Page de couverture de Sport en légende

Sport en légende

Sport en légende

Auteur(s): RFI
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Et si le vrai terrain de jeu, c’était la liberté ? Sport en Légende révèle les parcours d’exception de la ligue des sportifs extraordinaires, où l’engagement côtoie l’exploit. Une série immersive sur celles et ceux qui ont fait du courage leur plus belle victoire, et qui ont marqué l’Histoire bien au-delà du sport. Réalisation : Cécile Bonici. Diffusion du lundi au jeudi à 15h30 heure de Paris (13h30 TU). Du 18 au 28 août 2025.

France Médias Monde
Épisodes
  • Peter Norman, le paria invisible
    Aug 28 2025
    Il n’a pas levé le poing. Il n’a pas crié. Mais, il a choisi son camp. En 1968, aux côtés de Smith et Carlos, Peter Norman offre dans cette photo l’un des gestes les plus puissants de solidarité silencieuse du XXe siècle. Il en paiera le prix. Mexico, 1968 Le monde a les yeux rivés sur les Jeux olympiques. La guerre du Vietnam s’enlise, l’Amérique se soulève pour les droits civiques, Martin Luther King vient d’être assassiné. Et sur le podium du 200 mètres, une image entre dans l’Histoire : Tommie Smith, médaillé d’or, et John Carlos, médaillé de bronze, lèvent un poing ganté de noir. Pendant l’hymne américain, leurs têtes s’inclinent, le silence devient cri. À côté d’eux, un homme reste immobile. Il ne lève pas le poing. Il ne baisse pas la tête. Il regarde droit devant lui. Cet homme, c’est Peter Norman, sprinteur australien, médaillé d’argent. Ni noir, ni américain, il ne vient pas des quartiers où l’on brûle d’injustice. Mais lui aussi refuse de détourner le regard. Sur la poitrine de son survêtement, un petit badge : Olympic Project for Human Rights. Quelques minutes avant la cérémonie, il l’a demandé à John Carlos. Sans badge, pas de signe. Sans signe, pas de parole. Peter Norman veut en être. Non par provocation, mais par solidarité. Il ne sait pas encore qu’il va tout perdre : sa carrière, ses chances aux Jeux suivants, son gagne-pain. Mais il sait aussi pourquoi il le fait. Car en Australie aussi, certains vivent sans droits, sans voix. Les Aborigènes, peuple premier, exclus de la citoyenneté, effacés des livres d’histoire. Peter Norman est blanc, mais il refuse de rester spectateur. Son geste est silencieux, presque invisible. Mais il pèse lourd. À son retour, l’Australie officielle l’efface. Ses temps de qualification pour Munich, quatre ans plus tard, ne compteront pas. On ne le sélectionnera plus jamais. Il perd son emploi, sa vie bascule. Il ne reniera jamais son choix. Pendant des années, il sera ignoré, mis à l’écart. Il faudra attendre 2006 pour que la reconnaissance revienne. Quand Peter Norman meurt, Tommie Smith et John Carlos, ses frères d’un soir et pour toujours, portent son cercueil. Comme pour rappeler au monde que sans lui, ce podium n’aurait pas eu la même force. Un homme, un badge, un silence. Et toute une histoire. Celle d’un juste, d’un allié, d’un frère resté debout aux côtés de ceux que l’on voulait faire taire. À lire aussiJO de Mexico 1968 : entre reconnaissance mondiale et appel à la démocratie Prolongez ci-dessous l’expérience avec des conseils de lectures, ainsi que les analyses et les éclairages exclusifs de l’historienne Sandrine Lemaire. Vous trouverez aussi dans les liens associés à cette présentation, l’accès à des ressources numériques complémentaires, à des archives photographiques rares et documents visuels pour mieux comprendre les enjeux politiques, sociaux et culturels autour du champion olympique. Comprendre le contexte autour de l’exclusion de Peter Norman de l’équipe olympique australienne Sandrine Lemaire est agrégée, docteure en histoire de l’Institut universitaire européen de Florence, enseignante en Classes préparatoires aux Grandes écoles au lycée Jean-Jaurès à Reims et codirectrice du Groupe de recherche Achac. Elle est coauteure de plusieurs ouvrages dont Zoos humains. Au temps des exhibitions humaines, La Découverte, 2004 (avec Nicolas Bancel, Pascal Blanchard, Gilles Boëtsch et Éric Derro) ; La Fracture coloniale, La Découverte, 2005 (avec Pascal Blanchard et Nicolas Bancel) ; L'Illusion coloniale, Tallandier, 2006 (avec Éric Deroo) ; Décolonisations françaises. La chute d’un empire, La Martinière, 2019 (avec Nicolas Bancel et Pascal Blanchard) ; et Colonisation & propagande. Le pouvoir de l'image, Le Cherche midi, 2022 (avec Pascal Blanchard, Nicolas Bancel, Alain Mabanckou, Dominic Thomas) ; les ouvrages collectifs Une histoire mondiale de l’olympisme, co-édition Atlande et Atlantique ; Olympisme, une autre histoire du mode, éditions de La Martinière. Les analyses de Sandrine Lemaire : Conseils de lecture - Poing Noir, de Jérôme Peyrat- Éd. Salto - Mexico 68 : trois hommes, un destin : distribution, les 3 hommes (Tommie Smith, Peter Norman, John Carlos), d'Alain Coltier – Éditions ABS - Les Aborigènes d'Australie, de Stephen Muecke et Adam Shoemaker, Trad. de l'anglais (Australie) par Josée Bégaud – Découvertes Gallimard Programmation musicale Midnight Oil – Beds Are Burning
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    29 min
  • Saint-George : lame Libre, colonel Noir
    Aug 27 2025
    Né esclave en Guadeloupe, Joseph Bologne de Saint-George devient l’un des plus grands hommes du XVIIIe siècle. Musicien, escrimeur, militaire, il déjoue les lois raciales de son temps et incarne la promesse subversive des Lumières. Un destin renversant. ⇒ Joseph Bologne de Saint-George Il aurait dû disparaître dans les marges de l’Histoire Né en 1745 en Guadeloupe, fils d’une esclave africaine et d’un riche planteur français, Joseph Bologne de Saint-George n’avait, en théorie, aucun droit d’éclat dans le monde des puissants. Il naît dans une société où la couleur de peau est un mur infranchissable. Et pourtant… Très tôt, son père l’emmène à Paris. Là, l’enfant « mulâtre », comme on le dit alors avec condescendance, fait trembler les codes. À l’adolescence, il terrasse l’aristocratie dans les salles d’armes : il est agile, rapide, précis. On dit bientôt de lui qu’il est le meilleur escrimeur de France, peut-être du monde. Dans une discipline réservée à l’élite blanche, Le Chevalier Saint-George impose son style et son panache. Il devient une légende vivante. Mais il ne s’arrête pas là. Violoniste virtuose, il entre dans les cercles les plus sélects de la musique classique. Compositeur célébré, chef d’orchestre, il dirige l’un des meilleurs ensembles de Paris. Il fréquente les philosophes des Lumières, joue devant la reine Marie-Antoinette, fascine les salons. Et pourtant, jamais, il n’oublie d’où il vient À une époque où le racisme est une évidence sociale, Le Chevalier Saint-George refuse de se taire. Il milite pour l’égalité, défend les droits des hommes de couleur, combat pour l’abolition de l’esclavage. En 1792, il devient le premier colonel noir de l’armée française, à la tête d’un régiment composé de soldats « libres de couleur ». Pendant la Révolution, alors que tant de nobles fuient ou complotent, lui s’engage. Il croit à l’idéal républicain, à une France débarrassée de ses chaînes – toutes ses chaînes. Mais ses combats dérangent. Il paiera cher ses idéaux : mis à l’écart, emprisonné, effacé. Aujourd’hui encore, le nom de Saint-George reste trop souvent dans l’ombre. Il est un homme qui, en plein XVIIIe siècle, a transformé la marginalité en grandeur, la couleur en éclat, la musique en résistance. À travers lui, c’est toute une autre Histoire de France qu’on entend résonner. Une Histoire où l’on se bat, non pour exister malgré sa peau, mais pour briller grâce à elle. Une Histoire portée au cinéma qu’il est temps de redécouvrir. ⇒ Instagram Prolongez ci-dessous l’expérience avec des conseils de lectures, ainsi que les analyses et les éclairages exclusifs le dramaturge et metteur en scène Alain Foix. Vous trouverez aussi dans les liens associés à cette présentation, l’accès à des ressources numériques complémentaires, à des archives photographiques rares et documents visuels pour mieux comprendre les enjeux politiques, sociaux et culturels autour du musicien-escrimeur-militaire. Comprendre le contexte autour de l’affrontement ente le chevalier Saint-George et le chevalier d’Éon Alain Foix est un dramaturge, écrivain et metteur en scène français reconnu pour son engagement à revisiter l’histoire et les figures oubliées à travers le prisme du théâtre et de la littérature. Il a été le directeur de la scène nationale de Guadeloupe et fondé la compagnie Quai des Arts, portant une parole théâtrale ancrée dans les questions de mémoire et de diversité. Son œuvre alterne pièces historiques, fictions contemporaines et écrits biographiques, notamment sur des figures telles que Toussaint Louverture ou Aimé Césaire. Il est aussi auteur de romans, d’essais et de livres jeunesse, et intervient régulièrement dans des actions de médiation culturelle et éducative. À travers son parcours, Alain Foix défend un théâtre exigeant, ouvert sur le monde, qui interroge l’identité et la transmission des héritages culturels. Il est l’auteur de « Jesse Owens », biographie chez Folio et de « Duel d’ombres », une comédie en musique autour de la joute entre le chevalier Saint-George et le chevalier D’Éon. Les analyses d'Alain Foix : Conseils de lecture - Monsieur de Saint-George, Alain Guédé – Actes Sud - Le chevalier de Saint-George, Claude Ribbe – Tallandier - Ces Noirs qui ont fait la France : du chevalier de Saint-George à Aimé Césaire, Benoit Hopquin Programmation musicale Neg’Marrons – Un peu de temps.
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  • Wilma Rudolph, la course après la vie
    Aug 26 2025
    Polio, racisme, pauvreté : Wilma Rudolph a tout affronté, tout vaincu. Triple médaillée d’or aux JO de Rome, elle incarne la revanche éclatante d’une enfant condamnée à l’immobilité. Un destin foudroyant, une course plus grande que la gloire. ⇒ Wilma Rudolph ⇒ un destin foudroyant Elle naît prématurée, vingt-deuxième d’une fratrie de vingt-quatre enfants. Son berceau est modeste, son avenir incertain. À cinq ans, le diagnostic tombe comme un couperet : Wilma Rudolph est atteinte de poliomyélite. Dans l’Amérique ségrégationniste des années 1940, une enfant noire, pauvre, malade, a peu de chances d’échapper à l’invisibilité. Les médecins sont formels : elle ne marchera plus. Mais Wilma n’écoute pas les verdicts. Elle écoute sa mère. Et sa mère lui promet, chaque jour, qu’elle marchera de nouveau. Alors Wilma apprend, chute, se relève. Des années durant, elle porte une attelle, traverse des kilomètres pour se faire soigner dans un hôpital réservé aux Noirs. À 12 ans, elle abandonne définitivement son appareillage. Non seulement elle marche, mais elle court. Et très vite, plus rien ne peut l’arrêter. Wilma est un météore. Un éclair brun sur les pistes. À 16 ans, elle participe déjà aux Jeux olympiques de Melbourne et revient avec une médaille de bronze. Mais c’est à Rome, en 1960, que la légende s’écrit. Dans un monde encore fracturé par la guerre froide, les luttes raciales et l’oppression des femmes, elle triomphe. Trois courses, trois médailles d’or : 100 mètres, 200 mètres, relais 4x100. Elle devient la première femme américaine à réaliser un tel exploit. Elle court avec grâce, foudroyante, comme si elle ne touchait plus terre. Mais Wilma Rudolph, c’est bien plus que des médailles. Elle est une image de puissance noire dans une Amérique encore marquée par la ségrégation. Lorsqu’elle revient à Clarksville, sa ville natale du Tennessee, elle impose que la cérémonie en son honneur soit intégralement non ségréguée. Une première. Son triomphe devient politique. Elle raccroche ses pointes à seulement 22 ans, pour devenir enseignante, militante, mère. Et elle continue de courir – dans les esprits, dans les mémoires, sur les traces de celles et ceux qu’elle inspire. Car Wilma Rudolph a changé la trajectoire de l’impossible. Elle n’a pas simplement gagné contre la maladie. Elle a battu les préjugés, les murs sociaux, les frontières du genre et de la race. À l’heure où le sport s’interroge sur son rôle dans la société, son parcours résonne avec force. Wilma n’a pas seulement couru plus vite que les autres. Elle a couru pour toutes celles qu’on croyait condamnées à rester au bord de la piste. Prolongez ci-dessous l’expérience avec des conseils de lectures, ainsi que les analyses et les éclairages exclusifs de l’historienne Claire Nicolas. Vous trouverez aussi dans les liens associés à cette présentation, l’accès à des ressources numériques complémentaires, à des archives photographiques rares et documents visuels pour mieux comprendre les enjeux politiques, sociaux et culturels autour la championne olympique. Comprendre la place des sprinteuses africaines à l’époque de Wilma Rudolph Claire Nicolas est historienne, spécialiste du genre, du sport et des mouvements de jeunesse en Afrique de l’Ouest. Ses travaux portent sur les usages politiques du sport et des loisirs en contexte colonial et postcolonial, notamment au Ghana et en Côte d’Ivoire. Elle a récemment publié Une si longue course (PUR, 2024). Les analyses de Claire Nicolas : Conseils de lecture - Wilma Rudolph : A Biography, Maureen M Smith, Greenwood - Une si longue course : sport, genre et citoyenneté au Ghana et en Côte d’Ivoire (années 1900-1970), Claire Nicolas, Presses Universitaires de Rennes. Programmation musicale Sam Cooke – A Change is Gonna Come
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    29 min
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