Épisodes

  • Dotation aux communautés: la Cour des comptes épingle 37 sociétés minières en RDC
    Jul 20 2025

    La Cour des comptes de RDC a, dans un récent rapport, révélé que 37 entreprises minières ont minoré leur dotation aux communautés, occasionnant un manque à gagner de 97 millions de dollars. Selon le Code minier, chaque société doit verser à la communauté impactée par l'activité minière 0,3 % de son chiffre d'affaires pour des projets de développement. Le ministère des Mines exige des entreprises qu'elles rendent des comptes sous peine de sanctions. À Lubumbashi, par exemple, la société Ruashi Mining n’a versé que 22% du montant attendu.

    De notre correspondante à Lubumbashi,

    L'hôpital militaire de la Ruashi, à Lubumbashi, connaît des déficits en énergie électrique. Pourtant, depuis un an, il est doté d'une centrale photovoltaïque de 10 kilowatts, un projet financé par la dotation de la société Ruashi Mining. Mais cette centrale n'est pas opérationnelle car elle ne dispose pas des batteries nécessaires. « Il n'y a pas de financement. Notre partenaire Ruashi Mining n'a pas encore répondu à notre demande. Il nous doit plus de 5 millions. Comme vous le voyez, ils n'ont pas d'énergie électrique et [la centrale] ne peut pas fonctionner, les batteries ne répondent pas », regrette Christophe Kabwit, membre de la société civile locale.

    À quelques mètres de là, au centre social Ruashi 2, un bâtiment peint en blanc a été construit avec les mêmes fonds. Il doit abriter des ateliers équipés de 200 machines à coudre et de matériel informatique. Là aussi, les travaux sont à l'arrêt. Zacharie Kapenda, le directeur du centre social, est un peu déçu : « Il y avait de l'espoir parce que les travaux devaient prendre fin dans un délai de trois mois. Et on devait nous amener des machines pour la couture, l'informatique et la cuisine. »

    Une erreur de calcul ?

    En 2024, quatre projets ont été lancés dans la commune de Ruashi, à Lubumbashi. Il s'agit de la construction d'une école technique, d'ateliers du centre social et du montage des centrales photovoltaïques dans deux hôpitaux publics. Tous ces projets sont à ce jour inachevés. En plus de minorer la dotation de 0,3 % de son chiffre d'affaires, la société Ruashi Mining n'a décaissé que près de 22% du montant attendu, soit 1 201 000 $. Justin Nyembo est membre de l'organisme chargé de la gestion de la dotation. Il fait les comptes : « De 2018 à 2023, cela représente un montant de 6 130 000 $ que l'entreprise doit verser comme dotation. Aujourd'hui, nous réclamons à l'entreprise 5 111 000 $ pour que nous puissions achever les projets que nous avons amorcés. »

    Pour sa part, l'observatoire d'études et d'appui à la responsabilité sociale fait le suivi du respect du Code minier par les entreprises minières. « Du point de vue légal, il est de la responsabilité ou du devoir de l'entreprise de payer normalement pour être en ordre avec les lois du pays. Cela n'est pas discutable », affirme Freddy Kasongo, le directeur de l'observatoire.

    La société Ruashi Mining, quant à elle, rejette les allégations sur la minoration de ses déclarations sur le 0,3% de son chiffre d'affaires. Elle affirme qu'il s'agit d'une erreur de calcul. De son côté, le ministère des Mines, en charge du recouvrement de ces dotations, a dans une lettre récente menacé de sanctions si les montants dus ne sont pas acquittés.

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  • Coltan, cuivre, or: la difficile traçabilité des minerais en Afrique centrale
    Jul 17 2025

    Alors que les minerais extraits en Afrique centrale sont essentiels aux technologies du quotidien, leur traçabilité reste problématique. Entre initiatives internationales et controverses judiciaires, les entreprises sont sous pression pour assumer leur devoir de vigilance.

    La société luxembourgeoise Traxys a récemment été épinglée par l'ONG Global Witness. Elle est accusée d'avoir acheté plusieurs centaines de tonnes de coltan au Rwanda, un minerai stratégique utilisé notamment dans les smartphones, mais bien souvent extrait dans des conditions illégales en République démocratique du Congo. L'ONG affirme que ce minerai proviendrait de mines congolaises, comme celle de Rubaya, dans une région minée par les conflits armés.

    Traxys rejette les accusations. Pourtant, l'opacité des chaînes d'approvisionnement reste fréquente dans cette zone. Pour limiter les risques, les entreprises peuvent s'appuyer sur le guide de l'OCDE sur le devoir de diligence. Ce document propose une série de pratiques dites « responsables ».

    Selon Karim Dahou, directeur adjoint des relations mondiales à l'OCDE, la transparence progresse, et « les entreprises prennent de plus en plus au sérieux leur responsabilité ». Il cite un exemple révélateur : une mine de cuivre évaluée à trois milliards de tonnes de réserves a vu son projet suspendu par une Cour constitutionnelle, faute de consultation des communautés locales dans une zone protégée. « Beaucoup de projets sont retardés ou annulés parce qu'ils ne respectent pas les normes », explique-t-il

    Des recours juridiques contre les multinationales

    De son côté, la RDC a porté plainte en France et en Belgique contre des filiales d'Apple, les accusant d'avoir participé au recel de minerais exploités illégalement dans l'est du pays. Le groupe américain affirme avoir depuis suspendu ses approvisionnements en provenance de la RDC et du Rwanda. En France, la plainte a été classée sans suite en février, mais la procédure suit son cours en Belgique.

    Pour améliorer la traçabilité, des programmes comme ITSCI sont mis en place. Dirigé par Mickaël Daudin, ITSCI aide les entreprises à assumer leur devoir de diligence sur le terrain. « Le cœur du travail, c'est d'être dans les mines, de suivre les risques au quotidien et de les résoudre de manière transparente, insiste-t-il. Aucune solution n'est parfaite. Mais détourner le regard ne fera pas disparaître les abus. »

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  • Après la levée du dernier embargo, quel avenir pour le Processus de Kimberley?
    Jul 16 2025

    Le Processus de Kimberley (PK), adossé à l’ONU, a été créé en mai 2000 du constat de conflits importants sur le continent africain liés ou alimentés par la production du diamant. À l’époque, particulièrement en Angola et en Sierra Leone. Près de 25 ans plus tard, le dernier embargo sur la vente de diamants qui était imposé à la Centrafrique est levé. Dans un récent rapport, the International Peace Information Service (IPIS) s’interroge sur l’avenir de ce Processus.

    L’IPIS est très critique quant aux résultats obtenus par l’embargo en Centrafrique. Pour le chercheur Hans Merket rédacteur du rapport, sa levée pose en plus la question de son avenir. « On peut se demander aujourd'hui quelle est encore la responsabilité du Processus de Kimberley, s'il n'a pas été capable d'avoir un impact positif dans le seul pays où elle reconnaît encore des diamants de conflit ? Qu'est-ce qu'on peut encore attendre du PK dans d’autres circonstances ? », se questionne le chercheur. « Pour le PK, la levée de l'embargo veut aussi dire que, aujourd'hui, il ne reconnaît pas de diamants de conflits ailleurs au monde. Et donc ça reste un système assez coûteux, assez intensif. On a des réunions deux fois par an pour une semaine, avec deux cents représentants des différents pays. Mais pour discuter quoi encore ? Donc, je pense que ça, c'est vraiment une question qu'on doit se poser, quelle est encore la pertinence et le futur de ce système et de ce Processus de Kimberley ? », s’interroge Hans Merket.

    Le Processus de Kimberley réunit les représentants des États, de l'industrie du diamant et de la société civile. Jimmy Hamuli est le point focal Afrique centrale de la Coalition de la société civile du Processus de Kimberley : « Aujourd'hui, on peut dire que le PK a contribué à réduire les financements des groupes armés par les diamants. Mais on ne peut pas dire complètement que le PK a éradiqué tous les conflits dans le secteur du diamant ».

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    Élargir la définition du PK ?

    Pour la société civile, le processus de Kimberley a encore toute sa raison d’être si les définitions et critères du PK sont élargis. La coalition a d’ailleurs fait des propositions en ce sens. « Nous voulons que la définition ne se limite pas seulement aux diamants de conflit, mais qu'elle aille plus loin, qu'elle considère toutes les questions liées aux acteurs et aux actes qui sont posés par ces acteurs dans le secteur du diamant. Nous avons tous les types d'acteurs armés et non armés, étatiques et non étatiques. Cela ne permet pas d'être sûr que les diamants issus des zones où ces acteurs sont présents ne sont pas entachés par des conflits », détaille Jimmy Hamuli.

    « Le Processus de Kimberley, je pense, devrait jouer ce rôle de prévention. En dehors des guerres, il y a toutes formes de violations des droits humains, des tueries, des violations des droits environnementaux des communautés qui doivent être en tout cas prises en compte dans la nouvelle définition », estime le représentant de la coalition. À Rio, les Brics ont réaffirmé leur soutien au Processus de Kimberley. Ils affirment vouloir poursuivre leur examen de mécanismes pour promouvoir le développement durable du commerce de diamants, mais également de « métaux précieux ».

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  • Centrafrique: malgré la levée de l’embargo, le diamant peine à briller
    Jul 15 2025

    Le Processus de Kimberley a levé son dernier embargo sur le diamant en Centrafrique en novembre 2024 (après une levée partielle en 2016). Une victoire politique pour les autorités de Bangui qui dénonçaient une restriction injuste sur des ressources importantes pour le pays. Si la levée de l'embargo devrait permettre cette année de dépasser les 112 000 carats produits l'an passé, affirment les autorités. Cependant, un récent rapport de l'International Peace Information Service (IPIS) souligne que la levée des restrictions ne signifie pas nécessairement une reprise massive du secteur.

    Difficile dans le secteur de trouver des interlocuteurs qui acceptent de parler au micro. Ce revendeur de diamants a accepté de témoigner de manière anonyme. Il explique comment l’embargo a affecté ses activités. « Nous nous étions tout réorganisés dans le travail de l'or. La levée de l'embargo a permis la reprise de nos activités de diamant dans toutes les zones, sauf que le prix actuel du marché et le manque de financement direct auprès des artisans par les bureaux d'achat de diamants démotive les artisans. Il faut aussi reconnaître que la présence des troupes de Wagner donne peur aux financiers de nous accompagner. Aujourd'hui, il est nécessaire de relancer le secteur par l'entremise des bureaux d'achat qui doivent accompagner les collecteurs et les artisans miniers », partage-t-il avec nous.

    Avec l’embargo, les artisans miniers ont été contraints de travailler avec les groupes armés ou les réseaux illicites, soit de se tourner vers d’autres activités comme la production de l’or. Faute de mesures incitatives et des prix sur le marché au plus bas, le diamant aujourd’hui peine à retrouver de son brillant. « On a vu que les acteurs formels dans le commerce de diamants ont eu beaucoup de difficultés à entrer en compétition avec ces réseaux illicites qui ont beaucoup d’avantages comparés à eux. Ils ne doivent pas payer de taxes, ils ont aussi des connexions, des réseaux logistiques qui ont été très bien établis », explique Hans Merket chercheur à l’IPIS et auteur de ce rapport. « Et donc on voit encore aujourd'hui que même avec la levée de l'embargo, cela reste encore très compliqué et difficile pour les acteurs licites dans le commerce de rattraper et de trouver des opportunités sur le marché », affirme-t-il encore.

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    « L'État travaille pour pouvoir soutenir ce secteur »

    Les autorités se disent conscientes de cette problématique et cherchent à relancer le secteur. « Pour ramener les gens dans le diamant, c'est un peu plus difficile. Nous avons prévu d'ici le mois d'août, si tout se passe bien, d’organiser une semaine de l'artisanat minier. Nous comptons, au niveau de l'État, mobiliser des ressources, mais aussi intéresser le secteur privé. Non seulement nous travaillons à l'industrialisation du secteur, mais vous savez que l'artisanat minier fait vivre 500 à 800 000 personnes. Et donc l'État travaille pour pouvoir soutenir ce secteur-là. Donc, cette activité permettra à l'État de mettre quelques moyens matériels, quelques équipements à la disposition de ces artisans miniers-là, ce qui permettrait, à n'en point douter, de relancer la production », assure le ministre centrafricain des Mines, Rufin Benam Beltoungou.

    Les autorités disent également étudier l’attribution de permis d’exploitation semi-industriels. Mais l’IPIS souligne des opérations de contrebande « profondément enracinées, soutenues par la collusion des élites de l'État ». Il faudra donc une bonne dose de volonté politique, note l’institut de recherche, pour que les carats du diamant bénéficient de nouveau à l’économie du pays.

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  • Tunisie: des filtres sur les canalisations face au risque d'inondations urbaines
    Jul 14 2025

    En Tunisie, l'insuffisance des infrastructures provoque souvent des inondations dans les villes en cas de pluies abondantes. Une startup a eu l'idée d'installer des filtres métalliques dans les bouches d'égouts pour atténuer ce risque. Une solution adoptée par de plus en plus de municipalités.

    Dans le quartier de Megrine en banlieue sud de Tunis, l'équipe Zigofiltre et des agents municipaux installent dans le regard de l'égout une cage en acier, renforcée à chaud. « Là, les agents de terrain vont essayer d'enlever le tampon qui est le couvercle du regard, détaille Mohamed Rammeh, le co-fondateur de la startup. On va ensuite nettoyer un peu le regard et les réseaux pour installer les filtres sur un regard propre et ensuite installer le filtre qui aura comme rôle la rétention des déchets, la capture des déchets, ce qui va aussi laisser passer l'eau, sans déchets. »

    Limiter la pollution des sources d’eau

    Un procédé qui réduit le risque d’inondations, mais pas seulement. « Cela va réduire aussi la pollution des réseaux, qui peut entraîner aussi la pollution des ressources marines avoisinantes, poursuit Mohamed Rammeh. Donc, s'il y a des lacs, s'il y a des rivières, on va éliminer la pollution qui va rentrer dans ces sources d’eau, et le filtre a une très grande durabilité, dans les quinze ans. »

    Fondée en 2020, la startup Wayout et son concept Zigofiltre a été créée par quatre ingénieurs tunisiens qui ont voulu agir face au changement climatique. Ils se sont inspirés d'un modèle australien avec des filets. « L'infrastructure est un peu déchue, observe Mohamed Rammeh, mais aujourd'hui, il s’agit de l'améliorer pour la rendre plus résiliente. Le mot résilience est le mot clef parce que finalement nous, avec le changement climatique, on ne peut pas prévoir les inondations, on ne peut pas prévoir les fortes pluies, autant avoir une infrastructure qui est préparée. »

    Dans 25 municipalités

    Et pour les agents municipaux, le filtre est le bienvenu. « De toute façon, actuellement, on n’avait rien, donc ça ne peut pas être pire, confie Mahjoub Awachi. « Il faudrait aussi que les services publics comme l'ONAS, qui s'occupe de l'assainissement, fassent plus de suivi. »

    Pour financer les filtres, la startup noue des partenariats avec des entreprises qui acceptent de payer l'achat, l'installation et le suivi dans le cadre de leur responsabilité sociétale et environnementale. Une quinzaine de filtres coûtent environ 6 000 dinars soit environ 1 800 euros. Les techniciens de Zigofiltre ont pour l'heure équipé 25 municipalités, sur les 350 en Tunisie.

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  • Madagascar: le FMI soutient la réforme très sensible du secteur de l'énergie
    Jul 13 2025

    Madagascar a obtenu début juillet un décaissement de 107 millions de dollars du Fonds monétaire international. Il s'agit de soutenir la Grande île confrontée aux cyclones, à la diminution de l'aide au développement et à l'augmentation des droits de douane américains. Le FMI appuie également une réforme, centrale pour Madagascar, mais délicate, celle du secteur de l'énergie, alors que le pays subit depuis des mois des délestages prolongés.

    La réforme du secteur malgache de l'énergie tient sur deux pieds. D'abord une diminution des subventions sur les prix à la pompe, mais une diminution progressive. « L'idée, ce n'est pas d'aller à la vérité des prix soudainement, souligne Kodjovi Eklou, le représentant résident du FMI à Madagascar. On garde encore une part de subventions, mais on les maîtrise. C'est une formule, donc chaque mois, les prix changent à la pompe dans une limite de -200 et +200 ariarys le litre. »

    Développer le solaire

    Autre versant de la réforme, le plan de redressement de la compagnie publique malgache, la Jirama, vient d'être publié. Il vise, explique le représentant du FMI, à diminuer le prix de revient de l'électricité, près de deux fois plus élevé que le prix de vente… « En ce moment, l'énergie est produite essentiellement par du heavy fuel et du diesel, précise Kodjovi Eklou. Donc, ça coûte extrêmement cher. On sait que les grands projets hydroélectriques vont prendre du temps. Mais avant d'arriver là, avec les panneaux solaires, on va produire de l'énergie à moindre coût. »

    Graves dysfonctionnements pas résolus

    L'amélioration du service devrait, espère le FMI, permettre d'imposer des tarifs « confort » et « super confort » pour, par exemple, les bureaux et les grands hôtels, afin de renflouer les caisses, tout en préservant des tarifs sociaux.

    Cette réforme de la Jirama ne remédie pourtant pas aux dysfonctionnements graves de la compagnie, estime Serge Zafimahova, consultant malgache en risque d'investissement. « Les services de l'État ne paient pas. Or, ces montants sont bel et bien consommés. Où va cet argent ? Deuxième point, comment se fait-il que le coût du litre de gasoil de la Jirama soit supérieur au coût du litre pour le consommateur à la pompe, fournie par Total, Shell ou Esso ? Il y a quand même quelque chose d'anormal. »

    Vers une privatisation de la Jirama ?

    Si la Jirama est désormais une société anonyme à participation de l'État, sa structure n'est pas réformée, souligne cet expert. « En gardant la Jirama dans sa forme actuelle, c'est-à-dire une société qui s'occupe de la partie électricité, de la partie eau et de la partie logistique, les mêmes maux vont produire les mêmes soucis demain. Si ça passe entre les mains du privé, ça va faire flamber les cours du kilowattheure. »

    Inquiet d'une possible privatisation, le personnel de la Jirama a déjà organisé des sit-in à travers Madagascar et prévoit d'amplifier le mouvement.

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  • Au Congo, une distillerie pour développer l’industrie du sud-ouest du pays
    Jul 10 2025

    La région de la Bouenza, dans le sud-ouest du Congo, s’industrialise un peu plus. Le président Denis Sassou-Nguesso vient d’officialiser la mise en service d’une distillerie à Moutela, au sud de Nkayi, la quatrième ville du Congo. Opérée par la Société agricole de raffinage industriel du sucre, filiale du groupe français Somdia, elle transformera les résidus de sucre, autrefois jetés, en alcool pour l’industrie.

    De notre correspondant à Brazzaville,

    La route qui mène à la distillerie de Moutela traverse d’immenses champs de canne à sucre. Après deux ans de construction, l’usine est inaugurée par les autorités. Le PDG du groupe Somdia, Olivier Parent, mène la visite. « Cette distillerie avec une capacité de production de six millions de litres peut produire six millions de litres d’alcool chaque année. Et, nous utilisons les co-produits issus de la sucrerie pour cela, explique le dirigeant. La sucrerie transforme la canne à sucre en sucre. Il y a des co-produits qu’on appelle la mélasse. Cette mélasse est transférée vers la distillerie : il y a une réaction de fermentation et de distillation pour créer de l’alcool à 96 degrés qui va être utilisé par les industriels à la fois pour de la boisson, de la pharmacie et de la cosmétique ».

    Les importations d’alcool, qui étaient nécessaires aux industriels au Congo, vont pouvoir s’arrêter, estime le groupe Somdia. La distillerie a nécessité un investissement de 17 milliards de francs CFA et une formation spécifique du personnel. « La distillerie à ce jour, côté exploitation, c’est une soixantaine de personnes qui vont travailler pendant la durée de la campagne, tout en sachant que l’on est couplés à la durée de la campagne sucrière. C’est donc une entreprise saisonnière qui va produire pendant cinq mois et aller en campagne de maintenance pendant sept », précise Serigne Bassirou Pouye, le directeur d’exploitation.

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    Présents à l’inauguration de la distillerie, certains habitants de la région saluent les opportunités d’emploi. Mais d’autres s’inquiètent des risques de pollution, car les rejets de la distillerie seront versés dans la rivière Niari. « Il faut que l’entreprise crée des conditions pour que les poissons qui sont dans l’eau et les riverains qui sont plus bas ne puissent pas subir les impacts de la distillerie », appelle de ses vœux cet habitant de la localité.

    L’industrialisation se développe dans la région de la Bouenza. « Une priorité absolue » insiste Antoine Nicéphore Fylla de Saint-Eudes, le ministre du Développement industriel. L’État congolais a pris une participation au capital de la nouvelle distillerie.

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  • Suspendue de l'Agoa, l'Éthiopie fait figure d'«étalon» des opportunités de cet accord
    Jul 9 2025

    Donald Trump reçoit depuis ce mercredi 9 juillet cinq chefs d'États africains à Washington. L’occasion d’ouvrir les discussions sur les liens entre les États-Unis et l’Afrique, malmenés depuis le retour du milliardaire républicain à la Maison Blanche. L'Agoa favorise depuis 2000 les exportations africaines vers les États-Unis. Un sujet sur lequel l'Éthiopie fait figure d' « étalon ». Elle a été suspendue de cet accord en janvier 2022, à cause de la guerre au Tigré, avec de lourdes conséquences pour le pays.

    De notre correspondante à Addis-Abeba,

    L’Éthiopie pourra-t-elle un jour réintégrer l’Agoa ? La question est cruciale pour le pays, tant les conséquences de sa suspension se font aujourd’hui ressentir. Ahmed Soliman, chercheur au sein du think tank britannique Chatham House, revient sur l’impact de cette décision. « Les secteurs comme le textile, l’industrie du cuir, l’habillement étaient intégrés à l’Agoa via l’export, détaille-t-il. Ils ont été très touchés par une baisse de leur activité, alors que l’Éthiopie avait largement investi ces dix dernières années dans des parcs industriels. Ces parcs industriels ont subi des baisses d’investissement, et environ 18 entreprises étrangères ont cessé leurs activités en Éthiopie. C’est le cas de sociétés importantes comme PVH, qui détient la marque Calvin Klein ».

    D’après un rapport de la Banque africaine de développement, la suspension de l’Agoa a causé la suppression de près de 10 000 emplois. Durant de nombreuses années pourtant, l’accord commercial avait boosté l’économie éthiopienne, explique Biruk Haregu, chercheur en économie à l’université George Mason. « L’Agoa a été très bénéfique. L’Éthiopie s’en est servie dès 2012 pour développer les produits manufacturés, comme le textile, le prêt-à-porter, les chaussures, les produits en cuir, etc. Elle produisait ces biens et les envoyait sur le marché américain sans payer de droits de douane », rappelle le chercheur.

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    L'opportunité de chercher d'autres partenaires ?

    D’après Biruk Haregu, l’Agoa a également permis à 200 000 personnes d’accéder à l’emploi salarié. La suspension en 2022 a donc été un véritable choc. Mais pour Ahmed Soliman, cette situation et l’inquiétude autour du renouvellement de l’Agoa qui arrive à expiration en septembre prochain, pourraient aussi ouvrir de nouvelles perspectives en Afrique.

    « C’est aussi pour l’Éthiopie et d’autres pays africains, l’occasion d’explorer des alternatives, de diversifier leurs partenariats, et de montrer leurs capacités à négocier en tant que bloc », assure-t-il. Il rappelle également l’élément stratégique que représente par exemple la zone africaine de libre-échange. En 2023, 9,26 milliards de dollars de marchandises ont été exportées dans le cadre de l’Agoa, selon la Commission américaine du commerce international.

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