion de quelques-uns des articles de cet ouvrage afin de nous offrir un aperçu des idées sur le féminisme.

    Ce livre complet n’est pas seulement un panorama historique mais une véritable source vivante qui met en lumière la richesse et la diversité des approches théoriques mais aussi des témoignages personnels car «penser en féministe, c’est penser ensemble à partir de soi».

    On y parle par exemple des voix féminines médiévales affirmant la liberté de penser, des luttes pour les droits civils et politiques au XIXè siècle, des années 70 du XXè et la libération des corps ainsi que la critique radicale du patriarcat et, aujourd’hui des perspectives intersectionnelles, queer et décoloniales.

    Cette évolution montre que le féminisme n’est pas une suite de revendications isolées, mais un projet global de réinvention du monde commun avec, au-delà de sa diversité, une pensée structurée afin de déconstruire les logiques de domination : patriarcat, exploitation économique, hiérarchies raciales et sexuelles et de proposer une émancipation universelle.

    Le féminisme est conçu comme une philosophie visant à transformer radicalement les rapports sociaux. Camille Froidevaux-Metterie souligne d’ailleurs au micro «la nature intrinsèquement politique du féminisme».

    «Théories féministes» est salué à juste titre comme une somme intellectuelle inédite, un outil indispensable à la compréhension des débats du moment sur l’égalité, les corps, les identités et les luttes sociales. Il fera date.

    Programmation musicale

    • Debout les femmes - Hymne du MLF
    • Calle Silencio - Anne Paceo
    • J'ai compris - Nana Benz du Togo.
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    42 min
  • Gaston Bachelard : raisonner et rêver
    Nov 16 2025

    Dans IDÉES cette semaine, Pierre-Édouard Deldique reçoit Gilles Hieronimus, docteur en Philosophie, auteur d’un «Que sais-je ?» sur Gaston Bachelard. Ce petit livre est une synthèse précise de l’œuvre du philosophe, articulée autour de sa double vocation scientifique et poétique. Cet ouvrage précieux éclaire la cohérence d’une pensée souvent jugée inclassable qu’il résume avec clarté dans l’émission.

    Gilles Hieronimus souligne le côté Janus de ce penseur hors-norme. «Deux images se superposent : celle de l’austère professeur de philosophie des sciences, astreint à la rigueur et à la prudence ; celle de l’ami enjoué des poètes et des artistes, réceptifs à leur audace et volontiers fantasque.», écrit-il à propos de ce personnage à la longue barbe blanche.

    Bachelard (1884–1962), figure majeure de la philosophie française du XXè siècle, est présenté comme un penseur subversif, dont la démarche réconcilie rigueur scientifique et liberté imaginative. Pour lui, il y a «l’homme rationaliste» et «l’homme de la nuit» et du rêve.

    Bachelard révolutionne la philosophie des sciences en introduisant les notions d’obstacle épistémologique, de rupture et de discontinuité dans le progrès scientifique. Il défend une rationalité dynamique, toujours en reconstruction.

    À travers ses études sur l’imaginaire (l’eau, le feu, l’air, la maison…), il développe une poétique des images fondée sur l’intuition, la rêverie et la résonance affective. L’imagination devient un mode de connaissance à part entière.

    L’auteur insiste, dans l’émission et dans son livre, sur le rythme alterné que Bachelard propose entre rationalité et rêverie. Cette alternance n’est pas une contradiction, mais, au contraire, une méthode de vie et de pensée : un art de vivre philosophique, respectueux de la pluralité des formes de la vie bonne et de la liberté de l’esprit.

    Cette éthique du renouveau repose sur une sagesse qui refuse les dogmes et valorise le mouvement. Elle s’incarne dans une pédagogie de l’éveil, où le philosophe est aussi un éducateur.

    Le livre montre comment Bachelard, souvent marginalisé dans les grands courants philosophiques, a pourtant influencé des penseurs majeurs comme Sartre, Merleau-Ponty, Ricœur, Deleuze, Foucault ou Simondon. Son style, mêlant rigueur conceptuelle et lyrisme, échappe aux classifications habituelles.

    Gilles Hieronimus le présente comme un philosophe combattant, marqué par son expérience de la guerre, un homme libre «logé partout mais enfermé nulle part».

    Au fil de ses propos, l’auteur qui dirige l’édition commentée des œuvres de Gaston Bachelard, confirme ce qu’il écrit dans son livre, le philosophe «cultive une spiritualité joyeuse, un gai savoir rationaliste, en s’appuyant sur la méditation privilégiée d’images heureuses, vitalisantes, verticalisantes».

    Un précieux compagnon de route en somme à «la recherche d’une sagesse et d’un art de vivre».

    Programmation musicale :

    • Hommage à Haydn - Interprète : Alain Planès / Compositeur : Claude Debussy
    • The Pearl - Harold Budd
    • The Boat - Joep Beving
    • To a Sea Horse - Moondog
    • Viking - Moondog.
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    40 min
  • Franz-Olivier Giesbert : «Non, ce n’était pas mieux avant»
    Nov 9 2025

    Cette semaine, Pierre-Édouard Deldique reçoit Franz-Olivier Giesbert, un grand nom du journalisme en France, aujourd’hui écrivain. FOG publie «Voyage dans la France d’avant» (Gallimard), un chant d’amour à la France, entre colère lucide et gratitude nostalgique. Il clôt ainsi son cycle sur la Vè République avec une méditation personnelle sur l’identité française.

    «Confonds-je la capilotade de ma carcasse et celle du monde moderne qui se dérobe sous mes pieds», s’interroge l’auteur.

    «Voyage dans la France d’avant» s’inscrit dans la continuité de son «Histoire intime de la Vè République» en trois volumes dont nous avons parlé dans «Idées».

    Ce nouveau tome n’est pas un livre de souvenirs, ni une autobiographie, mais plutôt une fresque personnelle où l’auteur se penche sur la France comme on contemple un édifice en demande de restauration. Il y mêle colère, amour et mélancolie.

    Fils d’un soldat américain du Débarquement, élevé en Normandie, Franz-Olivier Giesbert revendique une identité hybride qui nourrit son attachement viscéral à la France. Il célèbre la grâce de la langue, la civilité, la gauloiserie, les paysages ordonnés, les prodiges de la gastronomie et la chanson qui a accompagné sa vie.

    Loin d’un passéisme béat, notre écrivain au franc-parler assume néanmoins le «c’était mieux avant». Certaines choses l’étaient, tout en reconnaissant les zones d’ombre du passé. Cela lui permet de critiquer la France contemporaine sans sombrer dans le ressentiment. Il évoque une nation fatiguée mais attachante, où les gouvernants «laissent tout filer».

    Son regard est celui d’un homme libre, qui «n’en fait qu’à sa tête», conseil qui lui a été donné par l'Alberto Giacometti, qui cherche à comprendre d’où nous venons pour savoir surtout où nous allons. Il relie les passions idéologiques, les haines recuites et la tentation de l’abîme à la crise actuelle de la société française.

    «Voyage dans la France d’avant» est l’œuvre d’un homme libre qui reprend le célèbre mot de Groucho Marx : «Dans chaque vieux, il y a un jeune qui se demande ce qui s’est passé» …

    Programmation musicale :

    - Joe Dassin Dans Les Yeux D'Emilie

    - Sly Johnson / Erik Truffaz Nature boy

    - Irène Duval Sonate pour violon et piano - Troisième mouvement (compositeur :Francis Poulenc)

    - Pascal Comelade L'argot du bruit.

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    1 h et 2 min
  • Élise Marrou explique la pensée de Ludwig Wittgenstein
    Nov 2 2025

    Dans ce numéro du magazine IDÉES, Pierre-Édouard Deldique reçoit Elise Marrou. Professeure de philosophie contemporaine et d’histoire de la philosophie moderne à l'Université Paris-Sorbonne, elle nous propose une lecture synthétique et pédagogique de l’œuvre de Ludwig Wittgenstein (1889–1951), figure centrale de la philosophie contemporaine, dans un «Que sais-je», aux PUF.

    Elise Marrou / Cairn info.

    Philosophe du langage, mathématicien, ingénieur, Wittgenstein est présenté comme un penseur à la fois rigoureux et singulier dont la trajectoire intellectuelle échappe aux classifications simplistes.

    «Considéré comme l’un des plus grands penseurs du XXè siècle, Wittgenstein n’a publié que deux ouvrages, le «Tractatus logico-philosophicus» et les «Recherches philosophiques» qui, chacun à leur manière, ont provoqué une révolution philosophique profonde», écrit-elle.

    Non, dit-elle, contrairement à ce que l’on dit souvent de lui, il n’a pas tué la philosophie Bien au contraire car, ajoute-t-elle : «Si nous prenons réellement la peine de nous immerger dans l’œuvre du philosophe viennois, nous nous trouvons confrontés à un philosophe au service des problèmes de la philosophie comme personne peut-être ne l’a été avant lui» ;

    Au cours de l’émission, et au fil des pages de cet ouvrage utile pour quiconque veut comprendre ce penseur, Elise Marrou insiste sur le double moment de la pensée wittgensteinienne : celle du «Tractatus logico-philosophicus», où le langage est conçu comme un miroir du monde, et celle des «Recherches philosophiques», où la signification devient affaire d’usage et de pratiques sociales.

    Cette évolution, loin d’être une contradiction, est interprétée comme une radicalisation du projet initial : clarifier les confusions philosophiques en examinant les formes de vie et les jeux de langage.

    L’auteure déconstruit les slogans souvent associés à Wittgenstein — «la signification, c’est l’usage», «ce dont on ne peut parler, il faut le taire» — pour en restituer la profondeur.

    Elle montre comment il nous propose une nouvelle manière de faire de la philosophie : non en construisant des systèmes, mais en dissipant les malentendus nés de l’usage du langage. «Le philosophe se remémore l’usage ordinaire des mots afin de les reconduire de leur usage métaphysique à leur usage ordinaire».

    L’ouvrage met en lumière l’impact de Wittgenstein dans le monde des idées. Elise Marrou souligne que des notions comme «coutume», «institution», ou «forme de vie» permettent de penser les pratiques humaines sans recourir à des abstractions métaphysiques.

    Cette transversalité est au centre du livre : elle montre que Wittgenstein n’est pas seulement un philosophe du langage, mais un penseur de la culture, des usages, et des formes de rationalité incarnées.

    Dans ce numéro d’IDÉES et dans cet ouvrage, Elise Marrou nous propose une synthèse accessible et rigoureuse. En évitant les simplifications, elle invite les auditeurs et les lecteurs à entrer dans le détail des textes, tout en fournissant les repères nécessaires pour naviguer dans une pensée réputée à juste titre difficile.

    Musiques diffusées pendant l'émission

    • Philharmonique de Vienne Zimerman / Bernstein - Concerto n°2 de Brahms
    • Philip Glass - String Quartet n°2 Company
    • Brad Mehldau - After Bach Rondo
    • Jazzrausch Bigband - Dancing Wittgenstein.
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    45 min
  • «Esprit» s’intéresse aux premiers penseurs de l’écologie
    Oct 26 2025

    Dans ce nouveau numéro d’IDÉES, Pierre-Édouard Deldique reçoit Anne-Lorraine Bujon, la directrice de la revue «Esprit» et Matthieu Febvre-Issaly, membre de son comité de rédaction, coordinateur du dossier de ce mois-ci intitulé «Consciences de l’écologie». Le numéro d’octobre 2025 de la revue Esprit propose, en effet, une analyse des fondements de la pensée écologique contemporaine.

    La revue interroge les manières de penser, de vivre et de politiser l’écologie à l’heure des bouleversements climatiques. Il met en lumière l’apport théorique de penseurs français majeurs tels que André Gorz ou Pierre Charbonneau.

    Ces éclaireurs de la fin du XXè siècle, marginaux en leur temps, éclairent les bases philosophiques et critiques de l’écologie politique. Leurs réflexions sur la technique, la décroissance, l’autonomie ou encore la critique du consumérisme nous permettent de mettre en perspective les débats actuels et d’envisager des alternatives à la logique économique du moment.

    Le dossier revient notamment sur les tensions entre l’écologie radicale et l’écologie réformiste.

    Dans ce numéro d’IDÉES, Anne-Lorraine Bujon revient aussi sur l’éditorial du numéro qui s’inquiète de la défiance des institutions ici ou ailleurs. «Comment une société peut-elle fonctionner quand ses institutions ne sont plus crédibles ?», s’interroge-t-elle.

    On notera aussi dans ce numéro un long et intéressant article sur le Rwanda aujourd’hui. Il en est évidemment question dans l’émission.

    Programmation musicale

    - Georg Philipp Telemann, Milan Turkovic, Naoko Yoshino - Sonata for Bassoon and Basso Continuo in F Minor, TWV 41:f1: I Triste

    - David Rothenberg - The Killer.

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    41 min
  • La démocratie et la passion de l’égalité selon Tocqueville
    Oct 19 2025

    «Il est le plus profond penseur de la démocratie», écrit l’invité du magazine IDÉES cette semaine, Françoise Mélonio, -spécialiste reconnue de Tocqueville, éditrice de ses textes dans la collection «Pléiade» - dans sa biographie magistrale de l’auteur de «La Démocratie en Amérique».

    Loin des clichés ressassés et des aphorismes figés, elle redonne vie à un homme complexe, inquiet, parfois maladroit, mais toujours lucide face aux bouleversements de son temps, un homme de son siècle, le XIXè dont la pensée résonne plus que jamais aujourd’hui.

    Elle en parle avec passion au micro de Pierre-Édouard Deldique.

    Tocqueville est présenté comme un aristocrate enraciné, «une relique de l’ancien monde» tiraillé entre son héritage familial et son engagement dans la modernité démocratique.

    Françoise Mélonio explore les tensions entre son statut social et ses convictions politiques, révélant un penseur en perpétuel dialogue avec les paradoxes de son époque. Elle analyse aussi son parcours politique, conseiller général, député, éphémère ministre des Affaires étrangères.

    Le livre retrace ses voyages aux États-Unis, qui nourrissent son œuvre phare «De la démocratie en Amérique» (1835), et son analyse du passage de l’Ancien Régime à la Révolution française.

    Tocqueville apparaît comme un visionnaire, inquiet de l’individualisme croissant et du «despotisme doux», mais confiant dans les promesses de la liberté.

    Son analyse des mécanismes de la société américaine n’a rien perdu de sa pertinence.

    Françoise Mélonio met en lumière la force littéraire de Tocqueville, souvent éclipsée par son rôle d’analyste politique et souligne l’unité entre l’homme privé et l’acteur public, entre le penseur et l’écrivain.

    Ce livre s’impose déjà comme une référence incontournable pour comprendre Tocqueville au-delà de son image d’icône intellectuelle. Il parle autant aux historiens qu’aux citoyens soucieux de penser la démocratie contemporaine. Toute personne soucieuse de comprendre la crise démocratique du moment doit le lire.

    «J’ai pensé cent fois que si je dois laisser quelque chose de moi dans ce monde, ce sera bien plus par ce que j’aurais écrit que par ce que j’aurai fait», écrivait-il.

    Programmation musicale

    - Robert Shaw chorale - Dere's No Hidin' Place Down Dere

    - Nassima - Solo instrumental au violon alto.

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    41 min