Épisodes

  • En choisissant un président d'extrême droite, le Chili s'aligne avec les États-Unis de Trump
    Dec 15 2025

    Alors que les États-Unis ne cachent pas leur volonté de restaurer leur domination sur l'ensemble du continent américain et donc sur l'Amérique latine, les électeurs chiliens ont choisi leur président dimanche. Et pour la première fois depuis la fin de la dictature du général Pinochet il y a 35 ans, ils ont choisi l’extrême droite.

    Le nouveau président chilien est un admirateur assumé du dictateur chilien, dont le coup d'État le 11 septembre 1973, avec le soutien des États-Unis, a plongé le pays dans des années noires, des années de sang. La victoire de José Antonio Kast, pourfendeur de l'immigration, ne souffre d'aucune contestation possible avec 58% des voix au dernier décompte face à son opposante, la communiste Jeannette Jara qui a d'ailleurs reconnu sa défaite et promet une opposition exigeante.

    Doctrine Monroe, corollaire Trump

    Cette élection se déroulait dans un contexte particulier : le président américain a clairement affiché sa volonté de domination sur l’ensemble du continent américain. C'est ce qu’aux États-Unis on appelle l’hémisphère occidental et qui inclut donc l’Amérique latine. Le président américain le voit comme sa zone d’influence exclusive. Dans la stratégie de sécurité nationale américaine publiée il y a une dizaine de jours, la doctrine Monroe de 1823 est clairement mentionnée. C’est la doctrine qui théorise la prééminence des États-Unis sur le continent américain, à l’exclusion de toute autre puissance non américaine.

    À l’époque, cela visait l’Europe. Aujourd’hui c’est plutôt la Chine. Donald Trump, qui aime mettre son nom partout, y ajoute le corollaire Trump, pour restaurer la puissance américaine. Pour cela, le président américain veut « enrôler » des pays amis sur lesquels se reposer pour notamment réguler les migrations. C'est déjà le cas. Des pays n’ont pas attendu la publication du document pour s’enrôler. On peut citer l’Argentine de Javier Milei qui affiche sa proximité avec l’administration Trump, de même que le Salvador de Nayib Bukele, qui détient des expulsés des États-Unis dans sa prison de haute sécurité. Cela devrait donc bien se passer avec le nouveau président chilien.

    Élargir la zone d'influence

    Le président américain ne veut pas seulement enrôler des amis, il veut étendre sa domination chez les autres, en les persuadant de leur intérêt à collaborer avec les États-Unis. En Équateur, le président Daniel Noboa, qui a succédé à un président de gauche, est aussi citoyen américain. Il a fait le voyage de Mar-a-Lago, la résidence de Donald Trump en Floride. Il a signé des accords avec les États-Unis, mais ses velléités ont été freinées par les électeurs lors d’un référendum qui a rejeté l’installation dans le pays de bases militaires étrangères et donc américaines. Le président américain n’hésite pas à s’immiscer dans les processus électoraux de la région. Au Honduras, le dépouillement entre le candidat de la gauche et deux candidats de droite dont l’un soutenu par Donald Trump n’est toujours pas terminé. Le président américain dénonce sans preuve des magouilles électorales et menace les dirigeants du pays de le payer cher.

    Démonstration de force

    Et quand cela ne suffit pas, il y a aussi la démonstration de force. C’est ce qui se passe actuellement avec le déploiement militaire américain au large du Venezuela et les menaces d’opération terrestre. Une invasion américaine pure et simple est peu probable, mais la pression menée actuellement officiellement au nom de la lutte contre le narcotrafic, a peut-être aussi pour objectif de favoriser un changement de régime et si possible de donner à réfléchir aux pays voisins qui hésitent encore à adopter la vision de la Maison Blanche et à s'enrôler.

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  • L'Ukraine sous pression, est désormais prête à de concessions pour mettre fin à la guerre
    Dec 12 2025

    Les discussions et la pression s'intensifient pour tenter de trouver une solution à la guerre en Ukraine. Et elles se concentrent désormais sur les points durs de la négociation.

    À Washington, le président américain fait savoir qu’il s’impatiente et qu’il est extrêmement frustré par les deux camps. Donald Trump veut désormais des actes. Il l’a fait savoir publiquement, et aussi lors d’une conversation apparemment assez franche avec les dirigeants allemands, français et britanniques. Les Européens continuent d’afficher leur soutien à la cause ukrainienne, avec une nouvelle réunion de la Coalition des volontaires hier en fin de journée. À Moscou, par la voix du ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov, on continue à expliquer que les Européens ne devraient pas se mêler de la discussion, que cela n’est pas utile. Il continue à laisser entendre que son pays et les États-Unis sont sur la même ligne.

    Les uns et les autres commencent à abattre leurs cartes. À commencer par Volodymyr Zelensky. Le président ukrainien a parlé des négociations en cours hier soir pour en détailler les points durs. Selon lui, le plan propose que les troupes russes se retirent des parties Nord du territoire ukrainien dont la Russie ne revendique pas l’annexion, au moins pour l’instant. En revanche ce même plan prévoit que les troupes russes restent dans le sud et l’est du pays et que les Ukrainiens se retirent de la partie ouest de la région de Donetsk qu’elles contrôlent encore. Ça l’Ukraine l'a toujours refusé jusqu’ici. Autre désaccord, le contrôle de la centrale nucléaire de Zaporijia, actuellement sous maîtrise de l’armée russe.

    En creux, cela veut aussi dire que l’Ukraine est prête à des concessions sur d'autres points. Des concessions territoriales, des contre-propositions que les négociateurs ukrainiens ont communiquées hier aux États-Unis. C'est le chancelier allemand qui l’a fait savoir le premier. Ça aussi c’est un message : l’Ukraine et ses soutiens sont désormais prêts à des choix difficiles pour mettre fin à la guerre. Selon le journal Le Monde qui cite un négociateur ukrainien, les autorités de Kiev seraient prêtes à accepter une zone démilitarisée dans la région du Donbass. Une zone située de part et d'autre de la ligne de front, ce qui implique un retrait à la fois ukrainien et russe et ce qui pose la question de l'administration et de la sécurité de cette zone.

    C'est que le pays est sous forte pression. Militaire, par la Russie qui revendique encore des avancées sur le terrain, et diplomatique par les États-Unis. Volodymyr Zelensky explique qu’il faudra que ces concessions soient validées par les électeurs, que ce soit par des élections ou un référendum. Mais en temps de guerre et sous la loi martiale, des questions juridiques se posent.

    On parle aussi de l’après. Il n’y a pas que les concessions territoriales qui sont discutées. D’autres documents sont sur la tabIe. L’un qui concerne les futures garanties de sécurité pour s’assurer qu’il n’y ait pas de nouvelle invasion russe. Cela concerne au premier chef les Européens, pour la sécurité de l’Ukraine, mais aussi la leur. Depuis le début, les pays du Vieux continent réclament aussi un engagement américain pour que cela fonctionne. Et puis il y a aussi l’aspect économique, celui de la reconstruction de l’Ukraine, avec quels partenaires et quels financements. Tout semble donc indiquer que l'on cherche une forme de dénouement, au moins provisoire.

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  • Gaza: à la recherche de la deuxième phase du plan de paix
    Dec 11 2025
    Dans la bande de Gaza, le cessez-le-feu entré en vigueur le 10 octobre tient toujours officiellement, malgré sa fragilité et des accrochages quasi quotidiens. Et la question du passage à la deuxième phase du plan de paix revient avec insistance. Mais des obstacles demeurent. Officiellement, le cessez-le-feu est effectif, mais les deux camps - Israël et le Hamas - s’accusent de violations quasi quotidiennes. Avec trois soldats tués côté israélien et plus de 370 tués dans des frappes israéliennes côté palestinien, le bilan n’est clairement pas encourageant. En outre, l’aide humanitaire arrive difficilement. Israël a annoncé la réouverture du point de passage de Rafah dans le sens de la sortie vers l’Égypte, ce que le pays refuse, car il réclame que l’aide puisse entrer dans l’enclave par ce point de passage. Enfin, la première phase du plan prévoyait le retour de tous les otages israéliens, vivants ou morts. Un corps n’a pas encore été rapatrié. Et il y a un consensus en Israël pour ne pas passer à la deuxième phase avant que ce point soit réalisé. À lire aussi«Je viens ici tous les jours»: à Gaza, des enfants collectent des détritus pour faire du feu Une force internationale au rôle et à la composition contestés Cette deuxième phase prévoit notamment le retrait des forces israéliennes de la bande de Gaza, qui serait administrée par une autorité politique palestinienne technocratique et apolitique sous la supervision d’un conseil pour la paix, présidé par le président américain Donald Trump. Le plan prévoit aussi une force internationale, qui reste à constituer. Elle doit être composée de soldats de pays étrangers musulmans, mais Israël, qui historiquement n’a jamais accepté de confier sa sécurité à un pays tiers, voit cela d’un très mauvais œil. C’est une situation qui pourrait devenir explosive au niveau international si les choses venaient à mal tourner. L'État hébreu refuse, par exemple, que la Turquie, jugée trop proche du Hamas, y participe. Il faut dire que cette force serait chargée de la sécurité et du désarmement du mouvement islamiste. Ce ne sera pas simple, dans la mesure où, mercredi 10 décembre, encore, l'un de ses responsables proposait non pas un désarmement, mais un gel de l'armement. Le Hamas dit accepter l'idée d'une force de maintien de la paix à la frontière avec Israël, mais pas une force chargée d'assurer la sécurité à Gaza. Les chefs du mouvement disent aussi qu'ils pourraient accepter de confier leur armement à l’autorité politique palestinienne dont la composition sera tout aussi compliquée. Pressions pour accélérer Les tractations continuent en coulisse. Elles impliquent plusieurs acteurs. D’abord, les États-Unis qui ont pratiquement imposé à leur allié israélien le plan de paix et le fragile cessez-le-feu entamé le 10 octobre. Ils continuent de faire pression. Les responsables américains se succèdent sur place. Dernier visiteur en date : l’ambassadeur auprès des Nations unies, Mike Waltz. Peu de temps après sa visite, Israël a accepté de rouvrir à l’aide humanitaire le point de passage Allenby entre la Jordanie et la Cisjordanie occupée. La pression américaine devrait être encore forte lors de la prochaine visite du Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu à Washington annoncée pour le 29 décembre. Sont également partie prenante de la discussion, les pays médiateurs depuis des mois : le Qatar, l'Égypte, et la Turquie. Les médiateurs qatariens et égyptiens poussent pour faire accélérer le passage à cette deuxième phase. C'est pour très bientôt, disent Donald Trump et Benyamin Netanyahu, mais il reste manifestement encore beaucoup à discuter et à faire. À lire aussi7-Octobre: le Hamas accusé de «crimes contre l'humanité» dans un rapport d'Amnesty
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  • Face aux géants du numérique américains, une partie du monde tente de réguler
    Dec 10 2025

    C’est une première mondiale. Depuis ce mercredi, l’Australie a interdit les réseaux sociaux aux moins de 16 ans.

    L’interdiction concerne tous les réseaux sociaux qui nécessitent un compte pour s’inscrire comme Facebook, TikTok ou Instagram. D'autres, qui sont accessibles plus simplement comme YouTube ou WhatsApp, ne sont pas concernés ou pas encore. La liste peut évoluer. Le but, c’est de protéger la santé mentale et le développement intellectuel des plus jeunes et de leur éviter d'être victimes de harcèlement en ligne ou d’avoir accès à des contenus radicaux ou illégaux. L’Australie est le premier pays à prendre une mesure de ce genre. D’autres pays de l'Asie Pacifique comme la Malaisie ou la Nouvelle-Zélande y réfléchissent.

    Puissance presque sans limites

    Les plateformes concernées indiquent qu’elles vont respecter cette interdiction, avec toutes les réserves techniques quant à la faisabilité d’une vérification efficace de l’âge des utilisateurs. Mais elles y sont farouchement opposées, par leur nature même. Pour ces mastodontes mondiaux, toute idée de régulation s’apparente à une restriction du libre marché qui leur a permis d’acquérir une puissance culturelle et financière presque sans limites. Comme ces entreprises sont américaines, y compris TikTok désormais contrôlée par des capitaux américains proches du pouvoir, la loi américaine leur garantit une liberté sans limite, au nom de la liberté d'entreprendre, sans responsabilité sur les contenus qu’elles hébergent au nom de la liberté d’expression.

    Alliance objective

    Et, elles sont assurées que ça va continuer, grâce à leur alliance objective avec l’actuelle administration américaine. Initialement Donald Trump menaçait de réguler, mais il n'en parle plus. Tous les patrons de ces géants étaient à son investiture et ils sont tous passés par le bureau ovale pour consacrer cette alliance d’une manière ou d’une autre. C’est que Donald Trump a compris qu’il pouvait profiter du pouvoir des géants du numérique pour régner quasiment sans partage, profitant des algorithmes qui poussent son discours dans l’esprit des électeurs. Il leur laisse donc carte blanche pour leurs affaires et en échange, ils ne se mêlent pas de politique, ce qui est une façon de s'en mêler. Son prédécesseur Joe Biden l’a compris un peu tard et c’est dans son discours d’adieu qu’il a dénoncé ce qu’il a appelé le complexe techno-industriel.

    Passe d'arme

    La prochaine cible de cette alliance de la technique et de la politique, c’est ceux tentent de poser des limites, et notamment l’Union européenne. C'est d’ailleurs écrit noir sur blanc dans la stratégie de sécurité nationale qui inquiète tant les Européens depuis vendredi. Dans les priorités énumérées page 27 du document, on peut lire : « Ouvrir les marchés européens aux biens et services américains et garantir un traitement équitable aux travailleurs et aux entreprises des États-Unis ». C'est une allusion limpide aux différentes régulations, procédures et amendes qui frappent les entreprises technologiques américaines. La dernière amende, 120 millions d’euros contre X, anciennement Twitter, amenant son patron Elon Musk, allié politique de Donald Trump, à demander l’abolition de l’Union européenne. Le ministre polonais des Affaires étrangères lui a conseillé d’« aller sur Mars où les saluts nazis ne sont pas censurés ». On peut trouver la passe d’armes amusante, mais on peut être sûr qu’elle ne va pas s'arrêter là. Les géants du numérique et leurs alliés actuellement au pouvoir à Washington ne vont certainement pas laisser leur échapper un marché de 450 millions de personnes comme ils semblent, au moins provisoirement, le faire avec les 27 millions d’habitants de l’Australie.

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  • La Thaïlande et le Cambodge en conflit ouvert malgré les pressions internationales
    Dec 9 2025


    Direction l’Asie du Sud-Est aujourd’hui, où un conflit récurrent est en train de se réveiller. Il oppose la Thaïlande au Cambodge et il inquiète parce que malgré les pressions internationales, il continue.

    La situation s’est même sérieusement aggravée le week-end dernier quand la Thaïlande a annoncé avoir mené des frappes dites de précision avec des avions de combat américains F16 contre des cibles militaires cambodgiennes le long de la zone frontalière et après une attaque dont elle accuse le Cambodge. L’ancien Premier ministre cambodgien et actuel président du Sénat Hun Sen, qui jouit encore d’une grande influence après 38 ans d'un pouvoir qu'il a transmis à son fils, avait demandé hier à ses troupes de rester patientes. Mais il fait savoir ce mardi qu'elles ont engagé une riposte. Des combats qui ont déjà fait des victimes et provoqué l'évacuation de plusieurs dizaines de milliers de personnes de chaque côté de la frontière. Les Nations unies appellent les deux pays à la désescalade, sans effet pour l'instant sur le terrain.

    À lire aussiLes affrontements frontaliers se poursuivent entre la Thaïlande et le Cambodge, des soldats tués

    Un conflit ancien

    Ce n’est pas la première fois que des affrontements ont lieu cette année. Ils ont même culminé à la fin du mois de juillet dans des combats et des bombardements qui ont fait 43 morts et 300 000 déplacés avant l’entrée en vigueur d’un cessez-le-feu. À l’origine de ces escarmouches meurtrières et régulières, un conflit frontalier ancien puisqu’il date du traité franco-siamois de 1907, assez imprécis pour semer les germes de contestations futures, traité signé à Bangkok entre la France, puissance coloniale du Cambodge à l’époque où il faisait partie de l’Indochine française et le royaume de Siam, la Thaïlande de l’époque. Le flou porte sur la souveraineté sur certains temples qui marquent une partie de cette frontière longue de 800 km. La Cour Internationale de justice a statué en 1962 en faveur du Cambodge, décision confirmée depuis. Cela n'empêche pas la zone de rester contestée.

    Pressions extérieures

    C’est parce que la situation risque de dégénérer que des puissances extérieures sont intervenues. Elles sont trois : la Malaisie, qui n’a certainement pas envie de voir un conflit à ses portes, qui pourrait déstabiliser la région. La Chine, principal partenaire économique de la Thaïlande, qui a même des projets de liaisons ferroviaires à grande vitesse avec elle. Les combats de juillet ont eu des effets sur l’économie thaïlandaise. Et puis, il y a les États-Unis, allié traditionnel de la Thaïlande pendant la Guerre froide. Toutes ces pressions, et notamment les pressions américaines ont abouti à la fin du mois d’octobre à un accord de paix signé en Malaisie en présence de Donald Trump, accords commerciaux à l’appui. Il n’a pas été efficace bien longtemps, La Thaïlande l’a suspendu deux semaines plus tard. Le président Donald Trump avait alors parlé aux chefs des deux gouvernements pour les menacer de droits de douanes afin de les ramener à la raison. Il estimait alors que cela allait aller pour les deux pays. Les actuels combats indiquent le contraire. Ce conflit fait partie des huit guerres que Donald Trump estime avoir arrêtées en huit mois. Ce qui démontre manifestement un certain optimisme.

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  • La nouvelle stratégie américaine de sécurité, un choc pour les Européens
    Dec 8 2025
    La Maison Blanche a publié, cette fin de semaine, la nouvelle stratégie américaine de sécurité nationale. Ce document d’une trentaine de pages détaille les priorités américaines en matière stratégique. Les grands principes étaient déjà largement connus. C’est une chose de l’entendre de loin en loin dans un discours de campagne, c’en est une autre de le voir synthétisé par écrit. Noir sur blanc, il est donc indiqué que les États-Unis n'ont plus l’intention d'être comme le « géant Atlas » qui soutient l'ordre mondial sur ses épaules, mais veulent plutôt se concentrer sur leurs intérêts immédiats. Et le premier de ces intérêts, c’est la domination américaine dans ce qu’aux États-Unis, on appelle l’hémisphère occidental, autrement dit sur le continent américain dans son ensemble, Amérique latine comprise. L’idée est celle d’un retour à la doctrine Monroe de 1823, qui veut que ce qui est au sud est considéré comme la chasse gardée des États-Unis. Cela éclaire d’un jour nouveau l’actuel déploiement de force américain dans les Caraïbes et au large du Venezuela, qui, rappelons-le, dispose des plus importantes réserves de pétrole de la planète. Un redéploiement qui ressemble à un repli Le reste du monde vient après. On a beaucoup parlé depuis les années Obama du pivot asiatique des États-Unis. C’est désormais peut-être à relativiser. La Chine est toujours vue dans ce document comme un rival, mais surtout sur le plan économique. Malgré les revendications chinoises bien connues sur Taïwan, la présidence américaine réaffirme son soutien au statu quo, et dit vouloir mettre en place une force militaire dissuasive, mais en demandant à ses alliés japonais et sud-coréens d’en faire plus et de s’engager davantage pour la défense de Taïwan. L’Afrique, qui ne doit plus s'attendre à recevoir beaucoup d'aide américaine, est vue comme comme un fournisseur de matières premières et de minerais rares, l’actuelle obsession américaine. Quant au Proche-Orient, le désintérêt américain n’est même pas masqué, puisque les États-Unis expliquent qu’une fois la région stabilisée, ils trouveront leurs sources d’énergie dans leur voisinage immédiat. Soutien à l'extrême droite européenne Le gros choc, il est surtout pour les Européens. L’Europe risque « l’effacement civilisationnel » d’ici une vingtaine d’années dit le document, si sa trajectoire idéologique n’est pas corrigée. La stratégie dit explicitement qu’il faut aider l’Europe à le faire en soutenant des partis qui partagent les valeurs des États-Unis de Donald Trump. Autrement dit, des partis européens d’extrême droite, comme l’avait dit le vice-président JD Vance en février lors de la conférence de Munich. Ce n'est donc pas une surprise. L’Allemagne, par la voix de son ministre des Affaires étrangères affirme ne pas avoir besoin de conseils venant de l’extérieur. En revanche la cheffe de la diplomatie européenne Kaja Kallas semble toujours persuadée que les États-Unis restent le plus grand allié de l’Europe. Conforme à la vision russe Il y a des dirigeants qui ont lu et compris ce document, ce sont ceux de la Russie. Selon le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov, la stratégie de sécurité américaine est globalement conforme à la vision du Kremlin. C’est vrai sur le plan idéologique, notamment sur la vision de l’Europe et son déclin civilisationnel, mais aussi sur le non-élargissement de l'Otan, inscrit noir sur blanc. C'est un message limpide à l’Ukraine, au moment où elle négocie avec les États-Unis les conditions de la paix, sur la base de propositions soufflées par le pays qui continue à l’agresser et qui est vu comme un futur partenaire à gros potentiel par la présidence américaine. À lire aussiTrump veut réajuster la «stratégie de défense» américaine et prédit «l'effacement civilisationnel» de l'Europe
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  • Football et politique: Donald Trump et Gianni Infantino, une bromance pas désintéressée en mondovision
    Dec 5 2025

    L’événement qui va retenir l’attention sur toute la planète aujourd’hui, et qui sera évidemment à suivre sur RFI, c’est le tirage au sort de la Coupe du monde de football 2026 au Mexique au Canada et aux États-Unis. Cela va se passer à Washington. Deux personnalités vont y jouer les premiers rôles, le président américain et celui de la FIFA. Ils sont inséparables depuis des mois.

    Cela a commencé dès l’investiture de Donald Trump à laquelle assistait Gianni Infantino au mois de janvier. Au mois de juillet, la FIFA louait des bureaux dans la Trump Tower à New York. Les deux hommes se sont retrouvés ensemble à plusieurs reprises tout au long de l'année dans le Bureau ovale. À chaque fois pour des moments de complicité, de « bromance », comme on dit de nos jours. Gianni Infantino était même là en Égypte, pour la présentation du plan de paix de Donald Trump pour Gaza, au titre de sa promesse de rebâtir les infrastructures footballistiques de l’enclave palestinienne. Et d’ailleurs, il devrait en être question ce soir. Un nouveau prix de la paix de la FIFA va être décerné sur la scène du Kennedy center, présidé personnellement par Donald Trump et où a lieu le tirage. Ce serait une énorme surprise que ce prix lui échappe. Il se présente comme un faiseur de paix et si son objectif de conquérir le prix Nobel de la paix est reporté au moins à l’an prochain, ce nouveau prix décerné par la FIFA ressemble beaucoup à un prix de consolation.

    Une enjeu financier majeur

    Si le président de la FIFA est aussi assidu avec Donald Trump, c'est parce qu’il veut que sa Coupe du monde soit réussie. C’est un défi organisationnel, dans trois pays et 16 villes. C'est la première à 48 équipes et ça c’est une idée de Gianni Infantino. Il a donc tout intérêt à ce que les autorités soient bien disposées à son égard. 104 matches sont prévus. Aux États-Unis, où l’implantation du football est réelle, mais encore relativement récente, on présente parfois cela comme l’équivalent de 104 rencontres de la dimension du Superbowl, la finale du championnat de football américain, qui est l’événement sportif chaque année là-bas. Événement sportif, mais aussi économique. Les Américains dépensent beaucoup d’argent quand ils vont au stade. C’est donc un enjeu financier majeur pour la FIFA et son président. Plus de matches, c’est plus plus de revenus in fine pour les 211 fédérations nationales membres qui votent pour élire le président. Lequel y voit une occasion rêvée d’assurer sa position pour longtemps.

    Climat autoritaire

    Mais son attitude de grande proximité pose aussi question. Comme beaucoup de chefs d’État avant lui, Donald Trump compte bien utiliser cet événement planétaire pour mettre en avant sa vision de l'Amérique et du monde. C'est ce qui inquiète les défenseurs des libertés et des droits aux États-Unis. Selon Human Rights Watch, plus de 90 000 personnes ont déjà été arrêtées par la police de l’immigration dans les 11 villes américaines qui recevront des matches. Les ressortissants de deux pays qualifiés sont déjà interdits de voyage aux États-Unis, ceux d'Haïti et de l'Iran. Les organisations de défense des droits craignent que le mondial se déroule dans un climat très autoritaire, avec la bénédiction de la FIFA.

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  • Dans les négociations sur la paix en Ukraine, l'Europe peine à trouver sa place
    Dec 4 2025

    Les négociations continuent pour tenter de trouver une solution à la guerre en Ukraine. Des négociations dans lesquelles l’Europe aimerait peser, mais où elle reste largement spectatrice.

    Cela dure depuis que les États-Unis ont proposé leur plan de paix, initialement largement inspiré de propositions russes. Des représentants français, allemands et britanniques se sont rendus à Genève où se tenaient les discussions entre Américains et Ukrainiens. Mais il était très clair que les décisions seraient prises entre ces deux pays. Et c’est bien ce qu’il s’est passé. Quelques jours plus tard, le secrétaire d’État américain Marco Rubio a pour la première fois participé à la réunion de la coalition des volontaires, ce dont l'Élysée s’est félicitée en y voyant un progrès, pour informer les Européens de l’évolution des discussions. D’autres fois, notamment à chaque marque de soutien appuyé des pays européens et notamment de la France, c’est l’Ukraine qui informe ses partenaires européens de l’avancée des négociations.

    Les menaces de Vladimir Poutine

    L’une des parties prenantes des discussions ne veut même pas entendre parler des Européens : C’est la Russie. La tentative des Européens de participer aux négociations n’est pas nécessaire, disait la semaine dernière le conseiller diplomatique de la présidence russe, Iouri Ouchakov. C’était d’ailleurs la version vraiment diplomatique, puisque mardi, son patron Vladimir Poutine a été beaucoup plus loin, en menaçant carrément les Européens, accusés de ne pas vouloir la paix et de chercher à faire capoter les discussions en tentant de s’impliquer. « Nous n'avons pas l'intention de faire la guerre à l'Europe, mais si l'Europe le souhaite et commence, nous sommes prêts dès maintenant », a notamment dit le président russe.

    Une menace mais aussi un défi qui sous-entend que les Européens, eux, ne sont pas prêts. C’est une façon de leur dire qu’ils n’ont pas voix au chapitre parce qu’ils ne pèsent pas en matière d’armement. Et c’est vrai pour l’armement conventionnel. Après plus de trois ans d’agression en Ukraine, la Russie a développé une industrie qui produit vite et à grande échelle des armes capables de saturer les systèmes de défense. Malgré de nombreux signaux d'alerte venant à la fois des États-Unis et de Russie depuis des années, les Européens sont loin de l'autonomie et de l'unité stratégique. L’Allemagne a annoncé cette année le triplement de son budget défense d’ici 2029, mais elle part de loin et, d'ici là, au rythme actuel, il peut se passer beaucoup de choses. D’autres pays sont dans des situations financières qui ne leur permettent pas de prévoir aussi loin, quand ils ont un budget pour l’an prochain, ce qui n’est par exemple pas le cas de la France.

    Surmonter les différences

    Les Européens essaient pourtant toujours de peser. Oui, à l’Européenne. En essayant de surmonter leurs différences. Hier, la Commission européenne a annoncé son plan pour financer les besoins de l’Ukraine pour les prochaines années. Notamment en utilisant les avoirs russes gelés. Mais la Belgique, où ils sont situés, n’est pas d’accord. Les Européens prévoient aussi d’enfin stopper les achats de gaz russe d’ici à 2027. Mais il faut en passer par un vote au parlement pour éviter le véto hongrois. La guerre sera peut-être finie d’ici-là. Ils cherchent à influer sur le cours des événements par d’autres moyens. Actuellement en visite d’État en Chine, Emmanuel Macron tente de convaincre Xi Jinping de retenir son allié russe. Depuis le début de la guerre en Ukraine, il s'est bien gardé de le faire.

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