Alors que les États-Unis ne cachent pas leur volonté de restaurer leur domination sur l'ensemble du continent américain et donc sur l'Amérique latine, les électeurs chiliens ont choisi leur président dimanche. Et pour la première fois depuis la fin de la dictature du général Pinochet il y a 35 ans, ils ont choisi l’extrême droite.
Le nouveau président chilien est un admirateur assumé du dictateur chilien, dont le coup d'État le 11 septembre 1973, avec le soutien des États-Unis, a plongé le pays dans des années noires, des années de sang. La victoire de José Antonio Kast, pourfendeur de l'immigration, ne souffre d'aucune contestation possible avec 58% des voix au dernier décompte face à son opposante, la communiste Jeannette Jara qui a d'ailleurs reconnu sa défaite et promet une opposition exigeante.
Doctrine Monroe, corollaire Trump Cette élection se déroulait dans un contexte particulier : le président américain a clairement affiché sa volonté de domination sur l’ensemble du continent américain. C'est ce qu’aux États-Unis on appelle l’hémisphère occidental et qui inclut donc l’Amérique latine. Le président américain le voit comme sa zone d’influence exclusive. Dans la stratégie de sécurité nationale américaine publiée il y a une dizaine de jours, la doctrine Monroe de 1823 est clairement mentionnée. C’est la doctrine qui théorise la prééminence des États-Unis sur le continent américain, à l’exclusion de toute autre puissance non américaine.
À l’époque, cela visait l’Europe. Aujourd’hui c’est plutôt la Chine. Donald Trump, qui aime mettre son nom partout, y ajoute le corollaire Trump, pour restaurer la puissance américaine. Pour cela, le président américain veut « enrôler » des pays amis sur lesquels se reposer pour notamment réguler les migrations. C'est déjà le cas. Des pays n’ont pas attendu la publication du document pour s’enrôler. On peut citer l’Argentine de Javier Milei qui affiche sa proximité avec l’administration Trump, de même que le Salvador de Nayib Bukele, qui détient des expulsés des États-Unis dans sa prison de haute sécurité. Cela devrait donc bien se passer avec le nouveau président chilien.
Élargir la zone d'influence Le président américain ne veut pas seulement enrôler des amis, il veut étendre sa domination chez les autres, en les persuadant de leur intérêt à collaborer avec les États-Unis. En Équateur, le président Daniel Noboa, qui a succédé à un président de gauche, est aussi citoyen américain. Il a fait le voyage de Mar-a-Lago, la résidence de Donald Trump en Floride. Il a signé des accords avec les États-Unis, mais ses velléités ont été freinées par les électeurs lors d’un référendum qui a rejeté l’installation dans le pays de bases militaires étrangères et donc américaines. Le président américain n’hésite pas à s’immiscer dans les processus électoraux de la région. Au Honduras, le dépouillement entre le candidat de la gauche et deux candidats de droite dont l’un soutenu par Donald Trump n’est toujours pas terminé. Le président américain dénonce sans preuve des magouilles électorales et menace les dirigeants du pays de le payer cher.
Démonstration de force Et quand cela ne suffit pas, il y a aussi la démonstration de force. C’est ce qui se passe actuellement avec le déploiement militaire américain au large du Venezuela et les menaces d’opération terrestre. Une invasion américaine pure et simple est peu probable, mais la pression menée actuellement officiellement au nom de la lutte contre le narcotrafic, a peut-être aussi pour objectif de favoriser un changement de régime et si possible de donner à réfléchir aux pays voisins qui hésitent encore à adopter la vision de la Maison Blanche et à s'enrôler.