Épisodes

  • Le Maroc sécurise son approvisionnement de gaz avec un projet d’unité flottante de regazéification de GNL
    Dec 17 2025

    Après l’interruption par l’Algérie de ses exportations de gaz vers le Maroc, le royaume chérifien cherche à sécuriser son approvisionnement avec un projet d’unité flottante de regazéification du GNL, le gaz naturel liquéfié. Il pourrait alors provenir de différents fournisseurs, par bateau, jusqu’à Nador, sur la côte du Rif oriental. Les candidats ont jusqu'à la fin du mois de janvier pour répondre aux appels à concurrence.

    L’implantation à Nador sur la côte nord-est du Maroc n’a pas été choisie au hasard : l'unité flottante de regazéification sera connectée à la centrale électrique d’Aïn Beni Mathar via le Gazoduc Maghreb Europe, ou GME, que l’Algérie, fâchée avec le Maroc, a cessé d’alimenter depuis 2021. Il est désormais alimenté à rebours mais moins abondamment par l'Espagne. « L'idée, bien sûr, derrière ce projet, c'est de développer un deuxième point d'entrée à travers un terminal GNL, explique Mustapha Warfou, chef de la division des infrastructures gazières au ministère de la Transition énergétique. Et en parallèle de développer l'infrastructure gazière, à savoir le gazoduc qui va relier ce terminal "Nador West Med" au GME, puis le GME à Kenitra puis Mohammedia pour alimenter les différentes zones de consommation, donc les industriels et les centrales électriques. »

    Le Maroc a aujourd’hui besoin d’importer cinq milliards de mètres cubes de gaz, il en importait trois milliards de mètres cubes d’Algérie. Le terminal GNL de Nador lui permettra d’en regazéifier jusqu’à 10 milliards de mètres cubes. Une solution flexible pour sécuriser ses approvisionnements. « Le Maroc est en train de chercher une solution alternative et il ne veut pas dépendre de l'Algérie, souligne l’expert des marchés gaziers Thierry Bros. Donc, si vous voulez ne pas dépendre de l'Algérie, vous êtes obligé de devenir une plateforme de gaz naturel liquéfié. Ça va lui coûter plus cher, évidemment. On parle bien de millions de dollars et rien n'est gratuit dans ce système. Et vous payez les prix internationaux. Mais, mais si vous en avez besoin, ça viendra. Alors que le gaz algérien, si vous en avez besoin, ça pourrait ne pas venir »

    Presqu'un milliard de dollars d'investissements au total

    Le contexte est plutôt favorable au Maroc, avec à court et moyen terme, une offre mondiale excédentaire de GNL. « Entre le Qatar, les États-Unis, voire peut-être des pays d'Afrique, le Sénégal, au sud, va se mettre à exporter du GNL. Des fournisseurs, il y en a, observe Philippe Sébille-Lopez, géopoliticien de l’énergie. Il y a une bulle de GNL au niveau global. Il suffit donc de se mettre sur un projet de développement de liquéfaction aux États-Unis. »

    Le Maroc prévoit de dépenser 273 millions de dollars pour la plateforme GNL et sa connexion au Gazoduc Maghreb Europe, puis 638 millions de dollars pour prolonger les gazoducs jusqu'à la côte atlantique.

    À lire aussiMaroc: avec l’investissement de Safran, une nouvelle étape franchie dans l’aéronautique

    Voir plus Voir moins
    2 min
  • Mobilisation pour le retour des biens mal acquis sur le continent
    Dec 16 2025

    Ces dernières années, beaucoup de procédures ont été engagées contre des entreprises étrangères en Afrique et leurs pratiques de corruption. Des cas emblématiques ont été jugés, comme celui de Glencore. Il est cependant difficile de voir l’argent restitué.

    Un mouvement de réflexion est engagé sur le continent, auquel contribue particulièrement le collectif Restitution pour l’Afrique emmené par Jean-Jacques Lumumba, qui a déposé une plainte au mois de mars. Cette plainte déposée auprès Parquet national financier de Paris a fait du bruit car elle est inédite : elle concerne plusieurs membres de Bolloré pour « recel » et « blanchiment ».

    « Souvent, quand on dénonce la corruption, on s'attaque aux corrompus, mais on fait très peu allusion aux corrupteurs. Et l'objectif que nous menons, c'est de pouvoir s'attaquer aux corrupteurs et de pouvoir s'attaquer aux fruits et aux bénéfices de la corruption », détaille Jean-Jacques Lumumba, qui est à la tête du collectif. Et de poursuivre son analyse : « Ces produits de la corruption produisent des bénéfices et des flux financiers qui arrivent dans des pays. Il faudrait que ces pays-là, cette captation de ressources, soient aussi considérés comme des biens mal acquis. C'est ça tout le concept de biens mal acquis inversés. »

    Un système de corruption favorisé par le cadre bilatéral – entre les multinationales et les États – des négociations et du traitement des contentieux. L’ONU appelle pour contrer cela à la mise en place d’une convention fiscale. « Si on a un cadre global, on peut avoir une mesure de la redevabilité qui soit beaucoup plus utile. À l'intérieur de cadres bilatéraux de négociations, il y a un problème de transparence. Il y a une asymétrie d'information, il y a une asymétrie de capacité. Et si ces asymétries-là sont localisées à un niveau bilatéral, il est très difficile de les changer. Par contre, si on les situe dans un cadre global, par exemple le cadre des Nations Unies malgré la faiblesse actuelle de l'ONU, on peut ouvrir ces boîtes d'asymétrie pour qu'il y ait plus d'informations disséminées et qu'il y ait plus de transparence », précise le Dr Ibrahim Assane Mayaki, ancien Premier ministre du Niger, coprésident du groupe de haut niveau qui travaille sur ces questions à l’ONU.

    Repenser l'utilisation des fonds saisis

    Quand les entreprises sont appelées à payer, il est là encore difficile d’y voir clair. Le cas de Glencore au Cameroun est emblématique. L’entreprise est accusée d’avoir payé des pots de vin pour assurer son approvisionnement en pétrole. La société écope d’une amende de plus d'un milliard de dollars aux États-Unis. « Les pays victimes n'ont pas un radis en compensation. Largent est parti aux États-Unis et en Angleterre », dénonce Akere Muna, un avocat spécialiste de la lutte contre la corruption et le fondateur de Transparency International Cameroun. « Dans le cas de ces sociétés corrupteurs, il faudrait absolument que les fonds soient restitués de façon très transparente à ces pays-là. Parce que le danger – comme dans le cas d'Obyang en France – c’est quand on condamne de renvoyer [l’argent] dans un pays et que ce sont les mêmes [personnes] qui sont en place, ça pose un problème », souligne-t-il.

    Chaque année, le continent perdrait ainsi 25% de son PIB à cause de la corruption. Un « fléau » qui freine les investissements et accroît les inégalités, dénonce la Banque africaine de développement.

    À lire aussiTchad: l’Agence de lutte contre la corruption dénonce une situation « alarmante »

    Voir plus Voir moins
    3 min
  • Côte d'Ivoire: des start-up parient sur le monde de l'éducation
    Dec 15 2025

    Le secteur des start-up est en forte croissance en Afrique de l’Ouest, mais l’éducation reste peu représentée. Deux jeunes entreprises ivoiriennes développant des solutions éducatives étaient récemment à Paris dans le cadre d’un programme avec la grande école HEC.

    Avec l’application Ecolepay, fini les files d’attente interminables à la banque et les allers-retours dans les bouchons. La cantine et les frais de scolarité sont payés en un clic. Pour Jean-Philippe Lasme, directeur de la start-up LKM Digital, le plus difficile a sans doute été de convaincre les utilisateurs et les écoles du sérieux de la démarche.

    « On veut être une figure d'autorité en termes de paiement de frais de scolarité et on travaille dur pour. Parce qu'en fait, le parent, quand il se connecte sur notre application, il paye via le mobile money et nous reversons aux écoles. Il faut donc une sacrée dose de confiance. Au-delà de la qualité de l'application, il faut que la structure puisse accompagner. Dans ce cadre-là, on a mis les bouchées doubles vis-à-vis de la banque centrale, la BCEAO. Nous sommes désormais PSP, Payment Service Provider, avec un agrément de la banque centrale. Ensuite, vis-à-vis de la RTI, l’autorité de régulation pour la gestion des données à caractère personnel, nous avons montré comment nous collectons, protégeons et sauvegardons les données. Nous avons aussi une assurance responsabilité civile professionnelle. Aujourd’hui, toutes nos transactions sont protégées, encadrées et supportées par une société d’assurance. Ce n’est donc pas une petite start-up au coin de la rue, on se met aux normes parce qu’on a une vision énorme », affirme le directeur.

    Faciliter le paiement des frais de scolarité

    Une soixantaine d’écoles sont déjà utilisatrices de la solution, qui répond à un réel besoin. Selon les recherches réalisées par la start-up, chaque année, près de 30% des sommes dues ne sont pas recouvrées. Malgré tout, difficile de convaincre les investisseurs.

    Héros africains, designs colorés et références proches des élèves : la valise éducative de Bokonzi, la Valed, propose une approche ludique et culturellement adaptée de l’apprentissage. « On veut vraiment remettre l'enfant au cœur de l'éducation, parce que nous pensons que parfois, on donne des contenus sans considérer leur environnement, explique Andreas Gotiene créateur de la start-up Bokonzi. Nous co-créons ce dont l’enfant a réellement besoin pour le rendre apte et faire de lui une solution aux problématiques de l’Afrique. »

    L’innovation éducative en quête de financements

    Mais là encore, difficile de séduire les investisseurs. « Malheureusement, on est dans un monde où tout est centré sur le capitalisme, regrette Andreas Gotiene. Les gens regardent combien de chiffres on fait, et non combien de vies on transforme. Nous sommes donc ouverts à ceux qui partagent la même vision : rendre l’éducation accessible à tous les enfants, pas seulement à une certaine classe sociale. Mais cela nécessite des fonds pour augmenter notre capacité de production et former des coachs pédagogues. »

    Le dernier rapport de Partech montre que, sur l’ensemble des financements dédiés à la tech, seuls 2% partent vers des projets liés à l’éducation.

    À lire aussiAlerte sur le financement de l’éducation dans l’aide internationale

    Voir plus Voir moins
    2 min
  • Congo-Brazzaville: avec le début de la production de gaz, les Congolais espèrent que leurs factures vont baisser
    Dec 14 2025

    Installée au Congo depuis une dizaine d’années, la société chinoise Wing Wah, spécialisée dans la production pétrolière onshore, vient de lancer son usine de production de gaz associé. Le produit sera à la fois exporté et vendu localement.

    Avec notre envoyé spécial à Pointe-Noire,

    Dans un point de vente de gaz d’un quartier populaire de Pointe-Noire, Adéline, 35 ans, se félicite de l’annonce faite par l’entreprise chinoise. Elle espère que la mise sur le marché de butane aux ménages congolais favorise son pouvoir d’achat. « Les Chinois dans la production du gaz, c'est une nouvelle qui nous réjouit. Avec ce gaz, nous attendons la baisse du prix. Une bombonne de gaz [importée], revient à 10 600 FCFA [plus de 15 euros] actuellement. C’est couteux », estime-t-elle.

    L’usine de la société chinoise est située dans le district de Tchiamba Nzassi, à 35 kilomètres du centre de Pointe-Noire. On y accède par une route fraichement asphaltée. Wing Wah produit 57 000 barils de pétrole par jour, une production qui doit officiellement atteindre 200 000 barils par jour dans les années à venir. Pour Christian Hyppolite Pambou Tchinianga, directeur de l’aval pétrolier, la production du butane local devrait combler les besoins nationaux : « La production de butane attendue par ce projet est d’environ 150 000 tonnes par an. La consommation du Congo est actuellement autour de 50 000 tonnes par an. Donc, on aura suffisamment de gaz pour toutes les localités de ce pays. »

    « C'est un projet qui vient booster l'activité économique »

    Christian Hyppolite Pambou Tchinianga plaide également pour le développement de l’usage du gaz afin de protéger l’environnement. C’est en effet une alternative au bois de chauffage. « Vous savez très bien que le gaz de ville, le gaz de cuisson, ça nous apporte beaucoup, dans tout ce qui est protection de l’environnement. Ça éviterait la déforestation. Ça nous apporterait un plus dans nos foyers », ajoute-t-il.

    Investir davantage est l’objectif fixé par Wing Wah dans le but d’apporter un plus dans l’économie congolaise restée jusque-là dépendante du pétrole. Son projet de production de gaz devra générer au moins 7 000 emplois directs, selon ses responsables.

    Un argument qui convainc Didier Sylvestre Mavouenzela, président de la chambre de commerce de Pointe-Noire. « Je crois que c’est un projet qui vient renforcer le potentiel économique, et surtout booster l’activité économique, pour donner un peu de souffle aux entreprises qui en avaient besoin en ce moment », souligne-t-il. D’après lui, le gaz produit par la société chinoise devrait contribuer à baisser la facture de certaines entreprises bénéficiaires, dans un pays où l’énergie est loin d’être stable.

    À écouter aussiCôte d'Ivoire – Sénégal : pétrole et gaz au cœur des économies

    Voir plus Voir moins
    2 min
  • Mayotte veut relancer les échanges avec les pays voisins d'Afrique
    Dec 11 2025

    Près d’un an après le cyclone Chido, qui a dévasté Mayotte le 14 décembre 2024, l'île française veut relancer les échanges avec les pays africains riverains de l’océan Indien. En particulier avec le Kenya qui fut d’un grand secours au lendemain de la catastrophe. Il s'agit d'élargir les débouchés des entreprises de part et d'autre, mais aussi d'améliorer le pouvoir d’achat des Mahorais.

    Après le passage du cyclone Chido, le Kenya fut l’un des premiers fournisseurs de denrées et de matériaux à Mayotte. Nairobi n’est qu’à deux heures et demie d’avion du territoire français ; le port kényan de Mombassa, à trois jours de bateau du port mahorais de Longoni.

    Accélérer les liaisons aériennes et maritimes avec le Kenya

    Et le Kenya veut renforcer ces liens avec Mayotte. « Kenya Airways relie déjà Nairobi à Mayotte tous les deux jours, un vol de passagers, souligne le secrétaire d'État kényan aux Affaires étrangères, Abraham Korir Sing'Oei. Notre intention est d'étendre cette liaison aérienne au fret. Nous aménageons aussi certaines de nos lignes maritimes entre Mombasa et Longoni, à Mayotte, pour accélérer le transport de marchandises, surtout de produits frais, vers ce marché. »

    Importer des produits moins chers

    Établir des ponts, daraja en swahili, la langue régionale commune, c’est le but des conventions du même nom que Mayotte a signées avec plusieurs pays africains voisins avant la catastrophe. L'enjeu est encore plus important depuis : faire baisser le coût des approvisionnements (1 milliard d’euros par an), dont plus de la moitié sont toujours expédiés par la métropole, à 8 000 km de là, est urgent. « Ce sont des produits des denrées alimentaires qui viennent de la Métropole, de très loin, rappelle la vice-présidente du conseil départemental de Mayotte, Zamimou Ahamadi, alors qu'on a juste l'Afrique qui est à côté ! Il y a le Kenya, il y a le Mozambique - parce qu'on a déjà une convention avec le Mozambique, Madagascar, les Comores, et on tend à l'étendre à d'autres pays pour pouvoir lutter contre la problématique de la vie chère aujourd'hui à Mayotte. »

    Pont entre l’Afrique et l’Europe pour le secteur de la tech

    Les entrepreneurs de Mayotte voient aussi des opportunités dans leur environnement régional, en particulier dans le secteur de la tech. C’est le cas du PDG d’ITH Datacenter, une infrastructure qui a survécu au cyclone. « Quand on a conçu notre projet, on l'a conçu aussi pour s'intégrer dans notre environnement régional, souligne Feyçoil Mouhoussoune. Le niveau de service avait vocation à pouvoir desservir des besoins régionaux. J'étais au Kenya l'année dernière. J'ai rencontré plusieurs opérateurs de data centers. On a une petite valeur ajoutée qui est qu'on est soumis à une réglementation européenne, et dans notre secteur, c'est plutôt un atout. »

    La suspension du partenariat de l'Union européenne avec le Kenya par la Cour de justice de l'Afrique de l'Est, pourrait cependant ralentir les projets respectifs des entreprises de Mayotte et du Kenya.

    Voir plus Voir moins
    2 min
  • Cameroun: la filiale d'un géant français de la banane mise en demeure
    Dec 10 2025

    Au Cameroun, quatre ONG mettent en demeure La Compagnie fruitière et sa filiale Les plantations du Haut-Penja (PHP), plus gros exportateur de bananes du pays. Transparency International et ses partenaires dénoncent des violations des droits humains visant les travailleurs et les riverains des bananeraies.

    Ces accusations s'appuient sur les témoignages d'une cinquantaine de travailleurs, anciens ou toujours en poste. Ils décrivent des journées de travail de 12 à 15 heures, des licenciements abusifs, des titularisations qui ne viennent que trop rarement, même après dix ans de service, etc.

    Ils évoquent aussi des heures passées dans les bananeraies au contact des pesticides, le plus souvent sans protection. « Pour produire des bananes qui vont être ensuite exportées sur le marché, notamment sur le marché européen, on a recours à des pesticides, dont certains très dangereux, voire interdits au sein de l’Union européenne, détaille Chloé Rousset, chargée de campagne sur la dignité au travail pour l’ONG Action Aid France. Normalement, il faut être doté d'un certain nombre d'équipements de protection. Mais ce qu'on a vu sur des photos et sur des vidéos envoyées par les travailleurs, et ce qu’on nous a dit dans les témoignages, c’est qu’en réalité, les gens n’ont pas ces équipements. »

    Conditions de travail et impacts environnementaux

    Certains habitants vivant autour des 3 000 hectares de plantations se plaignent également d’épandages aériens et de déversements d’eau usée. Le travail de documentation sur les conditions de travail au sein des Plantations du Haut-Penja (PHP) a débuté il y a plus de dix ans. Il s’agit aujourd’hui d’une mise en demeure destinée à alerter La Compagnie fruitière des agissements de sa filiale, précise Henri Njoh Manga Bell, président de Transparency International Cameroun : « Nous ne sommes pas des va-t-en-guerre. Il est question dans un premier temps de demander à ces actionnaires de mettre une pression sur leur filiale locale pour qu’elle respecte le devoir de vigilance qui lui incombe dans son exploitation. »

    Les Plantations du Haut-Penja dominent les exportations de bananes au Cameroun : près de 80%. L’an dernier, 153 000 tonnes ont été exportées, en majorité vers l’Europe. La société gagne des parts de marché, et sa maison mère française, La Compagnie fruitière, a mis en place des partenariats, notamment avec l’ONG WWF, pour développer le bio.

    Des améliorations salariales encore « insuffisantes »

    Depuis les premières alertes, des efforts ont été faits, assure Chloé Rousset, mais ils restent largement insuffisants selon elle. « On nous a dit sur place qu’il y avait eu des améliorations. Par exemple, on est un peu plus payés qu’il y a dix ans. Encore une fois, il y a l’inflation, donc, encore heureux. Pour autant, la société mère de la PHP, la Compagnie fruitière, a des obligations légales : elle doit respecter le droit français et notamment la loi sur le devoir de vigilance. Et ce qu’on observe, c’est que le plan de vigilance est très insuffisant par rapport à tous les problèmes observés sur le terrain. »

    La Compagnie fruitière réagit et estime que « les affirmations rapportées sont graves et ne correspondent en rien aux politiques » de la société et de ses filiales. Elle rappelle « avoir conclu depuis plusieurs années un plan de vigilance ainsi qu’un code de conduite anti-corruption ».

    À lire aussiLa banane africaine entre concurrence latino-américaine et exigences salariales

    Voir plus Voir moins
    2 min
  • L'Afrique de l'Ouest s'organise pour lutter contre la pêche INN
    Dec 9 2025
    L’Afrique de l’Ouest est grandement dépendante de l'océan, cependant 20% des produits de la pêche illégale dans le monde serait issue de cette région. C’est pourquoi les États de la Cédéao s’organisent pour lutter contre la pêche INN, la pêche illicite, non déclarée et non réglementée. La sous-région perdrait environ 2,3 milliards de dollars chaque année. Des programmes comme WASOP, porté par l'UE, tentent également de soutenir les États. Une lutte difficile sur le terrain, mais également. Avec notre envoyée spéciale à Mindelo, Ertzon Georges attend d’embarquer sur un petit bateau. « Ça a beaucoup changé. Quand j’ai commencé, dès que tu sortais, tu trouvais du poisson. Maintenant, il faut aller très loin », témoigne-t-il. Sur le petit débarcadère de pêche artisanale, beaucoup sont ceux qui attribuent la raréfaction du poisson à la pêche INN. La lutte contre la pêche illicite, non déclarée et non réglementée se fait au niveau national, mais aussi régional, comme l'expliqué le Dr Khallahi Brahim, secrétaire permanent de la Commission sous-régionale des pêches, basé à Dakar. « Nous travaillons suivant trois axes. Un axe renforcement des capacités des États membres à travers des formations, à travers la fourniture de certains équipements et matériels. Le deuxième axe, c'est l’amélioration du cadre juridique avec l'élaboration et l'adoption de certains instruments juridiques qui permettent donc de cadrer l'action », détaille-t-il. « En dernier, c'est la lutte effective, mener des opérations conjointes. C'est-à-dire que nous prenons des patrouilleurs au niveau de notre sous-région et nous embarquons nos inspecteurs des pêches. Et donc, nous ratissons la zone pour voir s'il y a des bateaux qui exercent la pêche INN », ajoute  le Dr Khallahi Brahim. Le développement de moyens technologiques comme l’imagerie satellitaire aide les États, mais les moyens techniques restent insuffisants face à la difficulté que représente la poursuite en mer. Il y a également parfois un manque de volonté politique, dénonce Jorge Santos, le ministre capverdien de la Mer. « On doit voir ce problème comme un problème de coopération internationale, mais aussi d’application des lois, parce qu’on a malheureusement, dans notre sous-région, des institutions, des personnes qui protègent ça », souligne le ministre. Il appelle ses voisins à réagir : « Il est nécessaire de définir une stratégie claire et transparente parce qu’à côté de la pêche illégale, existent le trafic de drogue, le trafic d'êtres humains, l’immigration illégale, le terrorisme et la piraterie. Ce sont des choses qui vont ensemble. » Des contrôles doivent notamment être réalisés par les pays côtiers avant que les produits de la mer soient exportés. Des contrôles auxquels participe l’Agence européenne des pêches. Certains manquements peuvent conduire l’Union européenne à appliquer des sanctions. Une position parfois hypocrite selon le ministre capverdien : « Je pense que s'il y a la pêche illégale, c'est parce qu'il y a un marché pour la pêche illégale. Mais où est le marché de la pêche illégale ? C'est à cette question que l'on doit répondre », interpelle-t-il. Des contrôles des certificats de captures sont également prévus à l’entrée sur le territoire européen. Des procédures peu respectées par certains États, souligne un rapport de la Cour des comptes européenne. Sollicitée par RFI, la Commission européenne assure s’attaquer au problème avec, par exemple, la numérisation du système de traçabilité prévue en début d’année prochaine. À lire aussiPourquoi faut-il combattre la pêche illégale?
    Voir plus Voir moins
    3 min
  • Au Sénégal, les vertus du gombo se retrouvent dans des produits cosmétiques produits localement
    Dec 8 2025

    Le gombo, que l'on retrouve d'ordinaire dans l'assiette des Sénégalais en soupe kandia, commence à se faire une place dans leurs salles de bain. Ce légume gluant, riche en antioxydants, possède des vertus hydratantes et anti-âge qui séduisent désormais les marques de cosmétiques locales. Reportage dans une entreprise dakaroise qui mise sur ce nouvel or vert.

    Avec notre correspondante à Dakar,

    Dans le laboratoire de la marque Trésors d'Afrique, à Dakar, on s'affaire autour des préparations. En blouse blanche, les employées ont des allures de scientifiques. « Ici, c'est pour la recherche et développement. Il nous arrive ici, au laboratoire, de changer un produit, ou bien de créer un nouveau produit », explique Ndeye Thiaba Diouf, la directrice des opérations, qui nous fait la visite guidée.

    Ici, avec la gamme « Chouette mama », priorité aux produits locaux : aloe vera, bissap, karité, mais aussi le gombo, ce petit légume vert et gluant qu'on connaît surtout en cuisine. Ndeye Ndiapaly Diouf, responsable du laboratoire émulsion, en extrait le jus. « Ici, on fait des crèmes, des laits et des sérums. Le lait de gombo, on le fabrique à base de gombo naturel frais qu'on achète au marché, et toujours avec de l'eau déminéralisée. On met de l'eau et on laisse macérer jusqu'au lendemain », détaille-t-elle.

    27 000 produits Trésors d'Afrique vendus

    Ce mucilage, un jus épais issu du gombo, est intégré à plusieurs produits : shampoings, crèmes pour le visage ou pour le corps... Très hydratant, le légume se révèle aussi un puissant anti-âge. « De la même manière que le baobab traite l'acné et la peau grasse, le gombo, son travail, c'est l'anti-âge. À partir de 25 ans, on commence à ne plus avoir le collagène dont on en a besoin pour avoir une peau lisse et tout ce qui va avec. Donc le gombo est là pour compléter cela », promeut-elle.

    Ce secret est encore méconnu au Sénégal, où le gombo reste surtout associé à la soupe kandia. Seules quelques femmes l'utilisent déjà pour nourrir leurs cheveux. Chaque année, 27 000 produits Trésors d'Afrique sont vendus dans plusieurs points de vente au Sénégal, mais également en ligne vers l'étranger. « D'après les études qu'on a fait, ce sont les étrangers, les expatriés et même les Sénégalais qui viennent de l'extérieur qui achètent plus nos produits. La marque, malheureusement, est connue plus à l'étranger qu'au Sénégal », note Ndeye Ndiapaly Diouf.

    À lire aussiPensez à consommer du Gombo !

    Le marché global des cosmétiques pour l'Afrique est en plein boom

    Une campagne marketing est en préparation pour faire découvrir ces cosmétiques made in Sénégal aux Sénégalaises. Et, pour les producteurs, c'est une nouvelle filière pleine de promesses. À Thiès, Mamour Gueye, producteur de gombos qui exporte une partie de sa production vers la France, y voit un débouché local bienvenu.

    « C'est plus avantageux de vendre sur le marché local que de faire de l'export », assure l'agriculteur. « Sur le marché local, il n'y a pas de contrainte. Par contre, quand tu envoies ton gombo, deux jours après, on te fait des réclamations sur le noircissement du produit. Tout ne peut pas aller à l'exportation. Donc s'il y a de la transformation, c'est vraiment une bonne chose », poursuit Mamour Gueye.

    Le marché global des cosmétiques pour l'Afrique est en plein boom. Il devrait passer de 3,87 milliards de dollars en 2024 à plus de 7 milliards en 2033.

    À lire aussiEntre modernité et tradition : les routines beauté qui marchent

    Voir plus Voir moins
    2 min